Par
Renaud Vilafranca
Publié le
8 novembre 2024 à 19h16
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« Nous avons vraiment peur que cela mette en danger l’establishment. ” UN climat étouffant tombé sur le lycée Condorcet, à Limay (Yvelines), d’un cours sur la représentation infernale en poésie, du Moyen Âge au XVIIIe sièclee siècle.
Contre toute attente, cette séquence pédagogique a déclenché une polémique inattendue auprès d’une poignée d’élèves, l’un d’eux allant jusqu’à accuser l’enseignant de blasphème contre l’Islam et le menacent insidieusement de représailles.
A l’heure du « procès Paty », les services de l’Etat prennent l’affaire très au sérieux
Alors que le procès de l’affaire Samuel Paty s’est ouvert lundi 4 novembre 2024 à Paris et que l’établissement fait régulièrement l’objet d’intrusions d’éléments extérieurs, l’assassinat en 2020 de ce professeur d’histoire à la sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine pour avoir montré ses élèves caricatures de Mahomet est dans toutes les têtes. Les services de l’État prennent le sujet très au sérieux.
Un étudiant demande à voir une représentation de l’Enfer dans l’Islam
Courant octobre, dans un deuxième classelors d’un cours de français intitulé « Bienvenue en enfer », un élève demande au professeur de montrer des « images » représentant cette notion chez les musulmans.
Elle tergiverse, prend le temps de consulter ses collègues et, 10 octobreau cours suivant sur le même sujet, refuse de montrer ces illustrations.
« J’ai expliqué aux étudiants ce que j’avais vu sur Internet. Cela allait à l’encontre de mes valeurs. Par respect pour [ceux] de confession musulmane, par respect pour les autres confessions et par respect pour l’establishment, je leur ai expliqué que je ne leur montrerais pas, mais qu’ils étaient libres d’aller faire leurs propres recherches », note-t-elle dans un rapport que 78 nouvelles ont pu consulter.
« Madame, à quelle heure finissez-vous ? »
C’est alors qu’un autre élève a réagi sur un ton accusateur : « Madame, ce que vous dites est sérieux. Vous voulez dire que vous avez vu le prophète avec des femmes en enfer. « Incompréhension ? Provocation? Insolence?
Pourtant, il s’adresse immédiatement menacesà peine voilée à son professeur : « D’ailleurs Madame, à quelle heure finissez-vous aujourd’hui ? Je pense que le mardi tu finis plus tôt ? Et jeudi aussi ? » En sortant de la chambre, il dira même : « Madame, prenez soin de vous en rentrant ce soir… »
L’enseignant appelle immédiatement le mère de cet adolescent . Une demi-heure plus tard, ce dernier viendra s’excuser, assurant que ses menaces ne doivent pas être prises au sérieux.
L’affaire ne s’arrête pas là
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Dans les jours qui suivirent, dans chaque classe, le premier élève, celui qui voulait voir des images de l’Enfer selon l’Islam, revint curieusement, insistant pour que le professeur montre ces éléments à la classe. Le professeur, en congé de maladieDepuis, ne cédez pas. « Son attitude est de plus en plus agressive au fil des jours », note-t-elle dans un autre reportage.
Un rapport au rectorat
« Nous pensons que cette demande était un piège tendu à notre confrère pour ensuite l’accuser de choses et d’autres. Elle était la cible de questions malsaines de la part de ses élèves et subissait une certaine pression », explique une autre enseignante de lycée polyvalentoù l’équipe dénonce depuis des années des problèmes d’insécurité et de manque de ressources.
Selon nos informations, le ddirecteur académique adjoint craignant dans un premier temps « un cas grave de radicalisation », a saisi le rectorat.
Ils ne montrent aucun signe de radicalisation
Selon d’autres sources, ces deux garçons – contre lesquels un procédure disciplinaireétait fiancé – et leur famille est inconnue de la police et ne montre aucun signe de radicalisation.
« Il se promène toujours dans l’école avec un sentiment d’impunité. Nous avions demandé qu’une mesure d’éloignement soit prise à leur encontre. »
Une curieuse intrusion sème un peu plus de panique
Et événement mystérieux consignée dans un « establishment fact », sorte de manuel interne, est cependant venue semer la confusion sur les proportions qu’aurait pu prendre cet incident. « Mardi 15 octobre : une professeure de mathématiques voit un élève entrer dans sa classe. Sans regarder le tableau ni les élèves, il s’approche d’elle et lui demande si elle est professeur de français. Elle souligne qu’il n’est pas étudiant. Aucune réponse. »
Aucun lien ne peut être établi pour l’instant entre l’incompréhension initiale et cette intrusion. Cependant, la direction de l’école a immédiatement pris les choses au sérieux. Dès le 16 octobre, la direction des services académiques, de la police et informations territorialesont été alertés de la situation.
Psychose deux jours plus tard
On craignait le pire deux jours plus tard. Le 18 octobre, une nouvelle intrusion – « ils sont fréquents dans l’établissement » souligne un enseignant – provoque une véritable panique dans ce contexte particulier, mêlant cette affaire intérieure et l’hommage national rendu quatre jours auparavant à Samuel Paty et Dominique Bernard.
Vers 14 heures, un ancien élève de 17 ans a échappé à la vigilance du portail pour pénétrer dans l’enceinte du lycée et perturber plusieurs cours. Il est parti avant l’arrivée des policiers, déployés en nombre alors que l’établissement est resté confiné plusieurs heures.
Selon l’enquête policière, ce garçon, placé en garde à vue en fin de journée, « n’avait pas aucune intention criminelle » et est venu dans le but de faire une blague. « Cette intrusion n’a absolument aucun lien avec la polémique initiale », insistent plusieurs sources proches du dossier.
L’Inspection Académique est venue à la rencontre des enseignants
Lundi 4 novembre, des cadres de l’Inspection Académique sont venus rencontrer les personnels, qui bénéficient de cellule d’écoutesuite à ces événements. Des agents de la Région Île-de-France, dédiés à la sécurité du lycée, ont également été déployés à Condorcet en ce jour de rentrée pour calmer le jeu. Sans savoir si cela est lié à toute cette pression, le proviseur a pris un arrêt maladie le lendemain.
« La Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale rencontrera prochainement la police afin de définir un plan d’actionafin de sécuriser l’établissement», ajoute une Source à l’académie.
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