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en Indre-et-Loire, la difficile gestion du budget des petites communes

« Nous comptons l’argent chaque jour. » Marc De Becdelièvre peut en témoigner. Gérer le budget d’une petite ville n’est pas une tâche facile. Comme plusieurs maires, il doit chaque année tenter de répondre aux besoins de ses administrés avec les ressources qui lui sont allouées. Non sans difficultés.

Maire de Boussay, sa commune de 237 habitants dispose d’un budget d’environ 280 000 €. Dont “une grande partie” une partie à l’entretien des 30 km de routes de son territoire, et une autre, toujours en augmentation, finance l’emploi du personnel municipal. Soit la moitié du budget de fonctionnement.

« Faire autant, voire mieux, avec moins »

Comme toutes les communes, Boussay dépend de deux sources de revenus : les subventions de l’État et les impôts locaux. Mais au fil des années, la part des impôts locaux a diminué. La réduction puis la suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales en 2023 a enlevé le dernier levier qui restait aux communes pour ajuster leur budget. Le taux d’imposition était fixé individuellement par chaque commune. « On ne vit que de dotations, et non plus de ressources »souffle Marc De Becdelièvre.

Cette suppression ? “Une connerie”» a proclamé mercredi 6 novembre 2024 Michel Fournier, président national de l’Association des Maires ruraux lors de l’assemblée générale de l’antenne d’Indre-et-Loire à Saint-Quentin-sur-Indrois. «Cela nous a déconnectés de nos électeurs»assure le maire de Voivres (Vosges), qui plaide pour la création d’un nouvel impôt local lié à la superficie des communes.

Michel Fournier, président national de l’Association des Maires ruraux, lors de l’assemblée générale de la branche Indre-et-Loire, à Saint-Quentin-sur-Indrois, mercredi 6 novembre 2024.
© Photo NR, Thomas Roche-Bayard

« Nous n’avons quasiment plus la main sur les finances de nos communesalerte Jérôme Field, président de l’AMR en Indre-et-Loire, et maire de La Roche-Clermault. Aujourd’hui, nous en sommes réduits à quémander de l’argent auprès de l’État. »

Baisse des allocations

Et l’État, de son côté, envisage de se serrer la ceinture. Le projet de budget présenté par le gouvernement début octobre prévoit notamment une réduction de 800 millions d’euros de l’enveloppe allouée au Fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA).

Grâce à ce fonds, l’État rembourse aux communes une partie de la TVA payée par elles lors de leurs dépenses d’investissement. UN « rabotage » vécu comme un « difficulté supplémentaire »déclare Jérôme Field.

Et les projets ne sont pas toujours faciles à mettre en œuvre. Olivier Flaman, maire de Genillé, attend toujours la rénovation du chauffage de la salle des fêtes de sa ville. Lancé il y a deux ans, le dossier a été ralenti par de multiples démarches administratives et la facture alourdie par l’inflation.

« Ce genre de gestion pluriannuelle est compliqué pour une petite commune comme nous »explique le maire. Il juge l’activité financière d’une commune, qui fonctionne à l’année, difficile à concilier avec des projets à long terme.

« Un stress énorme »

Certaines communautés ont du mal à joindre les deux bouts. “Quand une commune n’a pas de réserves, peu de subventions de l’Etat, peu d’habitants, c’est très compliqué”souffle Jérôme Field.

Les élus locaux doivent cependant réussir à débloquer une petite épargne, appelée “capacité d’autofinancement” (Café). Il devrait permettre de financer des projets municipaux sans recourir à l’emprunt.

Jérôme Field témoigne du « un stress énorme » ce qui peut peser sur certains élus pour payer les dernières factures. “En fin d’année, on a des collègues qui n’arrivent pas à équilibrer le budget de fonctionnement”rapporte Jérôme Field. Mais il aime le répéter : il estime que les maires ruraux sont capables de « faire autant, voire mieux, avec moins ».

 
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