Jeudi 31 octobre, Julien Pérès, représentant de la filière ovine du département, a été reçu à la préfecture. Entre ses mains, une question épineuse, celle de la maladie de la langue bleue, ou fièvre catarrhale, qui touche le département et de nombreuses autres régions de France. Une épizootie qui provoque des dégâts considérables sur le bétail : bien que la consommation de produits issus d’animaux infectés soit sans danger, le virus provoque l’avortement des brebis et donc la perte d’agneaux. Un désastre économique pour la filière, qui compte 15 éleveurs professionnels dans le département des Landes et 400 éleveurs, pour un total d’environ 7 000 têtes du cheptel landais.
Réunis autour de la table, la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer), la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail, de la Solidarité et de la Protection des Populations (DDETSPP), le Département, la Chambre d’Agriculture et les syndicats agricoles ont écouté les doléances de Julien. Pérès. «Nous avons regretté l’absence d’un représentant des banques et de la MSA (Mutualité sociale agricole), qui aurait pu aussi nous apporter des solutions», souligne le représentant du secteur.
Compte à rebours
Si l’éleveur a été écouté, il craint de ne pas l’être. « On avait tout bien préparé, chiffres à l’appui, avec la Chambre d’agriculture, mais on sentait que tout était bloqué. Vraiment. La préfecture a confirmé, comme l’avait annoncé le Premier ministre, que le FCO 8 – le variant qui touche actuellement le département – n’est pas pris en charge par l’État (1). Seule la variante FCO 3 est (2) », déplore Julien Pérès.
« 9 000 vaccins arriveront bientôt dans la chaîne d’approvisionnement nationale. Nous vidons la mer avec une cuillère à café ! »
La solution passerait par la vaccination. C’est en tout cas la réponse apportée par les services de l’Etat (lire par ailleurs). « Il existe deux vaccins contre le FCO 8. Le moins cher est en rupture de stock, je l’ai commandé il y a quatre mois. L’autre coûte 10 euros par dose. Cela n’est donc pas économiquement possible sans aide. On nous avait assuré que 9 000 vaccins parviendraient bientôt dans la chaîne d’approvisionnement nationale ! On compte pourtant plus de 8 millions de têtes en France. On vide la mer avec une cuillère à café”
Estimant être « arrivé au bout des discussions avec l’État », Julien Pérès va néanmoins continuer à se battre pour la survie du secteur. « Nous sommes une organisation professionnelle, mais d’autres prendront le relais », estime-t-il. La colère des agriculteurs – qui a débuté en novembre 2023 dans toute la France et début 2024 dans les Landes – est loin d’être éteinte. Ce dossier sera ajouté aux autres. Les tracteurs vont-ils réapparaître ? Le compte à rebours semble avoir commencé.
Que dit la préfecture ?
Contactée, la préfecture indique que cette réunion a permis de « détailler les mesures mises en place pour soutenir les éleveurs, notamment en matière de vaccination volontaire et d’accompagnement des éleveurs ». « Les représentants du secteur ont, quant à eux, exprimé leurs inquiétudes et attentes, notamment concernant la disponibilité des vaccins et l’indemnisation des pertes liées à ces maladies (pertes liées au FCO 8 au même titre que ce qui existe pour le MHE et le FCO). 3)», précise la Source préfectorale. « A l’issue des discussions, tous les participants se sont accordés sur la nécessité de vacciner les animaux afin de prévenir la propagation des maladies concernées et ainsi limiter les pertes pour le secteur. Par ailleurs, le préfet et les services de l’Etat s’engagent à relayer au niveau national les attentes exprimées par les représentants de la filière ovine. »
(1) Début octobre, Michel Barnier a entre autres annoncé la mise en place d’un fonds d’urgence de 75 millions d’euros pour les éleveurs déclarés foyers de FCO 3, ainsi que la vaccination gratuite. (2) Suite à la détection d’un foyer dans le département du Tarn-et-Garonne, la zone réglementée FCO 3 est étendue et touche désormais 174 communes landaises depuis fin octobre.
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