Elon Musk a acheté X il y a deux ans. Il s’en sert depuis comme tribune et a largement soutenu Donald Trump lors de l’élection américaine. Il pourrait devenir ministre. Est-ce un problème ?
Elon Musk a racheté Twitter devenu X il y a deux ans, mais il n’en est pas le patron. Il est propriétaire et nous avons une PDG Linda Yaccarino, qui vient de NBC Universal, qui dirige l’entreprise. Dans son utilisation de la plateforme – sans commenter les élections américaines – Elon Musk est un utilisateur comme les autres. Cela peut être une plateforme, c’est à chacun de l’utiliser comme telle. Pour anticiper les questions que nous nous posons, il existe des études réalisées aux États-Unis par des tiers qui démontrent que la population d’utilisateurs du pays. Aux États-Unis, il y a même un peu plus de démocrates que de républicains sur le programme électoral.
Aux Etats-Unis, son attitude a fait fuir les abonnés. On parle de 30% des utilisateurs ayant quitté la plateforme et des revenus publicitaires ayant fondu. Comment réagissez-vous ? Et en France ?
Ces chiffres sont faux. C’est la liberté de chacun de s’exprimer, cependant, je remets en question certaines des méthodologies utilisées. En l’occurrence, sur l’ensemble de la plateforme par rapport à l’année dernière, la population est en hausse de deux ou trois points. Très loin de la baisse de dizaines de pour cent que nous annonçons. Dans notre pays, ce qui fait foi, c’est Médiamétrie. En juillet, elle annonçait 21 millions d’utilisateurs mensuels sur X. C’est un record absolu, nous n’avons jamais eu autant de monde depuis que Médiamétrie mesure notre audience. Ce qui est également intéressant, c’est l’utilisation. Le Ballon d’Or a par exemple fait 3,2 milliards d’impressions en trois jours. La santé de X est bonne, n’en déplaise à certains qui voudraient nous voir échouer.
Vous étiez sur Twitter avant l’arrivée d’Elon Musk. Vous êtes l’un des rares dirigeants à être resté suite au rachat et vous avez eu l’occasion de le rencontrer. Vous parlez de lui comme d’un visionnaire…
Je ne suis pas le seul à dire cela. Ce qui est intéressant, au-delà des images caricaturales, c’est de voir ce qui est accompli. Elon Musk a le droit d’avoir ses propres opinions, on n’est peut-être pas toujours d’accord avec lui, c’est mon cas. En revanche, ce qu’il réalise est impressionnant. Je vois le changement depuis deux ans, nous n’avons jamais autant innové et je suis dans l’entreprise depuis dix ans. Il porte cette dynamique.
« Elon Musk a le droit d’avoir ses propres opinions, on n’est peut-être pas toujours d’accord avec lui, c’est mon cas. En revanche, ce qu’il réalise est impressionnant.”
La France est l’un des pays d’Europe où X est le plus utilisé, avec l’Angleterre. Qu’est-ce qui rend le marché français unique ?
La typologie d’usage ressemble à ce que l’on observe dans d’autres pays. Cela peut paraître surprenant, mais le premier usage concerne, et de loin, le sport. Nous avons plus de 20% d’utilisateurs qui sont là pour le sport, notamment le football en France. Les usages se multiplient pour Roland-Garros, le Tour de France… Le MMA est en plein essor. Le gaming a toujours été très fort, viennent ensuite les divertissements et les séries. La politique n’est que le cinquième sujet. Il existe toute une population de leaders d’opinion, politiques ou journalistes, qui sont très actifs mais cela ne représente pas la majorité des usages sur notre plateforme.
Vous avez créé des comptes payants. Pour quelle raison ?
Il y a deux raisons à cela. La première est une nécessaire diversification de nos revenus pour ne pas dépendre uniquement de la publicité. La deuxième motivation est la lutte contre les faux comptes et les bots. Avoir un compte à la fois payant et nécessitant quelques démarches administratives permet de nettoyer les mauvais comportements.
Comment lutter contre les fake news ? X est régulièrement épinglé à ce sujet…
Je pense que c’est un faux procès. La grande force de X, comme ce fut le cas pour Twitter, c’est d’être très rapide. Nous sommes dans l’instant présent, dans l’information. C’est pourquoi nous disposons de chiffres significatifs pour des événements majeurs comme les Jeux olympiques ou les élections. Le corollaire est la désinformation. Nous avons compris cet enjeu et nous avons déployé, depuis deux ans, un outil appelé Community note. Ce système permet aux contributeurs d’ajouter des notes contextuelles à une publication, qui peuvent se résumer à « c’est vrai, c’est faux ». Mais une étude menée par HEC a montré que dans 80 % des cas, la personne supprimera son poste.
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