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Deux Algériens sous OQTF condamnés à Cahors pour violences et coups de couteau

Par

Jean-Claude Bonnemère

Publié le

6 novembre 2024 à 19h37
; mis à jour le 6 novembre 2024 à 19h42

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Jeudi 31 octobre 2024, peu avant 15 heures, deux jeunes hommes, âgés de 18 ans (S. et H.), jumeaux de nationalité algérienneont été présentés devant le Tribunal correctionnel de Cahors dans le cadre de la procédure dite de « comparution immédiate ». H. est assisté de Me Amélie Tintilliet et S. de Me Luc Mazars. Un interprète arabe assure la communication avec le public.

Coups de couteau au coeur de Cahors

Trois jours plus tôt, les deux prévenus interpellés par la police nationale de Cahors à la suite de faits de violences aggravées avaient été placés en détention. Les deux frères ont été identifiés comme les auteurs de violences commises sur deux garçons et une fille mineurs, dont la gravité variait entre crachats et coups de couteau provoquant deux jours d’ITT pour l’une des victimes.

Le président Olivier Bataillé présente les faits. Celles-ci ont eu lieu lundi 28 octobre, à 17h50, en haut du boulevard Gambetta, à l’Agora Kébab.

À leur arrivée sur les lieux, les policiers ont constaté que deux jeunes saignaient. Ils ont été transportés à l’hôpital par les pompiers. De leur côté, les jumeaux rentrés chez eux après l’altercation se sont également rendus à l’hôpital où ils seront récupérés à leur sortie par la police.

A priori, la différence initiale serait romantique, ce qui est loin d’être assuré, compte tenu des versions divergentes, y compris de la part des jumeaux. « Officiellement », à la vue de son ancienne petite amie avec un autre garçon (ce que S. avait raconté à la police alors que devant les juges il affirmait ne pas connaître la jeune femme), il lui a craché dessus. L’amie de la jeune fille a alors pris sa défense en expliquant à S. qu’il ne fallait pas frapper une fille. S. serait rentré chez lui et aurait appelé son frère jumeau pour obtenir du renfort. Et tous deux retournent au Kebab, l’un avec un casque et l’autre avec un couteau, « pour régler le problème » raconte l’un des prévenus. Quel problème ?

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La principale victime, un certain P. (ami de la jeune femme) a raconté aux enquêteurs que les jumeaux avaient tenté de le poignarder. L’un des frères vous a-t-il poignardé et l’autre vous a-t-il frappé avec un casque ? Encore une fois, les versions diffèrent. Le président note que les affrontements entre les deux groupes vont se poursuivre à l’hôpital, puis devant le commissariat. Les amis de la jeune fille et son amie se montrent menaçants envers les jumeaux. Ces faits pourraient donner lieu à une nouvelle procédure…

Un crachat qui déclenche la guerre

Aux questions du président Bataillé, S. répond :

– « J’ai craché sur la fille mais ensuite celui qui était avec elle m’a craché dessus, j’ai alors appelé mon frère… » Cet échange de crachats aurait été accompagné d’invectives et d’insultes, avant d’en venir aux mains !

– « Pourquoi as-tu appelé ton frère et pourquoi es-tu revenu sur les lieux ? » » demande le président.

– « Pour régler le problème, parce que P. m’a frappé derrière l’oreille », répond S.

Ce deuxième épisode aurait généré une escalade de la violence. Des blessures sont constatées des deux côtés, sans que leur origine soit clairement établie. Face aux divergences des versions relevées par le président, on ne sait plus exactement qui a commis le(s) coup(s) de couteau.

« Je n’ai pas donné la bonne version à la police, parce qu’elle m’a fait peur ! » S. tente d’expliquer sans autre argument.

Quant à H., employé chez McDonald’s, dès que son frère appelait à l’aide, il quittait son poste de travail pour l’aider. Le président lui demande quelle était sa motivation.

« Mon frère m’a dit qu’il avait été frappé et je suis allé le trouver pour régler le problème ! » raconte H. Il ajoute : « Je voulais juste parler à ces gens, pour arrêter ça ! » Il soutient que dès leur arrivée au Kébab, P. a sorti un couteau, blessant son frère à la jambe. H. affirme n’avoir défendu que son frère. Le président constate que la version des faits a changé. H. répond : « Comme la police ne comprenait pas, je vous ai réservé la bonne version, Monsieur le Président ! » Il n’est pas sûr que le président soit sensible à ce type de flatterie.

– « Et pourquoi tu as pris un casque pour retourner au Kebab ? » insiste le président.

– « On ne sait jamais, il peut toujours arriver quelque chose ! » répond H. Principe de précaution ?

En résumé, le président note que H. a poignardé les deux principales victimes. Quant à S., il se serait contenté de porter des coups.

– « Pourquoi avais-tu un couteau sur toi ? » » demande encore le président.

– « Je l’ai pris au cas où ! » » répond H. toujours selon le même principe.

Les deux frères sous l’OQTF

“C’est difficile de s’y retrouver dans cette histoire de couteau”, observe M.moi le procureur adjoint, puisque les deux accusés ont changé d’avis, des couteaux dans cette affaire. En revanche, plusieurs données ne font aucun doute. Le fait notamment que H., dont le casier judiciaire est vierge, est entré irrégulièrement en en juin 2023, venant rejoindre un autre frère et deux sœurs. Les parents vivent en Algérie, mais la fratrie a évidemment opté pour la France. Arrivé mineur à Toulouse, H. pensait s’installer chez sa sœur, ce qui n’était cependant pas possible. Dès lors, le jeune homme est confié aux services sociaux du département du Lot et à l’association « Lot pour Toits ». De fil en aiguille, il est placé en formation chez McDonald’s de Cahors où il touche 1 200 € par mois. Dès la communication des faits allégués, H. s’est vu notifier par la préfecture du Lot une OQTF (obligation de quitter le territoire français) avec interdiction de retour.

“Je m’excuse pour la gêne occasionnée!” » implore H. Perturbation ?

Quant à son frère S., il est lui aussi arrivé irrégulièrement en France il y a 8 mois. Placé en garde à vue pour vol et dégradations à Toulouse, il a été purger d’une OQTF le 5 août, avec interdiction de revenir sur le territoire français. Jusqu’au jour des faits allégués, S. naviguait entre Toulouse et Cahors. Il avait un travail en Algérie, qu’il a abandonné pour venir en France et retrouver le reste de sa fratrie.

Des agresseurs qui voudraient se faire passer pour des victimes ?

Me Estelle Gaudard, avocate des victimes de ces coups de couteau, s’insurge contre les positions des jumeaux “qui cherchent à se faire passer pour des victimes, alors même que ce sont eux qui ont attaqué les autres”. Elle demande un renvoi pour la détermination des intérêts civils (indemnisation).

Mmoi le procureur adjoint dénonce ces actes de violences ; “Nous ne sommes pas au corral OK!” »

s’exclame-t-elle. Elle proteste contre les actes commis et contre ce qui s’est passé par la suite avec les invectives à l’hôpital et devant le commissariat, de la part des victimes et de leur entourage. Elle appelle à une réponse « rapide et décisive » pour mettre un terme à ce qui s’est passé. Cela nécessite :

– contre S. une amende de 300 €, un an de prison avec obligation de quitter la France, une interdiction de détention d’arme pendant 5 ans et un maintien en détention,

– contre H. la même peine que celle prononcée précédemment pour son frère.

Me Luc Mazars, avocat de S., observe que le déroulement des faits incriminés reste flou ; « une absence de clarté dont le tribunal ne peut se satisfaire ». Parlant de son client, il parle de quelqu’un qui s’est senti attaqué et qui n’a pas eu de réponse adéquate. Il demande la clémence au tribunal.

Quant à Me Amélie Tintilliet, avocate de H., elle salue l’évolution de son client qui a reconnu les faits. A ses yeux, son client a fait preuve d’immaturité en quittant son emploi et en accompagnant son frère au kebab, avec un casque et un couteau. Elle partage l’excellente appréciation portée à H. par l’éducateur qui le suit. Elle demande un jugement proportionné aux faits.

Après une courte période de délibération, le tribunal n’a pas hésité à rendre son jugement.

Prison ferme et interdiction du territoire français
A l’issue de son délibéré, le tribunal a alourdi les peines demandées par le parquet et a condamné les deux frères à 2 ans de prison ferme et au maintien en détention, à l’interdiction de port d’armes pendant 5 ans et à l’interdiction du territoire français pour une durée déterminée. 10 ans.
Les demandes d’indemnisation seront dues le 12 février 2025.

Les deux prévenus ont 10 jours pour faire appel.

Une scène surréaliste face à la police

Alors que les deux prévenus sous escorte policière quittaient la salle d’audience pour rejoindre le véhicule chargé de les conduire à la maison d’arrêt, une dizaine de jeunes, accompagnant les prévenus, se sont précipités devant le portail situé à l’arrière du palais de justice. victimes de l’attaque des deux jumeaux. Avant même l’arrivée des prévenus au véhicule, ces jeunes ont pris à partie les agents pénitentiaires en criant toutes sortes de commentaires témoignant de leur déception quant au quantum de la peine. Les policiers étaient là pour les contenir tout en essayant d’expliquer le jugement du tribunal. Sourd aux paroles d’apaisement et aux appels au calme lancés par Philippe Surlapierre, commissaire de police et directeur de la sécurité publique du Lot, l’un des jeunes s’en est directement pris à l’un des policiers qui a également invité le jeune homme à baisser le ton. Des insultes et des injures ont été proférées qui dépassent l’entendement. Même le père du jeune homme avait du mal à contenir son fils mineur, hors de lui et hors de contrôle…

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