Rejeté par le préfet de l’Hérault en 2023 car trop consommateur d’eau, les concepteurs du Domaine de Lavagnac ont réalisé un nouvel exemplaire basé sur la réutilisation des eaux traitées. Pour le moment, les autorités restent très réservées.
Fin 2022-début 2023, alors que la région souffrait d’une longue sécheresse, le projet a fait des vagues pour ses besoins en eau. Une polémique, alimentée par les associations et les élus de la région, qui a poussé celui qui était alors préfet de l’Hérault, Hugues Moutouh, à émettre un avis négatif le 11 mai 2023. Le Domaine de Lavagnac, imaginé à Montagnac avec un hôtel et un restaurant de luxe, 418 villas haut de gamme et surtout un golf de 18 trous, subissent un sérieux revers. Une de plus, pour une ambition née en 2011 autour d’un château du XVIe siècle autrefois surnommé « Le petit Versailles du Languedoc » mais aujourd’hui en partie en ruines.
« À l’heure où le réchauffement climatique entraîne des périodes de sécheresse durables, tout projet d’aménagement ancien mérite d’être réexaminé à la lumière des défis auxquels nous sommes confrontés »avait justifié Hugues Moutouh, alors que les besoins en eau avaient été estimés à 300 000 m3 par an, dont 170 000 pour arroser le parcours et les greens du golf. En effet, son décret imposait la suspension des travaux et le dépôt d’une nouvelle autorisation environnementale avec étude d’impact.
Une station d’épuration, des bassins de stockage
A l’époque, Luigi Pisano, directeur de Thèse Ingénierie en charge des études, avait laissé entendre qu’il était prêt à revoir sa copie, considérant qu’il était possible « trouver des points de convergence ». Depuis, il se fait discret, même si le site vante la qualité du programme, notamment des villas »commercialisé sous le régime de la vente sur plan», est toujours resté en ligne.
Et voilà que le Domaine de Lavagnac refait surface dans une nouvelle version, défloré par un avis de la Mission Régionale de l’Environnement (MRAE) d’Occitanie, organisme public chargé d’étudier l’impact environnemental des différents projets. On apprend que « le golf doit être entièrement arrosé via l’eau de pluie et la réutilisation des eaux usées (REUT) du domaine ». Donc, « le projet prévoit la création d’une station d’épuration et de son réseau, ainsi que la création de dispositifs de collecte des eaux pluviales, l’étanchéité de bassins de compensation puis la création de bassins de stockage d’eau pour l’irrigation »révèle le MRAE dans son rapport. Pas de surprise. Face aux futurs conflits d’usage de l’eau qui surgissent dans les zones menacées par la sécheresse, de plus en plus de golfs optent pour ce choix. Celle du Cap d’Agde a été la première à se raccorder à une station d’épuration, celle de La Grande-Motte l’a imité en 2023, prévoyant d’utiliser 250 000 m3 d’eau traitée par an pour en satisfaire 50 %. de ses besoins.
Les « lacunes » de l’étude d’impact
Le reste du projet n’a pas évolué. Lavagnac vise toujours « devenir la résidence hôtelière la plus luxueuse du département » avec « la réhabilitation du château» dans un hôtel, restaurant gastronomique et centre de bien-être et « le développement d’un ensemble immobilier avec la création de 410 logements pour une capacité de 1 900 habitants ».
Cette énième version sera-t-elle la bonne ? Avoir. Parce que pour l’instant, en me souvenant de ça « la préservation des ressources en eau est l’enjeu majeur de ce dossier »le MRAE émet des réserves. Tout d’abord, l’étude d’impact jointe au dossier « présente plusieurs lacunes qui nuisent à sa qualité générale et ne permettent pas de proposer, en l’état, une évaluation environnementale pertinente ». Il manque notamment « analyse de la vulnérabilité du projet au changement climatique” et “la description des solutions alternatives raisonnables examinées par le maître d’ouvrage ». Le MRAE note également que le plan d’irrigation du golfe « n’identifie pas clairement les circuits d’eau REUT, ni celui des eaux de ruissellement ». Et note différentes informations, d’un chapitre à l’autre, sur les plans d’eau créés pour le stockage de l’eau destinée à l’irrigation. Elle demande donc à “reprendre la présentation du projet”tant dans sa phase de construction que dans sa phase d’exploitation.
« Utiliser de l’eau traitée est aussi un problème »
Un nouveau feu rouge ? Cet avis n’est pas contraignant et le préfet peut y passer outre. Mais on imagine mal le successeur d’Hugues Moutouh, François-Xavier Lauch, ignorer les recommandations du MRAE. D’autant que, déjà, les associations montent au créneau. « Tous ces grands groupes attirent les élus avec de grands projets, parlant d’économie et de création d’emplois. Heureusement, les services de l’État travaillent au respect de la loi […] Utiliser l’eau traitée de la station pose également problème car cela signifie moins d’eau pour les citoyens. Sachant qu’une bonne partie de l’eau irriguée par un golf s’évapore, c’est de l’eau entièrement perdue pour le plaisir d’un jeu de gens aisés. a réagi Gilbert Dargegen, de l’association environnement Toutes nos énergies Occitanie.
Demandé par Midi libre, Luigi Pisano confirme pour le moment seulement son pari «sur la réutilisation des eaux traitées» et assure qu’il parlera plus en détail prochainement. Le maire de Montagnac Yann Llopis, un temps séduit par la promesse de quelque 200 emplois et un projet qui pourrait favoriser “une ville pauvre”, n’a pas répondu à nos demandes. Sujet sensible.
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