Par
Simon Lenormand
Publié le
6 novembre 2024 à 16h30
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“Aidez-nous, s’il vous plaît.” Depuis plusieurs semaines, les clients ont pu découvrir une affiche d’appel à l’aide sur la devanture de l’épicerie fine et traiteur Au Cochon Gourmand, au Neubourg (Eure). Celui-ci renvoie à une cagnotte en ligne, créée par les enfants des propriétaires de cette entreprise alimentaire historique de la rue Dupont-de-l’Eure, géré depuis 17 ans par Sandrine et Richard Labbé.
A l’origine des difficultés rencontrées par l’épicerie fine, la maladie d’un salarié, en arrêt de travail depuis près de deux ans. Le 1er septembre 2024, elle est finalement reconnue inapte par la médecine du travail. «Nous devons la licencier. Cela nous coûtera environ 16 000 euros », explains Richard Labbé.
En effet, le patron doit indemniser le salarié, embauché par les précédents propriétaires de l’entreprise, pour 18 ans de contrat à durée indéterminée, ainsi que dix semaines de congés payés.
Le 29 octobre, le commerçant a reçu une mise en demeure de payer dans les huit jours. «Nous irons au tribunal du travail. S’ils me forcent à payer, je me retrouverai en cessation de paiement. On risque d’aller en mise sous séquestre et c’est potentiellement la fin de notre activité, résume Richard Labbé. Nous nous battons pour trouver des solutions. Nous essayons de vérifier auprès de nos banques, mais nous sommes un peu à l’étroit en termes de trésorerie. »
La période Covid, toujours pas digérée
En cause : la période Covid, qui a impacté durablement les finances des petites entreprises alimentaires. « Nous avons souffert. L’aide d’État n’était pas un cadeau mais une dette supplémentaire», témoigne Richard Labbé. “Depuis quatre ans, le gaz a triplé et l’électricité a doublé”, ajoute-t-il. Sans compter les augmentations sur ses matières premières. Dans le même temps, le détaillant a tenté de maintenir ses prix « pour fidéliser les clients ».
« La première année, la trésorerie permet d’amortir le choc. Puis de moins en moins, les années suivantes », confie le commerçant. Il constate également que les habitudes des consommateurs ont évolué. « Ils consacrent de moins en moins de budget à l’alimentation », selon Richard Labbé.
Si j’arrête, mes apprentis ne trouveront pas de patron.
Alors que son entreprise est en danger, le patron estime que « la loi est mal conçue pour les petites entreprises « . « Le médecin ne veut plus l’arrêter. La CPAM ne veut plus verser ses indemnités. Maintenant, c’est à moi de payer. Mais je n’y suis pour rien si elle est malade ! »
Avec quatre salariés et trois apprentisla charcuterie est une TPE (très petite entreprise). « Il n’y a pas cinquante épiceries fines dans le coin. Si j’arrête, mes apprentis ne trouveront pas de patron et auront perdu un an», prévient Richard Labbe.
Lettres envoyées aux élus
Le commerçant a envoyé des lettres au député Katiana Levavasseur (Rassemblement National), ainsi qu’au sénateur Hervé Maurey (Les centristes). Le premier s’est engagé à poser une question écrite au gouvernement, ainsi qu’à proposer un amendement, tandis que le second a contacté la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, sans réponse à ce jour. « De toute façon, le temps que la loi change, ce sera fini pour nous », regrette le boucher.
Il continue de travailler de 3h à 16h, six jours par semaine. «Je me lève tôt parce que j’aime mon travail. Mais ma première pensée chaque matin est : « Comment allons-nous faire ça ? » » admet-il. « Si on repart avec des dettes, après toutes ces années de travail… » déplore le traiteur, qui cumule 37 ans d’expérience professionnelle. Au moment d’écrire ces lignes, 2 548 € ont été collectés sur la plateforme Leetchi.
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