Par
Solène Lavenu
Publié le
9 novembre 2024 à 8h32
; mis à jour le 9 novembre 2024 à 8h35
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Herbes et prairies, le cordon dunaire, les moutons des prés salés paissant, au fond, la plage de Hauteville-sur-Mer (Manche).
Le cadre est idyllique à proximité du Ferme du Marais à Montmartin-sur-Mer. Construit sur une presqu’île, la structure existe depuis 1956.
“Ce sont mes parents qui ont tout monté”, expliquepropriétaire actuel, David Lecordier. Au-delà duélevage de moutonsla ferme propose également un camping d’une vingtaine d’emplacementset hébergement.
Le tout entouré de mer. C’est ce qui fait son charme. C’est aussi ce qui fait aujourd’hui sa chute. La mer monte. Rapide ces dernières années.
De déception en déception
« Quand je me suis installé en 1993, je ne voyais pas de sable », assure l’agriculteur. Aujourd’hui, la langue de sable n’est plus qu’à une centaine de mètres. Ces terres diminuent, conquises par la mer. Voilà donc une semaine qu’il fait ses valises. Mais il y a des choses à faire bouger. Le matériel agricole a déjà été vendu. Les animaux ont déserté l’étable.
Si l’État n’avait pas évoqué la relocalisation, je n’aurais jamais eu l’intention de partir. Ma vie était ici.
« Nous avions 900 animaux, des moutons. J’ai tout vendu. Nous avions aussi quelques ânes. Encore une fois, ils sont vendus. Dans quelques semaines, David devra mettre un terme à 31 ans de carrière. Plus de 52 ans de vie passés ici.
” Dans juillet 2019un ministre est venu annoncer que la ferme allait être déplacée devant les caméras. » David est étonné. Personne n’est venu l’avertir. Il avait bien sûr entendu des rumeurs tenaces. “Simple bruits de journalistes», a-t-il assuré lorsqu’il s’en inquiétait.
Mais après l’annonce, rien ne se passe. Pas de courrier, pas d’autres nouvelles. Il y a encore ça confirmation de déménagement. Alors, « on a mis la ferme en vente, pour voir ce qui se passe… Mais évidemment, dans ces conditions… »
Il n’a pas pas d’offre d’achat. Les jours passent. «Je n’avais pas l’angoisse d’être dépassémais savoir ce qui allait se passer », assure David.
Rencontre avec Élisabeth Borne
Dans Février 2020lui et son épouse ont finalement été invités à rencontrer la ministre de l’Ecologie, Élisabeth Borne, en visite à la salle des fêtes de Montmartin-sur-Mer. « Nous avions rendez-vous au point culminant de la commune avant de prendre un verre à la salle des fêtes. »
C’est là encore, au milieu des discours, que David apprend que sa ferme va être rachetée par le Conservatoire du Littoral.
Mais nous devons encore être d’accord sur le prix. Tout d’abord, l’offre est incroyablement basse. David veut négocier. Mais il est pieds et poings liés.
Je pourrais refuser l’offre. Mais la préfecture pourrait fermer le camping en raison des risques de submersion. Avec la réduction de mes terres, j’aurais dû réduire mon cheptel, et surtout, l’Etat n’était plus obligé d’entretenir les digues, et sans digue, la ferme pouvait être inondée à chaque coefficient élevé…
En juin 2024, il décide d’accepter l’offre. Il se résigne à quitter sa vie et sa ferme de Montmartin-sur-Mer. Il signera l’offre finale devant notaire le 19 novembre.
Place à une nouvelle vie
Il faut alors tout vider. « Nous remettons les clés. Ce sera fini ! » La page de la ferme du Marais va définitivement être tournée.
« Bien sûr, il y a eu des moments difficiles. Pendant un an, j’ai perdu mes repères. C’est dur de vivre tous ces moments, mais aujourd’hui c’est un nouveau départ. “David abandonner l’agriculture. Trop dur, trop de contraintes, de normes, de papiers.
C’est un excellent travail, mais j’ai atteint la fin.
Avec Claudine, son épouse, ils achètent un camping à Sainte-Mère-Église. Une nouvelle vie. « Nous avons visité plusieurs sites. »
Certains leur ont plu, mais il y en a encore déceptions . La première nécessite de créer le camping, « trop compliqué en termes de papier ». Un autre les intéresse. « Nous avons fait une offre mais le propriétaire n’était finalement plus vendeur. »
Dernière déception. Pour acheter son camping, David compte aussi sur Aide européenneauquel il peut prétendre.
Mais, au moment de faire une offre sur le camping Sainte-Mère-Église, « ils m’ont expliqué qu’à terme pour pouvoir y prétendre, il faudrait faire du travail. Bref, je n’avais plus droit à rien. C’est la Région qui reprend le dossier. Plus de papiers. Plus de stress.
Une aide qui sauve des vies
« Il a fallu monter le dossier en deux jours. » Heureusement, David peut compter sur des amis pour l’aider dans ses démarches.
Cette aide représente son dernier espoir de pouvoir reconstruire sa vie sans trop perdre de plumes.
Ils nous ont brisés moralement.
« On a enfin eu la réponse lundi 4 novembre, ça tombe bien ! » David peut respirer et vraiment se projeter dans le futur. Il est prêt. Il y a deux semaines, il a dit au revoir aux derniers campeurs de la ferme du Marais.
Il imagine désormais les recevoir à Sainte-Mère-Église. « Mais attention, conclut-il prudemment, ce n’est pas encore signé. » »
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