Par
Ludovic Améline
Publié le
12 novembre 2024 à 21h57
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« Les pompiers des bords de la Vire m’ont dit qu’il était impossible de voir quoi que ce soit dans cette eau boueuse mais j’ai toujours un regret en moi, celui de n’avoir pas pu sauver mon camarade de la noyade. »
De laaccident qui a coûté la vie à son ami de 18 ansle 31 octobre 2016in Saint-Lô (Manche), Clément Turgis garde-en un mémoire précise. De ceux qui laissent leur empreinte à vie.
“On ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe”
«J’avais 19 ans. Mon ami 18 ans. Il venait tout juste d’obtenir son permis. Nous avons traversé le pont de Roanoke à proximité du complexe cinéma dans son véhicule, une Peugeot rouge, raconte cet habitant de Marigny-sur-Lozon. En quittant le pont, il est allé trop loin. Mais cela n’est pas venu rapidement. Il n’avait rien consommé. Le véhicule a heurté le trottoir droit à proximité de la gare, puis a fait marche arrière vers la gauche. Le véhicule se retourne en série et roule dans la Vire. Cela va très vite. Nous n’avons pas le temps de voir grand-chose. C’est un peu comme dans un film, on ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe. Le corps passe alors en mode survie directe. »
L’homme se souvient de l’eau qui a rapidement envahi l’habitacle. « Le véhicule a coulé rapidement. Dans les capotages, le pare-brise avait explosé contre les bancs de ciment, se souvient Clément Turgis. Dans ce genre de situation, c’est l’instinct de survie qui prend le dessus et vous aide à vous en sortir. Ce qui m’a sauvé la vie, c’est d’ouvrir ma fenêtre avant de partir. J’avais eu un accident quelques mois auparavant. Et depuis, j’ai toujours eu la main sur ma ceinture. J’ai pu sortir assez rapidement du véhicule qui était à l’envers. J’ai vu un halo de lumière. Je suis revenu à la surface. »
Sauvez votre camarade à tout prix
Le jeune homme de l’époque ne se posait aucune question puisqu’il plongeait à plusieurs reprises pour sauver son ami coincé dans l’habitacle. « J’ai essayé de replonger plusieurs fois pour tenter de le sortir et de le sortir de l’eau. J’ai essayé de rester calme pour économiser mon souffle et rester sous l’eau le plus longtemps possible. Dans une telle situation, c’est toujours difficile de garder son calme, se souvient l’homme aujourd’hui âgé de 27 ans. Il n’y avait aucune visibilité. En plongeant dans la Vire, le véhicule avait remué le fond, la boue. Le véhicule s’est renversé et il m’était impossible de savoir où se trouvait mon camarade. Je ne sais pas s’il a réussi à détacher sa ceinture de sécurité. Son corps a été retrouvé à l’arrière du véhicule. J’ai eu beaucoup de chance, j’aurais aussi pu perdre la vie. »
Dix minutes se sont écoulées entre l’accident et l’arrivée des secours. Le noyé a été ressorti en état d’arrêt cardio-respiratoire par les pompiers du sauvetage nautique. Malheureusement, il devait mourir.
Huit ans après sa plongée aux enfers, Clément Turgis garde encore des séquelles psychologiques.
«J’ai toujours des problèmes d’anxiété. Je n’ai pas peur de l’eau, mais j’ai peur quand ce n’est pas moi qui conduis. »
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