En 2016, la commune de Tassin-la-Demi-Lune a imposé un menu unique dans les cantines scolaires. Les parents d’élèves ont obtenu du tribunal administratif qu’il ordonne au maire LR de proposer un menu de substitution aux enfants.
Anissa Mezhoud souhaite s’affranchir de tout « logique communautaire ». Et salue la décision du tribunal administratif (TA) de Lyon, qui a ordonné, le 22 octobre, au maire de Tassin-la-Demi-Lune d’abroger le menu unique proposé dans les cantines de cette commune de 22 700 habitants de la métropole de Lyon. Lyon. Membre d’un collectif de parents d’élèves d’un des cinq groupes scolaires de la ville, cette mère de trois enfants s’est attaquée à cet état de fait en 2022, aux côtés de la Licra. “C’est la dérive d’une mauvaise interprétation de la laïcité, qui prend les enfants en otage, qui va à l’encontre de la cohésion sociale essentielle en ce moment dans notre pays.elle explique à Libération. Ma seule boussole est de vivre ensemble.
Depuis 2016, Pascal Charmot, maire Les Républicains de Tassin-la-Demi-Lune, a instauré un menu sans substitution pour les enfants qui ne mangent pas de viande, invoquant de nouvelles contraintes logistiques dans la fabrication des repas, suite à la mise en place d’un service public. délégation (DSP) avec un prestataire de restauration collective, Sogeres. Ce changement de mode de gestion a fait l’objet d’une délibération du conseil municipal du 6 juillet 2016. « Certes, le cahier des charges pour le renouvellement de la DSP n’impose pas la suppression des menus de substitution mais suggère que le prestataire fournisse un menu unique », a souligné le rapporteur public lors de l’audition du 8 octobre du TA de Lyon.
Respect du végétarisme et du gaspillage alimentaire
« La cantine est un lieu de socialisation dans l’école publique qui m’est cher, les enfants doivent pouvoir déjeuner ensemble quelles que soient leurs habitudes alimentaires »souligne Anissa Mezhoud. Ce cadre d’une grande entreprise réclame la mise en place d’un deuxième plat principal sans viande. Pour l’instant, les étudiants qui ne souhaitent pas manger de chair animale doivent se contenter d’un seul “légume” ou un “féculent” offert dans le cadre d’une partie de“accompagnement” par Sogères. Le groupe de parents plaide également le respect du choix du végétarisme et de la problématique du gaspillage alimentaire, renforcés selon eux par l’absence d’alternatives dans les assiettes.
“La loi autorise aujourd’hui des menus de substitution, le juge [administratif] demande ici de les réintroduire», résume l’avocate d’Anissa Mezhoud, Me Maëlle Comte, du cabinet Admys, spécialiste des collectivités territoriales et de la laïcité. La mairie de Tassin-la-Demi-Lune a annoncé le 6 novembre dans un communiqué vouloir faire appel de cette décision du tribunal administratif, dont « la ville en prend acte, avec étonnement et sérieux ». « Ce jugement est évidemment politique et c’est grave qu’il le soit »dénonce le maire Pascal Charmot, cité dans le communiqué, concluant que “c’est l’expression des élus en général qui est en danger”. Selon lui, « la jurisprudence, à défaut de loi, précise que ces menus [de substitution] ne sont pas obligatoires mais doivent être maintenus s’ils existaient, mais ces derniers n’existaient pas et aucun document officiel ne l’atteste. […] Alors comment remettre en place quelque chose qui n’existait pas ? A moins que le juge ne me fasse une liste de courses !
« Erreur de droit »
Toutefois, cette version est mise à mal par la décision du tribunal administratif de Lyon, pour laquelle “cela ressort des pièces du dossier” quoi « le maire a expressément confirmé lors de la séance du conseil municipal du 1er juin 2016 que le choix du délégué se ferait “dans un esprit de laïcité» confirmant ainsi que des menus de substitution ne seraient plus proposés aux étudiants. […] La municipalité de Tassin-la-Demi-Lune, qui ne conteste pas que de tels menus étaient proposés auparavant, ne peut sérieusement soutenir qu’aucune décision supprimant les menus de substitution n’a été prise en 2016. Par conséquent, la raison invoquée par la municipalité « justifier la suppression des menus de substitution est entaché d’une erreur de droit »note le tribunal.
“Le recours n’est pas suspensif et ne donnera pas lieu à une nouvelle décision [de justice administrative] avant 2026»indique Me Comte. La collectivité devrait en théorie notifier dès maintenant à la Sogeres la nécessité de négocier un avenant au DSP qui, si ce dernier était contesté par le prestataire, pourrait donner lieu à la résiliation du contrat et à la publication d’un nouvel appel d’offres. . offres publiques. En attendant, la mairie est donc sommée par la justice administrative de rétablir un menu de remplacement d’ici six mois, soit avant la prochaine rentrée scolaire.
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