Référente territoriale Languedoc et Roussillon à la direction interrégionale Sud-Est de Météo France, Florence Vaysse rappelle l’importance que les inondations des 12 et 13 novembre 1999 ont eu sur les pratiques d’information du grand public sur les événements météorologiques exceptionnels. Et détaillent les progrès accumulés depuis, notamment grâce au développement des technologies.
Les inondations de novembre 1999 dans l’Aude, mais aussi dans les départements voisins, ont-elles eu un impact sur les pratiques de Météo France en matière de prévention et d’annonces d’épisodes météorologiques extrêmes ?
Avec les tempêtes de 1999, Lothar et Martin (qui ont frappé le Nord puis le Sud de la France les 26 et 27 décembre, faisant 92 morts, NDLR), c’est l’un des événements majeurs qui ont initié la discussion entre le ministère de l’Intérieur et Météo France pour la mise en place de la vigilance. Même si chaque année apporte son lot de nouveautés, les inondations de novembre 1999 et ces deux tempêtes ont changé bien des choses dans les pratiques et les outils de décision. Même s’il faut rappeler que Météo France n’a qu’un rôle d’alerte : nous sommes des scientifiques. Tout ce qui concerne l’alerte des populations et les actions de mise à l’abri relève de la responsabilité des autorités de gestion de crise, préfecture en tête, à l’échelle d’un département.
Le chronogramme des événements de novembre 1999 permet de recenser tous les BRAM émis par Météo France, les bulletins régionaux d’alerte météo : qu’est-ce qui a changé ?
Ces BRAM étaient uniquement destinés aux préfectures, aux pompiers et aux acteurs institutionnels, mais le grand public n’a pas systématiquement reçu de retour sur ces informations. L’année 1999 a fait prendre conscience de ce manque d’information, notamment par rapport au danger que pourraient représenter ces épisodes météorologiques exceptionnels. Une vigilance destinée au grand public, avec quatre niveaux de couleurs (vert, jaune, orange et rouge), une répartition par départements et l’affichage du niveau maximum de vigilance pour les prochaines 24 heures, a été mise en place le 1est octobre 2001, avec le 1concernant carte des avalanches, de la neige et de la glace, des vents violents et des orages. La procédure a continué à se développer, avec de nouvelles vigilances : canicule en 2004, suite à l’épisode estival de 2003, grand froid en 2005, ou encore vigilance « pluie-inondation » en 2007, avec le soutien du réseau Vigicrues. La tempête de Météo France dédiée à la vigilance, s’appuie sur le service de prévision des crues (SPC) et le service central d’appui à l’hydrométéorologie et à la prévision des crues (Schapi).
Comment cet outil a-t-il été conçu, avec quels objectifs ?
Tout d’abord, en partant du principe d’une carte, avec un code couleur très simple, et un pictogramme pour indiquer la nature du phénomène. En cas de vigilance orange ou rouge, un bulletin de surveillance est publié, au moins deux fois par jour, à 6h et 16h : ces horaires ont été initialement décidés pour permettre leur publication dans les quotidiens du soir et du matin. Mais la mise à jour peut être effectuée plus régulièrement : si un phénomène de pluie stationnaire est en cours en plaine, on peut mettre à jour toutes les deux heures. Au fil des années, d’autres outils sont apparus, comme les cartes Jour J et les cartes J+1, mais aussi un onglet « prochains jours » sur le site, qui permet d’indiquer les probabilités de passage en vigilance. , de J+2 à J+7.
Pensez-vous que le grand public est conscient de l’existence de ces outils, et quel regard portez-vous sur les critiques qui peuvent être formulées, notamment sur la répétition des vigilances ?
La population du Sud en est consciente, du moins je l’espère. L’important est de consulter le bulletin de suivi et de rester informé. Contrairement à d’autres organismes de prévision, je rappelle que Météo France, en tant que service de l’État, est soumis à une obligation de résultat. Chaque épisode de vigilance, à partir du niveau orange, donne lieu à un contrôle qualité, et un rapport annuel sur l’efficacité de la vigilance est publié. Le dernier rapport publié sur la vigilance météorologique, pour l’année 2022, a permis de mesurer les taux de pertinence, et les taux de détection précoce de plus de 6 heures
. Il ne faut pas croire qu’on publie une vigilance pour ouvrir le parapluie et dire qu’on a informé.
En 20 ans, 96 vigilances orange pour l’Aude
En 2022, Météo France atteint un taux de pertinence de 87 % et un taux de détection anticipée à plus de 6 heures de 74 % : dans près de 9 épisodes de vigilance sur 10, le phénomène météorologique dangereux annoncé s’est produit dans le département avec l’intensité et les conséquences attendues. ; et plus des deux tiers des épisodes ont été activés plus de 6 heures avant l’apparition du phénomène dangereux et ses impacts.
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