Mercredi 6 novembre 2024, vingt ans jour pour jour après le bombardement de Bouaké qui a emporté l’un des leurs, de nombreuses familles se sont réunies à Saint-Maixent-l’École, dans les Deux-Sèvres. C’est là, dans l’enceinte de l’École nationale des sous-officiers d’active (Ensoa), qu’a eu lieu l’hommage national à leurs proches, en présence du ministre des Armées Sébastien Lecornu : neuf militaires, dont cinq du Régiment d’Infanterie de Marine (RICM) de Poitiers.
“Nous attendions deux choses : la vérité et la reconnaissance”
Laurence se souvient de sa première fois à Ensoa, avec une photo pour le prouver. A l’époque, elle était aux premières loges lors de la livraison des fourrages à son frère, Philippe Capdeville, qui était en formation à l’école militaire des Deux-Sévrienne. Une trentaine d’années plus tard, c’est pour honorer sa mémoire que la Bordelaise foule le terrain de l’école militaire.
« Cela ne faisait même pas un mois qu’il était parti pour la Côte d’Ivoire lorsqu’il y est mort, rapporte la fille de ce gendarme. Il y est revenu avec un immense plaisir, car c’est là que nous avons passé une partie de notre enfance. » Alors adjudant-chef, Philippe Capdeville faisait partie des militaires morts après le ciblage de la base militaire de Bouaké, le 6 novembre 2004. Neuf jours plus tard, il aurait eu 47 ans.
On dit qu’il est mort pour la France, mais pour moi, il est mort à cause de la France.
Laurence, sœur de Philippe Capdeville, décédée à Bouaké en 2004 Saint-Maixent-l’École
“On dit qu’il est mort pour la France, mais pour moi, il est mort à cause de la France” sa sœur est émue, les yeux encore larmoyants, vingt ans plus tard. Trois ans après le procès qui a condamné en 2021 par contumace trois mercenaires impliqués dans l’attentat, ” sur j’aimerais savoir ce qui s’est passé”. Et connaître, clairement, l’identité et les motivations des sponsors de l’attentat.
Rescapé de l’attentat, au cours duquel il a vu mourir trois de ses camarades à l’âge de 24 ans, Jamel Smaïdi ne tarit pas de soutien. « Cela fait longtemps que nous attendons deux choses : la vérité et la reconnaissance. » Au soir de la commémoration nationale présidée par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, il s’est réjoui d’avoir obtenu le second, en l’absence du premier. “Qu’un ministre fasse le déplacement, pour moi, ça compte”témoigne l’ancien RICM de Poitiers, décoré de la médaille des blessés de guerre, aux côtés d’un autre militaire de troupe et d’un sous-officier.
“La nation n’a pas oublié”
Un signe que “la nation n’a pas oublié”» comme l’a martelé Sébastien Lecornu, devant une centaine de proches de victimes. «Disons combien ont été courageux les neuf soldats morts pour la France et les soixante-dix soldats blessés physiquement et psychologiquement à Bouaké, a ajouté le ministre. Disons combien leur sacrifice nous oblige ».
Et parce que les symboles comptent, les stands de la place du Chevron, où se déroulait la célébration, ont été rebaptisés «stands des sous-officiers de Bouaké». Sur la plaque commémorative, des mots, ceux de l’éloge funèbre prononcé par Jacques Chirac, alors président de la République, lors de la cérémonie d’hommage national aux soldats morts à Bouaké, à Paris, le 10 novembre 2004. Vingt ans après et cinq des années après le déplacement d’Emmanuel Macron à Bouaké, en 2019, cette mémoire restera inscrite à Saint-Maixent.
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