C’est un record impensable il y a un an. En 2023, la France peine à se relever d’une triple crise énergétique due à la guerre en Ukraine, à une terrible sécheresse pour l’hydraulique et à l’indisponibilité des centrales nucléaires. Mais tout a changé en 2024 : au 11 novembre, la France avait déjà exporté en net plus de 78 TWh d’électricité vers ses voisins européens. C’est plus qu’en 2002, année record avec un score de 77 TWh. Mieux encore, d’ici la fin de l’année, le solde net exportateur sera de 80 à 85 TWh selon la météo et la production éolienne, selon RTE. Elle pourrait même atteindre 90 TWh, selon EDF.
Une consommation à un faible niveau
Cette performance, qui devrait avoir un impact positif en milliards d’euros sur la balance commerciale du pays, montre « que notre parc de production nucléaire et renouvelable est très compétitif et que nos centrales sont sollicitées dès qu’elles sont disponibles »explique Thomas Veyrenc, directeur exécutif de RTE en charge de la stratégie, de l’économie et de la prospective. Les parcs éoliens offshore de Fécamp (exploités par EDF) et de Saint-Brieuc (Iberdrola) sont pleinement opérationnels. De son côté, le parc nucléaire est de nouveau à 47 GW de disponibilité, soit plus de 9 GW par rapport à 2023 et plus de 15 GW par rapport à 2022. Les réacteurs devraient même atteindre 50 GW en janvier 2025. « Les effets de la crise de la corrosion sous contrainte s’estompent. Mais la disponibilité du parc reste inférieure à celle des années 2010 où elle atteignait 55 GW.observe Thomas Veyrenc. Par ailleurs, après une année 2022 marquée par la sécheresse, la pire depuis 1976, l’énergie hydraulique a également atteint des records de production, avec 62 TWh depuis le début de l’année. “Cela nous permet de nous rapprocher du record de 2013. »analyse l’expert de RTE.
Cette capacité d’exportation s’explique également par une demande nationale plus faible. La consommation n’a cessé de baisser en 15 ans, notamment depuis l’automne 2022, grâce aux efforts d’efficacité énergétique et de sobriété. Et si cette consommation est appelée à repartir à la hausse avec la transition énergétique de l’industrie et le développement des datacenters, ce ne sera pas pour tout de suite. “On a des éléments pour voir qu’on est sur un plateau, explique Thomas Veyrenc. De nombreux projets industriels et numériques ont sécurisé leur accès au réseau. La courbe de consommation devrait recommencer à monter”. L’expert admet néanmoins qu’il ne peut pas dire quand.
Nucléaire, énergies renouvelables et même charbon : tous compétitifs
Les exportations sont également tirées par la demande de nos voisins et les prix du marché, autour de 100 euros le mégawattheure, qui, sur le plan climatique, rendent compétitives nos deux dernières centrales à charbon. Alors qu’ils devaient fermer en 2022, la crise les a sauvés et leur exploitation est désormais autorisée jusqu’en 2027, selon la programmation pluriannuelle de l’énergie 2025-2035 (PPE3) en concertation. Si GazelEnergie a redémarré la centrale de Saint-Avold le 12 novembre, en attendant son projet de conversion, « ce n’est pas parce que RTE l’a appeléprécise Thomas Veyrenc. Ce sont les agriculteurs qui décident de produire pour exporter”. Quand ils ont des stocks, ils en profitent.
Enfin, avec 4 GW supplémentaires de solaire, des stocks de gaz remplis à 95 % en France et des centrales à gaz pleinement disponibles pour assurer les pointes de consommation, RTE n’anticipe qu’un « faible risque sur la sécurité d’approvisionnement », y compris en cas de forte vague de froid. . Il faudrait une vague de froid majeure, un problème avec le parc nucléaire, une longue période de vent faible et des limitations des exportations pour assombrir la situation. « Pour l’hiver 2024-2025, les perspectives sont les plus favorables depuis dix ans »résume Thomas Veyrenc. Enfin une bonne nouvelle.
Related News :