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Climat tendu avant l’ouverture de la RATP à la concurrence

Par

Antoine Grotteria

Publié le

12 novembre 2024 à 6h04

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Les préparatifs sont loin de se dérouler dans une atmosphère apaisée. Ce mardi 12 novembre 2024, le conseil d’administration d’Île-de- Mobilités (IDFM) se réunira au siège de l’institution, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), pour décider du sort de trois premiers lots marquant le fin du monopole historique de la RATP sur les réseaux de bus parisiens et de petite couronne.

Une privatisation sur deux ans

Dans un communiqué rédigé le 25 octobre 2024, IDFM indique que les trois candidats « attendus » pour remporter ces prix sont « Kéolis SA » et la filiale RATP, “Cap Île-de-France”. Keolis pourrait exploiter le réseau situé dans la région Marne et Brie (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne and Seine-et-Marne). Cap Île-de-France aurait la possibilité de gérer le territoire des Boucles Nord de Seine (Hauts-de-Seine et Seine-Saint-Denis) et Bords de Marne.

Depuis 1948, le Régie autonome des transports parisiens (RATP), établissement public à caractère industriel et commercial détenu à 100 % par l’État, exploite uniquement les lignes sur lesquelles circulent les bus de la capitale et des départements limitrophes. Une situation qui cessera à partir de 1 janvier 2025. Les opérateurs privés pourront alors entrer sur ce nouveau marché.

Prévue pour 2024, l’ouverture à la concurrence a finalement été prolongée jusqu’en fin 2026. Un arbitrage opéré par la présidente de la région, Valérie Pécresse, pour parer à d’éventuelles grèves lors des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). En tout, douze lots feront l’objet d’appels d’offres durant cette transition. En attendant, les organisations syndicales restent mobilisées pour dénoncer cette situation. révolution Ile-de-France transport.

Ce mardi, Solidaires-RATP, Sud-Rail Fédération and the Sud-Solidaires Urban and Interurban Federationorganiser un rassemblement devant le siège d’IDFM. Objectif, s’opposer au « grand plan social de la RATP » et à « la privatisation et la destruction de nos entreprises publiques ».

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Contacté par Actualités parisiennesle co-secrétaire de Solidaires-RATP et membre du syndicat Sud-Rail, François-Xavier Arouls, fait preuve de pugnacité. « Nous ne sommes pas prêts à laisser cela se produire. Cette ouverture à la concurrence signifie un dégradation conditions de travail et une baisse de qualité pour les utilisateurs. C’est une vente fragmentaire du service public», critique-t-il.

Au plus offrant

Pour les syndicats, les appels d’offres répondent à une logique financière, notamment en termes de prix. Car les coûts de production font partie des critères retenus pour remporter un prix. « Le dumping social est dangereux. Même si (Valérie) Pécresse ne le dit pas, elle choisira le plus offrant, à savoir celui qui coûte le moins cher », dénonce le secrétaire fédéral du syndicat FO-RATP, Jean-Christophe Delprat.

Dans les rangs de la RATP, l’inquiétude grandit pour le 16 000 machinistes et les 19 000 salariés. En décembre 2022, la direction avait déjà présenté un accord proposant six jours de repos supprimés et une augmentation d’une heure du volume horaire par jour en échange d’une augmentation des salaires. « Le salarié perd de l’argent », regrette le représentant syndical. L’accord a été signé par les syndicats majoritaires FO et UNSA.

Du côté de la direction, on rétorque » sac à dos social», un dispositif destiné à accompagner le transfert des agents titulaires d’un contrat de droit public vers le secteur privé. “Les agents de la RATP conserveront les acquis sociaux et professionnels relevant du statut d’établissement public industriel et commercial RATP”, assure l’institution.

Dans son communiqué, IDFM rappelle également les « garanties » pour les agents, mentionnant « une limitation des changements de lieu de travail et le maintien des conditions de travail et sociales actuelles quel que soit l’opérateur choisi ».

Jean-Christophe Delprat est dubitatif sur le contenu de ce système. « Qu’en est-il de la rémunération, des conditions de travail et des projets professionnels des collègues ? Nous cassons leur projection, ce n’est pas acceptable. Beaucoup de collègues s’inquiètent pour leur avenir », tonne-t-il. D’autant que les salariés qui rejetteraient les offres d’emploi dans la sphère privée pourraient être licenciés sans salaire.

Vers une dégradation du service ?

De ces zones de conflit potentiel, naît une risque pour les utilisateurs . Car les syndicats craignent une dégradation d’un service déjà atrophié ces dernières années. « Un opérateur privé recherche avant tout des marges. Les équipements, la maintenance, les systèmes d’information… C’est de moindre qualité », estime François-Xavier Arouls.

Pour un utilisateur, son parcours de transport pourrait bientôt s’avérer délicat. De métroun toitramwaytoujours exploités par la RATP jusqu’en 2040, aux bus bientôt découpés en plusieurs tronçons, comment se traduira ce « salamiing » dénoncé par les syndicats ?

Un sujet sur lequel IDFM devra trancher avant la concurrence entre le réseau de bus parisien et la petite couronne. Jean-Christophe Delprat n’exclut pas une mobilisation si les revendications syndicales ne sont pas prises en compte. L’hiver pourrait bien être teinté de conflits sociaux, comme à la SNCF.

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