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Dernière ligne droite pour Bastiat Seats avant la livraison de 1 500 chaises à Notre-Dame de Paris

A À quelques semaines de la réouverture de Notre-Dame de Paris, à partir du 7 décembre, de nombreux artisans achèvent un chantier plus que monumental. Toutefois, les derniers aménagements n’ont pas tous lieu au sein de la cathédrale parisienne. Certaines se font dans les Landes, à Hagetmau. Plus précisément dans les ateliers de la société Sièges Bastiat, chargée solennellement de fabriquer le mobilier d’accueil du public de Notre-Dame de Paris, dont le nombre de visiteurs annuels est estimé à 15 millions. Au total, 1 500 chaises, une quarantaine de bancs, une soixantaine de tables de prière et près de 160 genouillères ont été commandés à la marque Bosc, à la société Sièges Bastiat.

Cette commande importante n’est pas tombée de nulle part. Mais plutôt de Pornic, lorsque la designer bretonne Ionna Vautrin a pensé à Sièges Bastiat pour participer à ses côtés au réaménagement de la cathédrale parisienne. Dans un premier temps, fin 2022, celui qui est déjà connu pour avoir conçu la lampe TGV pour la SNCF avait été présélectionné pour répondre à l’appel d’offres fermé de Notre-Dame. Dès ses premiers croquis, le bois lui semble une évidence. Il lui faut alors trouver un fabricant de meubles en bois. Son choix pour la marque Bosc, recommandée par ses confrères designers, s’est également vite imposé. Le premier contact entre Ionna et Sièges Bastiat a eu lieu début 2023. Geneviève Bastiat, membre de l’entreprise, se souvient être restée incrédule, au téléphone, lorsque la créatrice lui a évoqué qu’il s’agissait d’un projet pour Notre-Dame de Paris.

« Chaise silencieuse »

Designer et fabricant conçoivent alors un prototype de chaise en chêne massif. Le cahier des charges prévoyait une « chaise silencieuse ». Ce que Ionna a interprété comme un critère à la fois phonique et visuel. C’est pourquoi elle a choisi une assise relativement basse, haute de 78 centimètres, pour rester discrète et « révéler les éléments architecturaux de la cathédrale ». Les colonnes de l’arrière, disposées en arceau, le sont également dans un souci de quasi-transparence dans l’espace et de rappeler les caractéristiques gothiques de Notre-Dame. En juillet 2023, le prototype conçu par le designer et l’entreprise hagetmautienne est officiellement approuvé par le jury de Notre-Dame. L’industriel landais s’implique alors définitivement dans le projet de reconstruction de la cathédrale suite à l’incendie d’avril 2019.

Dans les 2 800 mètres carrés des ateliers de l’entreprise familiale, 17 salariés sont à pied d’œuvre depuis février 2024 pour sortir les 1 500 chaises et centaines d’autres meubles. « Le plus dur a été de démarrer. On se met la pression», reconnaît Christian Guyonnet, menuisier. Avec plus de 1 000 chaises déjà assemblées, les actions sont désormais plus que maîtrisées par les salariés, pour qui participer à ce projet est une « grande Source de fierté ». « Nous espérons être invités à l’inauguration », glisse Christian.


Les salariés de l’entreprise Bastiat fabriquent des meubles pour Notre-Dame depuis février 2024. Près d’un an de travail est nécessaire pour finaliser la commande.

Matthieu Sartre

Les derniers sièges sont encore en fabrication. Dans les ateliers remplis de morceaux de bois brut, les chaises de Notre-Dame se fondent presque dans les autres créations Bosc. Mais le mobilier de Notre-Dame est reconnaissable à sa multiplicité, avec des chaises empilées sur plusieurs rangées. Pour accueillir ce projet hors du commun, quelques ajustements ont été nécessaires. Notamment en installant un deuxième centre d’usinage, pour sculpter des pièces en bois.

Tous les meubles de Notre-Dame sont en chêne français massif. Tout est certifié PEFC (Forest Certification Recognition Program), de la coupe du bois à la fabrication. Les blocs de chêne massif sont fournis par la scierie Gaudelas dans le Loir-et-Cher et les plaques, également en chêne pour les sièges, sont fournies par Ducerf en Bourgogne, deux entreprises certifiées PEFC, tout comme Sièges Bastiat.


Les prie-Dieu sont actuellement en fabrication.

Matthieu Sartre

Plus loin dans les ateliers, l’odeur du bois laisse place à celle du vernis. Après découpe et assemblage, une lasure à l’eau et deux couches de vernis sont soigneusement appliquées sur chaque meuble. Les designers et fabricants ont longtemps hésité à laisser le bois à l’état brut ou à le foncer légèrement. La deuxième option a finalement été retenue. « Il faut que ça parle avec le mobilier liturgique qui sera en bronze. Au final, c’est un bon compromis pour figer la couleur dans le temps », explique la designer Ionna Vautrin.

Fabriqué entièrement dans les Landes

Si certaines étapes ont été sous-traitées, la fabrication se veut « entièrement landaise », comme tient à le souligner Sylvain Bastiat, directeur commercial de l’entreprise. Le tournage des pièces en bois a été réalisé par Xavier Favaro à Hagetmau. L’usinage des pièces en laiton a été confié à Almeca à Saint-Paul-lès-Dax. Tous les dossiers ont été gravés du logo « ND » pour Notre-Dame, et les traverses des signatures de Bosc et Ionna Vautrin, par Woodstache à Capbreton.


La signature Bosc et Ionna Vautrin a été gravée sur les pièces détachées par la société capbretonne Woodstache.

Matthieu Sartre

Ces derniers mois, le créateur fait des allers-retours entre la Bretagne et les Landes. Elle reviendra une nouvelle fois à Hagetmau pour la bénédiction des chaises par l’évêque des Landes Monseigneur Nicolas Souchu, le 18 novembre. Les 1 500 chaises prendront la direction de Paris le 19 novembre, transportées par deux semi-remorques. Un deuxième convoi de deux autres plants partira le 2 décembre. En attendant, les meubles sont stockés dans un entrepôt séparé, sous l’œil divin et les caméras.

Même si la majorité de la commande a quitté les ateliers, l’aventure ne s’arrête pas début décembre pour Sièges Bastiat. Le patron de l’entreprise, Alain Bastiat, estime en avoir réalisé 80 %. La fabrication se poursuivra jusqu’en février 2025. Début novembre, les salariés s’attaquent à la fabrication de prie-Dieu plus complexes. « L’expérience avec la chaise nous a permis de monter d’un cran en technicité », explique le dirigeant. Outre la fabrication, un contrat de maintenance lie l’entreprise hagetmautienne à Notre-Dame de Paris quasiment à vie. En priant et en touchant du bois pour qu’aucun nouvel événement tragique ne dévaste la cathédrale et le mobilier Hagetmautien.

 
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