Après des heures d’attente, le cortège s’élance enfin dans un brouhaha de klaxons, de sifflets et de slogans. Sous un ciel bleu poussiéreux, le mercure affiche 35°C à l’ombre. Des dizaines de voitures vertes et rouges, les couleurs du parti, des centaines de scooters pétaradants, sans oublier des pick-ups débordant de militants sonnant des trompettes, défilent dans les rues sablonneuses de Hann Bel-Air, commune du nord-est. de Dakar, ce dimanche après-midi.
Ce mouvement débordant d’enthousiasme est une « caravane » du Pastef (Patrites africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), le parti porté au pouvoir dès le premier tour lors de la présidentielle de mars 2024, en campagne pour les législatives de mars 2024. 17 novembre.
“J’aime tout ce qu’il fait”
Face à une quarantaine de listes, le parti, très populaire auprès des jeunes, mobilise ses forces vives, notamment attachées au Premier ministre, le charismatique et bouillant Ousmane Sonko. “J’aime tout ce qu’il fait, absolument tout, » dit, radicalement, Dié Sarr, une adolescente portant le pantalon militaire kaki de la branche féminine du parti, « les Amazones ». Elle reconnaît cependant qu’elle “Je ne peux pas dire précisément ce qu’elle aime”. “Il a apporté quelque chose de nouveau” ajoute-t-elle alors que résonnent les tambourins et les maracas du cortège.
Aliou Bousso, étudiant et militant, est un peu plus précis : « Sonko était un véritable homme d’État et pas seulement un homme d’affaires comme les autres. Il fait passer les intérêts du pays avant ses intérêts personnels. »
Samba Seck, engagé auprès de Pastef depuis 2019 et veilleur de nuit, abonde dans le même sens. « Je soutiens Sonko parce qu’il incarne l’antisystème. Les ministres de Macky Sall (l’ancien chef de l’Etat, NDLR) ils en ont rempli leurs poches. Ils se pavanent dans des voitures de luxe. Or, des gens meurent parce qu’ils n’ont pas 60 000 francs CFA (45 euros) pour payer leur dialyse ni même 15 000 francs CFA (10 euros) pour acheter des médicaments. » « Cela n’arriverait jamais en France, se lamente-t-il. On ne voit cela qu’en Afrique et on en a marre. »
«Pour une majorité confortable»
Une rhétorique anti-corruption, presque populiste, sur laquelle le parti surfe allègrement. « Bassirou Diomaye Faye, le Président de la République, et Ousmane Sonko, sont ce qui manquait au Sénégal : des hommes droits et justes. Ils n’ont jamais puisé dans les caisses. Ils sont incorruptibles. » » précise Oumar Alioune Kane, responsable de la communication chez Pastef. Lui promet des changements systémiques “après les élections”. “Je suis confiant à 100% : nous aurons une majorité confortable”, assure Justin Correa, coordinateur Pastef dans la région.
Pourtant, les deux hommes à la tête de l’Etat n’ont pas grand chose à leur actif depuis presque huit mois qu’ils sont au pouvoir, peinant à échapper à une posture unique d’opposants. Ils ont certes présenté un projet ambitieux pour le développement économique du pays, Sénégal 2050, axé sur la prise en main des contrats avec les entreprises étrangères et sur l’industrialisation.
Mais les Sénégalais attendent toujours qu’ils répondent aux immenses attentes d’une population très jeune, notamment en matière de répartition équitable des richesses, du pouvoir d’achat et de l’emploi. Une grande partie de la population lutte quotidiennement pour trouver du travail et joindre les deux bouts. Des centaines de jeunes continuent de partir chaque mois en canoë à destination des îles Canaries et de l’Europe, au péril de leur vie.
Une escalade verbale entre dirigeants
Cette atmosphère de tensions, d’incertitudes et de polarisation n’a pas épargné la campagne, ponctuée de violences entre Pastef et militants de l’opposition. Le siège d’un parti d’opposition a été incendié et des attaques au couteau ont eu lieu sur le marché Saint-Louis. Les dirigeants, loin de calmer les ardeurs, se sont livrés à une escalade verbale, Ousmane Sonko allant jusqu’à appeler à “détester” attaques contre ses sympathisants. « Œil pour œil, dent pour dent », » a-t-il déclaré avant d’appeler à l’apaisement vingt-quatre heures plus tard.
Les invectives et les violences ne semblent pas freiner l’enthousiasme et la détermination des militants présents dans la « caravane » du parti. Mamans, jeunes, enfants chantent en chœur « Diomaye c’est Sonko, Sonko c’est Diomaye », tournant dans le quartier pendant des heures, haut-parleurs et banderoles flottant au vent chaud qui souffle sur la ville.
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Plus de 40 listes
Les élections législatives se dérouleront en un seul tour, le 17 novembre, renouvelant pour cinq ans les 165 sièges du Parlement monocaméral. Plus de 40 listes sont présentées, avec quatre mouvements politiques plus connus. D’un côté, le parti au pouvoir, les Patriotes Africains du Sénégalpour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko. De l’autre, les trois partis d’opposition, dirigés respectivement par Macky Sall, par l’ancien Premier ministre Amadou Ba et par le maire de Dakar, Barthélémy Dias.
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