Le rapport des experts se veut une grande avancée, pour un partage équitable des revenus issus de la production de canne en Guadeloupe. La survie de tout le secteur agricole, localement, en dépend, après deux campagnes sucrières catastrophiques. Une révision de la méthode de calcul de la richesse sucrée est nécessaire ; ceci est au cœur de fortes tensions, entre planteurs et usines notamment. Il s’agit désormais de répondre aux revendications des producteurs, qui réclament une juste rémunération de leur travail.
Rémunérer équitablement tous les acteurs de la filière canne est avant tout une question de calcul. La formule actuelle, très complexe, utilisée pour mesurer la richesse en saccharine de la production, est considérée comme obsolète. Or, ce critère est indispensable pour fixer le prix de la tonne de canne.
Une révision est donc nécessaire.
C’est ainsi qu’un «Groupe d’experts pour la révision de la formule de richesse“ la saccharimétrie de la canne à sucre a été mandatée par l’État, la Région et le Département de Guadeloupe, ainsi que les professionnels du secteur. Sa mission : développer une méthode équitable de calcul des revenus issus de cette production.
Ce groupe a remis son rapport il y a quelques jours, après cinq réunions entre le 6 juin et le 26 septembre 2024. Le document compte 136 pages. Il revient sur l’évolution de la richesse en sucre au cours des 60 dernières années.
La conclusion est qu’il faut simplifier la formule, la rendre plus transparente, supprimer les éléments inutiles et mieux adapter les prélèvements aux volumes importants actuels. Les huit experts proposent également d’intégrer des outils de suivi, en temps réel, pour valoriser les mélasses, la bagasse et le sucre en vrac. Il s’agit donc d’assurer un paiement qui ne nuise pas aux producteurs.
C’est indiscutable, ça parle, c’est mathématique, les chiffres sont là (…). Aujourd’hui, c’est la valeur de tous les sucres qu’il faut prendre en considération. Soit une moyenne de tous les sucres. Nous approchons pratiquement des 800 €/t.
Alex Bandou, secrétaire général de l’Union des Producteurs de Guadeloupe (UPG)
Les recommandations du rapport visent à faciliter les futures négociations dans le secteur.
Ces travaux ont été réalisés en amont de la campagne sucrière 2025, qui ne peut souffrir des blocages et perturbations des deux années précédentes.
Souvenez-vous : un groupe de planteurs dénonçait, à travers leur mobilisation en 2023 et 2024, leurs faibles revenus qui ne reflètent selon eux ni leur travail acharné, ni les revenus réels de la canne.
L’ensemble de la profession avait souffert du retard du lancement des vendanges. A A LIRE AUSSI :
Les planteurs du Kolèktif paysan (KDA), à l’origine des mobilisations de 2023 et 22024, sont même prêts à avancer la date des récoltes de 2025. La proposition a été faite au directeur de l’usine Gardel du Moule.
Nous lui avons même proposé de commencer la récolte des cannes à partir de janvier, car la DAAF a pu identifier plus de 200 000 tonnes de cannes non coupées.
Wilhem Monrose, planteur de canne à sucre, président de la KDA
A un peu plus de deux mois du début de la prochaine saison, aucun acteur du secteur ne veut répéter ce conflit.
REPORTAGE/
Journaliste : Rudy Rilcy
Mécanicien : Guylhane Raabon
Mixeur : Justin Mirval
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