l’essentiel
L’ancien capitaine du XV de France Abdelatif Benazzi, candidat à la présidence de World Rugby, veut bousculer le « conservatisme » de l’institution en « l’ouvrant » à davantage de pays et en redonnant une place centrale à la France, a-t-il expliqué. dans un entretien à l’AFP.
World Rugby, réuni à Dublin à partir de mardi, élit jeudi son président pour quatre ans. Outre Benazzi, l’Australien Brett Robinson et l’Italien Andrea Rinaldo sont en lice.
Comment voyez-vous l’évolution du rugby mondial ?
Très mauvais. On peut avoir l’impression lors des Coupes du Monde que c’est un sport mondial. En fait, cela ne concerne que quelques grands pays, présents depuis 100 ans, alors que peu de pays émergents. Et dans le même temps, ces grands pays sont en difficulté financière, la plupart ayant des déficits de fonctionnement supérieurs à 10 millions d’euros. Il y a une alerte, le bateau risque de couler.
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Que peut-on faire pour résoudre les difficultés économiques ?
Il ne faut pas attendre une compétition rentable comme la Coupe du monde tous les quatre ans. Les tournées d’été et d’automne sont un peu dépassées et moins rentables pour les nations, notamment celles du Sud. La Coupe des Nations à partir de 2026 (qui doit être organisée tous les deux ans avec les meilleures équipes des hémisphères nord et sud, ndlr) sera une compétition innovante. […]. Nous devons réfléchir à une stratégie beaucoup plus ouverte. Pour attirer les investisseurs, il faut faire preuve de clarté dans la gouvernance, de transparence et surtout d’ouverture sur le monde. […] investir dans des régions ou quelques pays quitte à toucher des dividendes dans quelques années.
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Dans quels pays exactement ?
Aujourd’hui, onze pays représentent 70 % des droits de vote à World Rugby, ce qui contribue au conservatisme. Certains pays comme l’Espagne et le Portugal n’ont pas le droit à la discussion. Ils souffrent. On leur dit tous les quatre ans : « Vous êtes là pour vous qualifier pour la Coupe du monde », mais entre les Coupes du monde, on ne fait rien. […]. Je ne comprends pas pourquoi on hésite avec l’Afrique, qui représentera demain 40% de l’humanité (en 2100 selon un rapport de l’ONU, ndlr). A l’inverse, on ne peut pas mettre un quart du budget en Amérique du Nord, avec la Coupe du monde aux États-Unis en 2031, au détriment des autres régions.
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Et la France ?
Tout le monde nous dit : « Avez-vous vu ce que vous avez fait à la Coupe du Monde ? Vous êtes un grand pays. Nous avons ouvert nos portes à Marcoussis, nous partageons nos valeurs, notre modèle fait l’envie de beaucoup. On nous pousse à prendre des décisions, à être dans ce mandat […]. Nous devons revoir la gouvernance actuelle. Même la France, qui est un grand pays, est exclue de certaines décisions. Nous sommes au conseil de World Rugby mais nous ne sommes pas au bureau exécutif, mais nous avons l’impression que les décisions y sont prises. Je voudrais donner plus de pouvoir au conseil.
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Quelle est votre position concernant le carton rouge de 20 minutes, qui peut aussi être généralisé en cas de vote favorable jeudi ?
Un carton rouge est un carton rouge, il ne faut pas qu’il y ait de confusion. Cela peut être une stratégie dangereuse pour le rugby, bien plus violente et c’est pour cela que nous y sommes totalement opposés.
Y reviendrez-vous si vous êtes élu et que cette situation se généralise ?
Je préfère dire que ça ne passera pas. Et si ça passe, je vous rappelle que c’est une expérimentation. On verra dans quelques années, ce sera l’occasion de faire le point.
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