Des réquisitions qui ont surpris une partie de la cour. Le jugement sera prononcé ce vendredi.
Tout au long de ce procès qui a débuté lundi, le point qui a divisé le tribunal correctionnel de Nîmes a été la question du proxénétisme. Si Emma* a soutenu à plusieurs reprises qu’elle avait été “vendu” par son père à une quarantaine de personnes, dont Elise* et Luc*, le couple d’amis de son père, ces derniers ont toujours nié ces accusations. Ce jeudi 7 novembre, lors de leurs interrogatoires, ils ont réitéré leurs déclarations. « Je le jure, je n’ai jamais touché Emma ni un seul enfant. Ce qu’elle dit me rend malade.déclare Luc en larmes. Tous deux accusés de viol, d’agression sexuelle et de proxénétisme, ils encourent jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle.
La sexualité débridée longuement discutée
Durant ces quatre jours de procès, pour tenter de savoir s’ils ont joué ou non un rôle dans cette affaire, le tribunal les a longuement interrogés. Tout d’abord, sur leur « une sexualité débridée ». Sexe en groupe, usage d’objets sexuels en tout genre ou encore messages très explicites échangés avec Samuel, le père d’Emma, tout a été décortiqué. « Comprenez-vous que vous entretenez une relation inhabituelle avec Samuel ? Vous vous envoyez des photos de vos pénis en érection et vous parlez beaucoup de sexualité”», soulève David Malicot, le procureur général. Une relation particulière que le couple reconnaît, mais ils nient avoir connaissance des viols ou de l’attirance de Samuel pour les jeunes enfants. “J’avais toute ma confiance en lui, j’aurais même pu lui laisser mon fils”continue Luc. Et justement, sur la relation entre Samuel et leur fils, le tribunal s’interroge sur un point : « Pourquoi avez-vous envoyé une photo de votre enfant à Samuel alors qu’il était incarcéré pour avoir violé sa fille ?interroge le procureur général. “Nous ne pensions pas que c’était vrai, cela semblait impossible”répond Elise en ajoutant entre deux sanglots : “Ce qu’on veut savoir aujourd’hui, c’est s’il a fait des choses à notre fils”.
“Si elle m’avait parlé de ces viols, nous l’aurions aidée”
Quant à savoir pourquoi Emma les accuserait à tort ? « Je ne sais vraiment pas pourquoi. Elle était comme ma fille. Si elle m’avait parlé de ces viols, nous l’aurions aidée. Je ne comprends pas”assure-t-elle. Outre les déclarations d’Emma, l’autre témoignage qui met en cause le couple est celui de l’ex-détenu. Un témoignage qui s’appuie sur les déclarations que lui a faites Samuel et que ce dernier reconnaît avoir exagéré pour « booster » auprès de son compagnon de cellule. De quoi faire réagir les avocats du couple, Me Merah et Me Roux : « Vous ne parlez des viols à personne, mais à votre codétenu, vous lui racontez tout en détail et en exagérant, et vous impliquez vos amis pour la première fois. Tu comprends bien qu’aujourd’hui, tous deux sont là grâce à la proximité qu’ils avaient avec toi !
Si l’on fait abstraction de leur simplicité d’esprit, nous sommes dans l’Outreau du Gard
Autant d’incertitudes qui seront soulevées par l’avocat général lors de ses réquisitions. S’il ne revient pas sur les viols subis par Emma, des actes que son père a reconnus, l’implication des trois autres accusés l’interroge. « Si l’on fait abstraction de leur simplicité d’esprit, nous sommes dans l’Outreau du Gard (en référence à l’affaire Outreau, où dix-sept personnes ont été accusées d’agressions sexuelles sur mineurs et où finalement treize ont été acquittées, NDLR)», indique-t-il, tout en précisant : « Avons-nous eu à un moment donné un message suggérant une relation rémunérée entre les différents accusés ? Non, nous avons juste un climat suspect. La grand-mère était-elle au courant ? Il n’y a aucun élément dans le dossier”. Concernant les déclarations d’Emma, là aussi le procureur général se veut prudent. «Je ne dis pas qu’elle ment. Mais je ne peux pas non plus dire que ses déclarations ont été constantes tout au long de cette procédure. Sur les viols à La Vis, quand je l’interroge, elle me dit qu’il n’y en a pas eu. Mais lors de ses auditions, elle a dit oui. Où est la vérité ?il explique.
« Vous repartirez avec certains secrets avec vous »
Face à ces zones d’ombre persistantes, le procureur général demande l’acquittement du couple et la libération de la grand-mère. En revanche, pour le père, il requiert la peine maximale, soit vingt ans de réclusion criminelle. Et s’il exclut les faits de proxénétisme, il inclut l’agression de sa deuxième fille. Une agression que Samuel a toujours contestée. « Dans ce type de dossier, on s’attend toujours à des rebondissements. S’il y en avait un dans celui-ci, c’était l’aveu de la deuxième agression commise sur son beau-fils. Ce qui nous laisse penser que, évidemment, vous partez avec certains secrets avec vous, et que nous n’aurons pas bien fait notre travail… »souligne-t-il également. Reste à savoir si ce vendredi, le tribunal suivra les réquisitions de l’avocat général lors du délibéré.
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