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Les catholiques, champions du volontariat en

Engagé, mais pas toujours visible. Ce sont ces catholiques que veulent mettre en valeur les organisateurs de la deuxième édition du Dîner des Bâtisseurs, qui se tiendra à Paris ce jeudi 14 novembre. Pour montrer que, malgré le déclin du catholicisme en , les fidèles restent une force de engagement dans la société, dans tous les domaines de la solidarité, aussi bien auprès des plus démunis, des migrants, des personnes âgées, que des détenus ou encore patients en soins palliatifs. Selon une enquête Ifop réalisée pour le Dîner des Bâtisseurs et incluant La Croix révèle les résultats, ils sont plus engagés que le Français moyen.

Réalisée auprès de 2 005 personnes, dont 42 % se définissent comme sans religion et 44 % comme catholiques, cette étude retrouve en effet une proportion un peu plus importante de volontaires parmi ces derniers. Ainsi, 30 % d’entre eux déclarent avoir participé à au moins une activité bénévole au cours des deux dernières années, soit un peu plus que l’ensemble des Français de la population générale (27 %). De plus, les catholiques constituent, avec les protestants (réformés et évangéliques confondus), le sous-groupe le plus engagé dans des activités bénévoles. Un catholique sur cinq (22 %) s’implique dans le bénévolat au moins une fois par semaine et un sur cinq également une fois par mois.

Une image d’impartialité à entretenir

Y a-t-il vraiment une corrélation entre la foi et l’engagement ? L’enquête Ifop tend à le démontrer. Selon les résultats, 56% des catholiques déclarent que leurs croyances religieuses les incitent à « inciter à (s’engager) au service des autres ». Et plus les croyants, toutes religions confondues, assistent aux offices religieux, plus ils s’engagent dans des activités bénévoles : 51% des croyants participant à un office religieux au moins une fois par mois ont fait du bénévolat au cours des deux dernières années, contre deux fois moins pour ceux qui n’y vont que pour des occasions spéciales (mariages, enterrements).

Mais que représentent aujourd’hui précisément ces catholiques impliqués dans les réseaux d’aide aux plus vulnérables en France ? Difficile, voire impossible, de quantifier. Les associations, fidèles à leur image d’impartialité qui leur confère de la crédibilité, ne disposent pas de données sur l’appartenance religieuse de leurs bénévoles. Certains, contactés par La Croix, je ne veux même pas aborder le sujet. “Les organisations non confessionnelles, qui dépendent de la collecte de fonds, peuvent être très nerveuses à l’idée d’être référées à une affiliation religieuse, explique Johanna Siméant-Germainos, professeur de sciences politiques spécialisée en engagement. Ils peuvent avoir peur d’être attaqués pour prosélytisme, critiqués dans l’espace public pour avoir caché une référence religieuse, privilégié certains publics ou porté atteinte à la laïcité. »

Quelques capteurs éclairent encore l’omniprésence des catholiques dans les associations. Menant une enquête au sein des ONG Médecins du monde et Médecins sans frontières au début des années 2000, Johanna Siméant-Germanos a été frappée par le nombre d’anciens scouts parmi les volontaires.. « En enquêtant sur un environnement précis, nous avons la confirmation que la socialisation catholique peut être très structurante dans les engagements. » elle élabore.

La présence catholique est plus évidente dans certains secteurs, comme dans les services de soins palliatifs. « Si les catholiques sont une minorité dans la société, ils sont surreprésentés dans toutes les structures. Sans eux, ces services n’existeraient plus »affirme sans détour Erwan Le Morhedec, avocat et bénévole au Centre médical Jeanne-Garnier.

Ce phénomène s’explique, selon lui, par « un lien conscient ou inconscient, instinctif », entre foi et soin des malades. “Il y a dans la foi la conviction que l’autre reste digne quand il apparaît indigne (…). Derrière cela, j’ai le sentiment qu’il y a une forme d’amour nécessaire, au-delà de la compassion et de la bienveillance. »

« Une religiosité fervente et joyeuse »

Dans l’engagement paroissial et associatif catholique, évidemment, la foi des bénévoles est plus visible. Au Secours Catholique, « plus de la moitié des 5 000 bénévoles ayant répondu à un questionnaire interne font un lien entre leur engagement et la foi ou les valeurs chrétiennes », explique Matthieu Fontaine, responsable du réseau des bénévoles de l’association.

Enquêtant sur les maraudes paroissiales à Paris, le chercheur Erwin Flaureau a également été surpris par le dynamisme des fidèles : « Les maraudes constituent pour les jeunes catholiques une activité leur offrant la possibilité de vivre et de témoigner d’une religiosité fervente et joyeuse. »

Autre bon indicateur de l’engagement des baptisés : la place des associations catholiques dans le paysage de l’assistance sociale. “Ils sont indispensables pour les pouvoirs publics”, analyse Jean Buyssens, chercheur spécialisé dans l’assistance sociale religieuse en France. « On assiste aujourd’hui à une recomposition de l’action publique autour d’eux, ce qui pourrait paraître paradoxal au regard de la laïcisation. »

Il évoque plusieurs raisons : « Des associations comme la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul tirent leur légitimité de leur implantation historique, mais aussi de leurs ressources financières, immobilières ou bénévoles. »

A Paris, l’Église est un acteur clé de la solidarité

Exemple à Paris, où le diocèse est un acteur majeur de la solidarité. « Hiver solidaire », son opération d’hébergement des personnes de la rue, mobilise cette année 43 paroisses et 3 200 bénévoles. Et environ 2,5 millions d’équivalents repas sont distribués cette année par les paroisses, soit près de 23% de l’aide alimentaire de la capitale, selon le diocèse.

« Le diocèse fait partie intégrante du réseau de l’action sociale à Paris », salue Léa Filoche, adjointe à la maire de Paris et chargée de la solidarité. “Heureusement qu’ils sont là!” » Au-delà de leur poids, l’élu valorise leur vision de la solidarité, qui ressemble à la sienne : « On voit bien que l’engagement des catholiques est réel et surtout inconditionnel. Cette dimension est précieuse car elle n’est pas toujours facile à assumer : elle signifie que l’on aide tout le monde, sans être dans le tri, la suspicion ou la vérification. »

C’est par leurs valeurs laïcisées, leur professionnalisme et l’absence de prosélytisme que les associations catholiques ont acquis leur crédibilité auprès de leurs partenaires laïcs. « Avec Catholic Relief, par exempletestifies Jean-François Corty, president of Médecins du monde, ce sont nos valeurs humanistes, solidaires et non partisanes qui nous relient. »

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Formes d’engagement par religion

Selon l’enquête Ifop pour le « Dîner des Bâtisseurs », près de la moitié (47 %) de ceux qui se définissent comme musulmans indiquent avoir exercé une activité bénévole au cours des deux dernières années, soit la proportion la plus élevée de toutes les religions. Cependant, seulement 5 % des musulmans déclarent faire du bénévolat chaque semaine.

Un tiers (31 %) de ceux qui se définissent comme protestants, évangéliques et réformés confondus, déclarent effectuer un engagement bénévole hebdomadaire, bien plus que les catholiques (22 %) et les « sans religion » (18 %).

Ceux qui ont répondu qu’ils n’appartenaient à aucune religion étaient les plus susceptibles de déclarer qu’ils n’avaient pas participé à une activité bénévole au cours des deux dernières années (76 %).

L’étude montre également que ceux qui se définissent comme catholiques sont proportionnellement les moins susceptibles de donner de l’argent à des associations (53 %), tandis que plus de six musulmans sur dix et 60 % des protestants font au moins un don par an. .

 
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