Le PEANP des jalles, ou Périmètre de protection et de développement des espaces agricoles et naturels périurbains, doit évoluer dans les années à venir. Mardi 5 novembre au Haillan, le Département de la Gironde, compétent en la matière, et Bordeaux Métropole, animateur du PEANP, ont présenté les contours des nouveaux territoires à intégrer, ainsi que le programme d’actions associé.
Partons de ce qui existe déjà. Le PEANP actuel date de 2012. Il couvre six communes de la vallée de Jalles (Eysines, Le Taillan-Médoc, Le Haillan, Blanquefort, Bruges et Saint-Médard-en-Jalles) et 785 hectares. Deux entités se distinguent : le site des sources du Thil et de la Gamarde à l’ouest et la vallée maraîchère à l’est. Dans les deux cas, l’accès et la préservation des ressources en eau jouent un rôle central.
D’un seul tenant pour le moment, ce PEANP doit être enrichi de parcelles géographiquement dispersées. A l’avenir, cela ne concernera plus six mais huit communes, Parempuyre et Bordeaux rejoignant le club.
Golfe de Bordeaux
En janvier 2021, le comité de pilotage a validé une zone d’étude de 3 250 hectares pour l’extension. Près de quatre ans plus tard de concertation avec les acteurs locaux, l’agrandissement envisagé porte finalement sur 871 hectares, majoritairement publics (67 %). Il faudra attendre l’enquête publique prévue au printemps 2025 pour valider cette version, la mise en œuvre de ce PEANP révisé étant prévue pour 2026. En clair, rien n’est sûr à ce stade.
Que peut-on trouver dans la zone négociée ? Bordeaux a intégré 322 hectares dont la réserve écologique des Barails (site de préservation de la biodiversité) et le golf. Parempuyre a réduit la navigation vers le Marais d’Olives (avec élevage bovin). A Bruges, il s’agit de parcelles publiques en périphérie et dans la réserve naturelle des marais. Blanquefort a investi des parcelles dédiées à l’élevage ovin, ainsi qu’une ancienne gravière dans le cadre du projet de reconversion agricole. Le Haillan (96 hectares) et Saint-Médard-en-Jalles (180 hectares) se distinguent en intégrant presque exclusivement des espaces privés. La vocation maraîchère est affirmée. L’élu de Saint-Médard, Pascal Tartary, a ainsi évoqué l’ambition de redynamiser 180 hectares de terres agricoles en lien avec le projet de rénovation de la cuisine centrale en vue de proposer un approvisionnement plus local.
Droit de préemption
À leur tour, Patrick Papadato, vice-président de Bordeaux Métropole en charge de la stratégie nature-biodiversité-résilience alimentaire, et Stéphane Le Bot, vice-président du Département en charge de l’agriculture et de l’alimentation, ont rappelé les enjeux du PEANP : « Il s’agit de valoriser les parcelles agricoles et naturelles dans un contexte de pression foncière. Cet outil confère un droit de préemption au Département qui peut agir en cas de vente. Cela garantit la continuité de l’activité agricole et des terres accessibles. »
Prenez tous les agriculteurs du Haillan, de Blanquefort, d’Eysines, ils meurent aujourd’hui”
« Comment peut-on parler de préemption aujourd’hui, sachant qu’il y a de moins en moins d’argent public. Avec quels moyens le Département achètera-t-il ? » a lancé un agriculteur lors d’une réunion publique. “La préemption est une possibilité, pas une obligation”, a précisé Stéphane Le Bot, ajoutant que les aides aux agriculteurs pourraient en effet être de plus en plus contraintes. Notamment « parce que l’Etat fait les poches des collectivités via le plan d’économies du gouvernement ».
Cris du coeur
Le programme d’action rattaché au PEANP élargi réunira plusieurs partenaires (Bordeaux Métropole, Département, Chambre d’agriculture, communes) sur des axes de travail précis : défense d’une agriculture locale respectueuse de la biodiversité, installation de nouveaux agriculteurs, lutte contre la spéculation foncière et artificialisation des terres.
Des intentions louables qui se sont souvent heurtées mardi soir aux cris du cœur des opérateurs présents dans le public. “Prenez tous les agriculteurs du Haillan, de Blanquefort, d’Eysines, ils meurent aujourd’hui”, a déploré l’un d’eux. Dérèglement climatique, débouchés locaux insuffisants, prix non rémunérateurs, dégâts des animaux (ragondins, cerfs…) sur les cultures, réticences des banques, chantiers mal entretenus, inondations liées à l’urbanisation, compensation écologique sur les terres arables, tout est arrivé. . « Mettre les jeunes dans ce contexte n’est pas sérieux. Ils boiront le bouillon au bout de six mois», ont déploré d’une seule voix Philippe et Floriane Laville. « C’est vrai, la situation est difficile. La difficulté est nationale et européenne, reconnaît Patrick Papadato. La plupart des agriculteurs arrivent à l’âge de la retraite et nous avons des difficultés à maintenir une activité. Mais pour tenter d’arrêter cette tendance, nous devons préserver les terres agricoles. »
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