« Aucun regret. » La réponse brutale de Gérald Akoun a le mérite d’être claire. Propriétaire de l’entreprise de restauration de Port Lauzières depuis cinq ans, l’homme de 55 ans a terminé sa saison le 27 octobre avant de rouvrir en mars 2025. Pas de retour en arrière sur sa reconversion, ni sur l’investissement dans cet établissement, à l’origine une ancienne cabane ostréicole. datant des années 1960, à proximité du port du Plomb à Nieul-sur-Mer. Quand on regarde le panorama, difficile de lui prouver qu’il a tort. Il suffit de tendre la main pour rejoindre au loin l’île de Ré avec son viaduc ; même le ciel argenté de novembre ne gâche rien.
Son restaurant, comme le Café de la mer et une maison voisine, se trouve à moins de dix mètres du bord de la falaise. Un enrochement créé après la tempête Xynthia en 2010 protège le littoral actuel sur une largeur de 3 à 4 mètres. « Avant d’acheter, les précédents propriétaires nous avaient dit que de l’eau était entrée pendant Xynthia mais rien de catastrophique », précise l’actuel gérant. Passionné de planche à voile, Gérald Akoun a constaté que la direction de la houle et du vent semble préserver cette partie du site. Sauf cas de mauvais temps manifestement, « lors des derniers orages, nous avons eu deux jours à 80 km/h et à 113 km/h, nous avons dû remplacer deux bâches sur la terrasse. »
En 2023, la commune de Nieul-sur-Mer rejoint les 23 communes du département dont l’urbanisme doit s’adapter au déclin du littoral. Au sujet des tempêtes et de l’érosion, Gérald Akoun connaît les risques : « même si on n’y pense pas tous les jours, on comprend une fois sur place que tout est lié à la fréquence de l’événement ». Pour lui, les risques sont faibles à moyen terme mais l’homme n’est pas naïf : « si jamais on me demandait de devenir propriétaire des murs et du terrain, je demanderais à un géomètre d’analyser la falaise ». Une manière de se rassurer pour éviter de découvrir une situation similaire à Chef de Baie où l’océan ronge les falaises de l’intérieur, ce qui provoque un risque d’effondrement.
Organisés et ancrés dans leur époque, Gérald Akoun et sa compagne Ève comprennent bien la culture du risque liée aux sujets environnementaux et leurs outils de travail. Ils ont progressivement développé leur restaurant dans une démarche RSE (1) qui leur a également valu une place parmi les six finalistes des Trophées Résonance de Bordeaux. Panneaux photovoltaïques, recyclage, circuits courts, le restaurant se veut également inclusif pour tous les types de handicap.
Le couple de restaurateurs a eu la chance de trouver un logement à Nieul, à proximité de leur établissement. Un plus indéniable pour la qualité de vie mais qui ne va quand même pas sans contraintes. Leur logement est en zone inondable en cas de Xynthia + 20. Le gérant note les petites contraintes de vivre et travailler au bord de l’océan : “chez moi, je bénéficie d’une aide pour l’installation des batardeaux mais pas pour le restaurant”.
(1) Responsabilité sociétale des entreprises, c’est-à-dire la contribution des entreprises aux enjeux sociaux et de développement durable.
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