Par
Valentin Gaxieu
Publié le
11 novembre 2024 à 20h30
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Dans le cadre de la réalisation de son mémoire de fin d’études, Dolois Nathan Colombo Valette se lance dans un long projet de recherche. Etudiant à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne en Master I d’Histoire des sociétés contemporaines, le jeune homme de 21 ans décide de se pencher sur la ligne de démarcation dans le Jura.
Pour rappel, la ligne de démarcation est, en France et pendant la Seconde Guerre mondialela limite entre la zone dite « occupée » par l’armée allemande et dans la région, dites « gratuit » sous le régime de Vichy, dans les conditions fixées par l’armistice du 22 juin 1940.
Originaire d’un lieu fracturé par le passé
Ce sujet est « vite arrivé » dans l’esprit de Nathan : « Depuis l’enfance, le Seconde Guerre mondiale et en particulier la ligne de démarcation me fascine. Quand j’étais jeune, je ne pouvais pas me dire ça le pays était divisé en deuxmême si en réalité il a été coupé en six. »
Le département de Jura est d’autant plus concernée qu’elle constitue à l’époque une zone « test » pour l’Allemagne nazie. «J’ai vécu dix ans à Balaisqui était à l’époque en zone franche. Mais j’ai grandi et étudié à Dole, qui n’était pas en zone occupée pendant la guerre mais en zone « interdite », et qui comptait 10 000 Allemands. Il y a un aspect personnel à dire ‘je viens’ des lieux fracturés par le passé‘», exprime-t-il.
Se détourner de la résistance
De nombreux ouvrages abordent le sujet, notamment La ligne de démarcation d’Éric Alary. « Mais il l’a fait à l’échelle nationale. Il parle du Jura comme exemple», souligne Nathan. Et d’ajouter : « Il y a des livres qui ne traitent que de Jura. Mais ils se concentrent généralement sur résistance et passages clandestins. »
« Je veux me détourner de ce prisme originel qui est celui des passages clandestins et de la résistance. Je souhaite produire une histoire culturelle qui traiterait de l’utilisation et de la perception de cette ligne. »
L’étudiant souhaite donc proposer un « analyse multi-échelle et multidimensionnelle » de cette frontière, tant sur le plan géographique, économique que social, en remettant en question les impacts de ceci sur les Jurassiens.
Une ligne oubliée
Dans sa thèse, dirigée par son directeur Fabien Théofilakis, Nathan souhaite également intégrer perspectives géohistoriquesnotamment des éléments de « géographie fantôme ». Une approche qu’il qualifie de « sensible » : « La ligne de démarcation reste complètement obsolète à partir de novembre 1942. Il fut détruit l’année suivante et il en reste très peu dans le Juraalors qu’il y avait les zones de Vichy, IIIe Reich et la zone interdite à tous les Français”, regrette-t-il.
Dans certains endroits de France, la ligne de démarcation était matérialisée par des poteaux voire des barrières. Mais dans le Jura, c’était surtout des éléments naturels – comme le Doubs ou La Loue – qui servaient de frontière. Il déplore : « Je comprends donc qu’il n’y a pas beaucoup de matière, mais quand même… Il y a simplement une plaque commémorative à Parcey des deux côtés du pont, une plaque pour l’association entre Loye et Parceyet un petit quelque chose au Mont-sous-Vaudrey. Il y a un silence à ce sujet, ce qui est assez flagrant. »
Une géographie archivistique
Pour étudier le sujet, Nathan s’est d’abord penché sur un fonds d’archives qui a été constitué par les Archives Départementales du Jura, et notamment par le professeur d’histoire-géographie. Emmanuel Pauly. “J’ai vu rapports de police et d’autres rapports, témoignages, ou encore lettres de maires ou de préfets », présente-t-il.
L’étudiant devra également créer une bibliographie, et ainsi parcourir beaucoup de lecturedes livres ou même des articles. Mais il réalisera surtout une géographie archivistique. Il détaille : « Quelles archives me seront utiles sur moi-même et en quoi me seront-elles utiles ? En France, où dois-je aller voir ? »
Offrir une plateforme sur ce sujet
Le rêve de Nathan serait que sa thèse aboutisse à un publication . Il souhaite également contribuer à la mémoirede cette ligne de démarcation : « Ce serait intéressant en parler dans les écolesavoir une tribune pour discuter de ce sujet qui est, pour moi, crucial. »
Après son Master, Nathan souhaite tenter l’agrégation pour un doctorat, dans le but d’être enseignant-chercheur à l’université.
Nathan a besoin de toi !
Dans le cadre de son travail, Nathan cherche à entrer en contact avec des Juranais ayant pu connaître cette ligne de démarcation, ou des membres de leur famille. L’étudiant recherche des témoignages, des objets d’époque ou toute autre information pouvant l’aider à comprendre les représentations et les usages de cette frontière imposée par le Troisième Reich. Nathan est joignable à : [email protected].
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