Samedi 9 novembre 2024, l’association Les Amis du viaduc de Garabit a organisé un voyage événementiel de Béziers à Neussargues, sur la ligne des Causses (train de l’Aubrac).
« Ce que j’aime le plus dans cette ligne, ce sont les paysages. On part à Béziers en été et on arrive ici en hiver ! » s’est moqué le conducteur du train événementiel Intercités reliant Béziers à Neussargues. Le train vient de s’arrêter en gare d’Aumont-Aubrac ce samedi 9 novembre 2024 à 14h13. A son bord, 220 privilégiés ont pu profiter des paysages d’Occitanie et d’Auvergne, avec une escale gourmande à Aumont-Aubrac, dans le station devenue une épicerie de produits locaux (voir encadré). La journée était organisée par l’association Les Amis du Viaduc de Garabit (Amiga) et la Région, à l’occasion de la réouverture nord de la ligne des Causses (ligne de l’Aubrac), entre Saint-Chély-d’Apcher et Neussargues dans le Cantal.
Un investissement de 43 millions d’euros
Sur le tronçon Cantal, la ligne a dû être interrompue pendant plusieurs mois sur certaines portions afin de remplacer les anciens rails à double tête, pour un investissement de 43 millions d’euros (91,5% de l’Etat et 8,5% de SNCF Réseau). Patricia Rochès, présidente de l’Amiga et maire de Coren-les-Eaux (Cantal) était du voyage : « Si les travaux n’avaient pas été effectués, une partie de la ligne aurait été définitivement fermée depuis Saint-Chély. Il a redémarré le 1est Novembre.” Un aller-retour quotidien Intercités desservira, depuis Béziers, les gares de Bédarieux, Millau, Campagnac, Aumont-Aubrac, Saint-Flour et Neussargues via le viaduc de Garabit (voir encadré). Une œuvre regardée comme du lait sur le feu : « La piste a été renouvelée. Chaque année, une visite technique a lieu et tous les trois ans, des cordistes inspectent l’ouvrage.
Le viaduc de Garabit, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ?
Construit entre 1880 et 1884, le viaduc de Garabit reliait Béziers à Paris en traversant les gorges de la Truyère. L’ouvrage est l’œuvre de Gustave Eiffel et Léon Boyer, un jeune ingénieur lozérien du département des Ponts et Chaussées. Avec une portée de 165 mètres, son arc fait du viaduc de Garabit le plus haut viaduc du monde. Classé monument historique en 2017, l’ouvrage est désormais candidat au patrimoine mondial (UNESCO) avec six autres viaducs à arches. Ce projet transnational, mené par l’Allemagne, est en bonne voie. Le viaduc de Garabit est constitué de 20 tonnes de fonte, 40 tonnes d’acier, 3 100 tonnes de fer forgé et 678 768 rivets. Le pont mesure 564,9 mètres de longueur, situé à une altitude de 835 mètres, à 90 mètres au-dessus des basses eaux (122 mètres lors de la construction).
Même satisfaction d’Alain Astruc, maire de Peyre-en-Aubrac, venu accueillir les visiteurs, de voir la gare locale reprendre vie avec le train et l’épicerie : « C’est un combat que nous menons depuis très longtemps. C’est un renouveau, indispensable pour le territoire. Nous allons également démolir un ancien bâtiment en face pour créer une dizaine de logements. Il y aura également une plateforme multimodale et un parking. Le tourisme est également dans le collimateur, puisque le secteur est au carrefour de plusieurs chemins de randonnée dont Saint-Jacques-de-Compostelle et Saint-Guilhem. Et l’édile a une autre idée en tête pour un avenir plus écologique : “Nous espérons avoir un train de nuit qui reliera Paris.”
La partie occitane à moderniser
Sur le parking de la gare, des stands de vente de produits de l’Aubrac installés pour l’occasion par l’association des commerçants de Peyre-en-Aubrac permettaient aux voyageurs de s’approvisionner en denrées lozériennes. Jean-Luc Gibelin, vice-président de la Région, achats en main, n’a pas manqué l’occasion de revenir sur la renaissance du ferroviaire : « Cette ligne nous tient à cœur. Aujourd’hui nous marquons cette réouverture. Il y a encore du travail à faire sur la partie occitane et nous comptons une nouvelle fois sur l’État, afin de pérenniser la ligne et d’améliorer la régularité. A 15h15, le train (et ses passagers) est parti pour Neussargues, comme il le fera désormais tous les jours. Avec cependant une mise en garde de Patricia Rochès : « Depuis le retour de la ligne, il y a eu quatre annulations. Ce n’est pas très fiable. Je l’ai fait savoir à Intercités France, ce n’est pas possible d’investir 43 millions d’euros et de ne pas prévoir de trains.» Mais pour l’une des plus belles lignes ferroviaires de France, les feux restent au vert.
L’épicerie de la gare d’Aumont-Aubrac, un bon repère !
Dès l’arrêt du train des Causses à Aumont-Aubrac, les voyageurs du jour entraient en gare, non pas pour prendre un ticket ou porter plainte mais pour faire leurs courses. Car ici, à la place de la salle des pas perdus et de la billetterie, une épicerie (Le Re’Peyre) a été créée à l’initiative d’Estelle et Steve, les gérants, en juillet dernier : « Notre idée était de présenter des produits locaux. Nous habitons Peyre-en-Aubrac et nous avons proposé à la SNCF de louer la gare pour la transformer en épicerie de produits locaux. La direction a répondu un an plus tard et nous avons été intégrés au projet Mille et une gares de Gares & Connexions SNCF. Pour réhabiliter les lieux, l’entreprise publique a donc financé une partie du gros œuvre : « Nous avons postulé et nous avons été sélectionnés en 2021. » Les travaux ont suivi, avec une ambiance de gare, justement : « Nous avons conservé un côté industriel ; a gardé l’âme du lieu. Et nous voulions employer des artisans locaux. Charcuteries, fromages, vins, bières et divers produits locaux remplissent joliment les étals, avec un petit espace bar : « Des gens du monde entier passent par ici. J’ai dû rafraîchir mon anglais. rigole Estelle. « Nous transportons nos produits le long des voies ferrées, comme à l’époque des trains de marchandises. » ajoute-t-elle. Ici, l’aventure ferroviaire continue mais à des années lumières du sandwich SNCF.
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