« Au bord de la faillite » en Belgique, Exki reste « confiant » au Luxembourg

Qu’arrive-t-il à Exki ? La publication, fin octobre, du rapport annuel de l’enseigne belge de restauration rapide suscite l’inquiétude à plus d’un titre. L’exercice couvrant la période du 1er février 2023 au 31 janvier 2024 affiche un chiffre d’affaires en baisse de 2%, à 30,16 millions d’euros (contre 30,78 millions précédemment). La perte imputée au dernier exercice s’élève à 1,87 million d’euros, un aveu lourd qui s’annonce toutefois meilleur que les 8,33 millions de pertes enregistrées en 2022-2023.

Dans un article publié le 5 novembre par L’ÉchoStan Monheim n’a pas mâché ses mots sur l’état des finances d’Exki. Le nouveau PDG, qui a succédé en mars dernier à l’un des cofondateurs de la marque, n’épargne pas son prédécesseur Frédéric Rouvez, même s’il en est toujours actionnaire et administrateur. « Exki est dans une très mauvaise situation », présente le nouveau patron, ancien franchisé d’Exki et ex-dirigeant d’Autogrill. Et de poursuivre, toujours sans filtre : « Elle a péché par manque de professionnalisme. Les compétences ne sont pas toujours bien utilisées. […] (Les problèmes) étaient déjà présents en 2017-2018 malgré un EBITDA positif. Ces dernières années, aucun des investissements réalisés n’a rapporté d’argent.»

10 millions d’euros pour relancer la machine

Stan Monheim dénonce notamment les fermetures de restaurants non rentables, notamment certains situés sur le territoire français ; ainsi que les conséquences néfastes de la pandémie. A noter que la filiale française d’Exki a été provisoirement mise en redressement judiciaire en 2021, avant de rebondir au prix de fermetures et de nouveaux projets, notamment sur le concept prometteur du frigo connecté.

Il pointe également un épineux manque de liquidités, puisque 69 millions d’euros auraient été perdus entre 2012 et 2023 selon lui.

Pour remettre Exki sur les rails, Stan Monheim a encore une fois affirmé L’ÉchoOn constate plusieurs changements : les produits et l’assortiment de la carte ont évolué, l’analyse des données a été systématisée, l’identité visuelle de la marque a été repensée et la stratégie des frigos connectés a été mise entre parenthèses. Le CEO entend renouer avec les fondamentaux, prioriser les marchés belge et français, tout en jouant la carte du « travel retail ». A ce titre, des ouvertures de magasins sont prévues dans plusieurs aéroports et gares. Cependant, pour réaliser ses projets, Stan Monheim a besoin de capitaux. Il a déjà investi 5 millions d’euros et demandé une levée de fonds de 10 millions d’euros auprès des actionnaires. Les négociations sur le sujet pourraient être conclues avant la fin de l’année.

L’urgence est telle qu’elle fait dire au leader, en Le Librequ’Exki est « au bord de la faillite ». Les dettes, évaluées à 22,7 millions d’euros dans le bilan 2022-2023 de l’entreprise, ont bondi à près de 25 millions d’euros dans le rapport 2023-2024 récemment communiqué…

Mais l’optimisme reste de mise, si l’on en croit les propos rapportés par Le Libre: « Il existe une demande pour une alimentation rapide, saine et de qualité. Et la marque porte. Le cœur de métier fonctionne bien. Il n’y a donc aucune raison pour que cela ne fonctionne pas. »

Quid des restaurants luxembourgeois ?

Lancée avec un premier restaurant en Belgique en 2001, Exki se trouve donc à un tournant de son histoire. La marque veut ravir « les travailleurs pressés en quête de qualité » et s’est donc déployée dans cinq autres pays, notamment grâce à des partenaires franchisés, comme au Luxembourg.

C’est Alexandre Scholer qui gère les opérations de l’enseigne au Grand-Duché à travers la société Happy Snacks (derrière Pizza Hut), franchisé exclusif pour le territoire luxembourgeois. «Pour nous, Exki fonctionne bien», indique sans inquiétude le PDG, qui ne souhaite pas commenter les informations publiées dans la presse belge.

Le dirigeant se montre optimiste, alors qu’il s’apprête à rencontrer Stan Monheim, lors d’une visite prévue de longue date au Luxembourg cette semaine : « Nous allons parler des développements futurs dans le pays. Il a déjà commencé à transformer Exki. J’ai toute confiance en lui. Il est passé par Autogrill, qui est un monstre en Europe. Il sait comment le faire.

Exki dispose de quatre points de vente au Grand-Duché : dans le quartier de la Gare, dans la Grand-Rue, au Centre Commercial Kirchberg ainsi que, non loin, rue Edward-Steichen.