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pourquoi la peut devenir le leader mondial des drones navals

La , championne du monde des drones ? La sentence aurait de quoi faire sourire dans le secteur aérien, où l’énorme retard français par rapport aux Etats-Unis, à Israël et à la Turquie commence tout juste à se réduire. Il apparaît beaucoup moins déphasé sur le segment des drones navals, un marché qui devrait tripler de taille d’ici 2030, passant de 6,9 ​​milliards de dollars en 2023 à 8,9 milliards en 2030 selon PwC. « C’est aujourd’hui que se joue la bataille mondiale des drones navals, et la France dispose d’arguments solides »assuré le mois dernier à Défis Raphaël Gorgé, boss of the French ETI Exail.

En effet, comme le montre le salon Euronaval (du lundi 4 au jeudi 7 novembre à Villepinte), grand rassemblement biennal du naval de défense, l’industrie française apparaît plus solidement armée qu’on pourrait le croire. Elle peut notamment s’appuyer sur un écosystème dense de PME, ETI et start-up qui tiennent tête aux concurrents américains. Sur le segment des drones de surface, l’ETI Exail, issu de la fusion d’ECA et d’iXblue, est l’un des leaders mondiaux, avec sa gamme de drones Drix, vendue en une trentaine d’unités (100 % à l’export). Le chantier girondin Couach, basé à Gujan-Mestras, développe, sur fonds propres, un drone de surface de 6 mètres, le Magellan, qu’il teste actuellement en mer. « La structure composite est unique au monde, nous avons déjà des prospects très intéressés »assure Yann Huort, responsable du développement commercial européen du groupe.

Exail dans la cour des grands

Les positions françaises sont encore plus fortes sur le segment des drones sous-marins, qui devrait représenter les deux tiers du marché en 2030, soit 14,1 milliards de dollars. Exail détient entre 70 et 80 % de part de marché sur la base installée de drones dédiés à la guerre des mines (lutte contre les mines navales). L’ETI est aussi l’un des rares acteurs, avec les Américains Teledyne, Hydroid et le Norvégien Kongsberg, à savoir développer des machines capables de descendre dans les grands fonds marins (jusqu’à 6 000 m de profondeur). Exail, qui avait déjà développé le drone Ulyx pour l’Ifremer, a été retenu fin septembre par la Direction générale de l’armement (DGA), pour développer les futurs drones » mer profonde » de la Marine Nationale. Baptisé A6K-M, il entrera en service en 2026.

Le drone sous-marin A6K-M d’Exail, capable de descendre jusqu’à 6 000 m de profondeur, sera livré à la Marine nationale en 2026. Crédit : Vincent Lamigeon / Challenges

La PME bretonne RTSys (10 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 80% à l’export) est un autre champion français des robots sous-marins, notamment pour la guerre des mines, la surveillance et la recherche scientifique. Elle prévoit de doubler de taille d’ici 2026 et souhaite ouvrir une nouvelle usine à Lanester, près de Lorient.

Alseamar, joyau des « planeurs sous-marins »

La France possède également des pépites sur des segments de niche ultra-technologiques. Alseamar, filiale du groupe Alcen, développe un planeur sous-marin, baptisé SeaExplorer, commercialisé depuis 2014 et vendu à 120 unités. Ces engins ont la particularité, contrairement aux drones sous-marins, de ne pas être motorisés. Ils se déplacent de manière autonome en modifiant leur densité grâce à un système de ballast, qu’ils remplissent pour plonger, et vident pour remonter à la surface, et transmettent les données collectées.

Le planeur sous-marin SeaExplorer 1000, développé par la société française Alseamar. Crédit : Vincent Lamigeon / Défis

Le groupe, qui réalise la majorité de ses ventes de planeurs dans le segment civil (hydrographie…), a présenté à Euronaval un appareil spécifiquement développé pour la défense, le SeaExplorer 1000, capable de descendre jusqu’à 1 250 m de profondeur et d’y rester. arroser pendant plus de trois mois. « L’avantage de cette technologie est la discrétion : ces appareils n’ont pas de signature acoustique, et sont donc indétectables »explique Harry Marti, directeur commercial chez Alseamar. Basé à Rousset (Bouches-du-Rhône), le groupe est numéro deux mondial sur ce marché, derrière l’américain Teledyne.

Essaims de drones sous-marins

La France peut également compter sur un acteur très prometteur dans les essaims de drones navals, la PME Arkeocean, basée à Vannes (Morbihan). Spécialisée à l’origine dans l’archéologie sous-marine, cette entreprise familiale développe de petits drones sous-marins capables d’agir en essaims. « Nous sommes capables de déployer un essaim de 200 drones, ce qui est unique au mondeassure Thierry Brizard, président d’Arkeocean, ancien de Thales. Nous avons également récemment signé un contrat pour développer et fabriquer plusieurs milliers de drones avec un client civil, spécialisé dans la prospection géophysique. »

Arkeocean est l’un des leaders mondiaux des drones sous-marins capables d’opérer en essaim. Crédit : Vincent Lamigeon / Défis

Côté militaire, un premier contrat avec l’Agence de l’innovation de défense (AID) a permis de tester des drones Arkocean en 2022 et 2023 pour des missions de surveillance. L’essaim de drones sous-marins était déployé comme une sorte de grande antenne, chaque drone dérivant à distance des autres pour maximiser la zone couverte : des machines appelées Inca enregistraient le champ acoustique ; d’autres véhicules, dit Maya, “ nous étions en train de chercher de la nourriture » les informations collectées et restituées à la surface pour les transmettre par radio ou satellite. Un autre test, organisé en 2023 dans le cadre de l’exercice Orion, a simulé avec succès la destruction d’un navire de guerre par une nuée de drones, les Gotors, développés par Arkeocean.

Drone océanique de Naval Group

Le géant Naval Group accélère également sur le segment des drones navals. Depuis novembre 2020, le groupe français teste un démonstrateur de drone sous-marin océanique de 10 m de long et 10 tonnes, dont la DGA finance la poursuite des travaux via un programme baptisé UCUV (Unmanned Combat Underwater Vehicle). « L’objectif est d’avoir une machine qui va loin, qui reste longtemps sur zone et qui reste indétectable. »résume Emmanuel Chiva, délégué général à l’armement. Ce genre de technologie n’est pas un sport de masse : les Américains travaillent sur le drone Orca, qui est bien plus gros, mais ils font un peu de «arrête et pars» sur ce programme. Quant au Ghost Shark vendu par l’américain Anduril à l’Australie, il s’agit d’un engin bien plus petit.

Naval Group s’attaque également au segment des drones de surface. Elle a présenté au salon Euronaval un nouvel engin de 10 m, le Seaquest S, développé par sa filiale Sirehna en partenariat avec le chantier Couach. Déployable par un navire habité, ce drone est le premier d’une nouvelle gamme de véhicules de surface qui comprendra également le Seaquest M (15 à 50 m) et le Seaquest L (plus de 50 m).

Le talon d’Achille : un manque de financement pour les armées

Pour développer et fabriquer ces machines, le groupe français va ouvrir d’ici 2027 une des usines de drones navals les plus modernes au monde, à La-Londe-les-Maures (Var), sur un site de l’ex-DCN. est resté désaffecté pendant des décennies. Cette usine, qui fabriquera également les torpilles actuellement assemblées à Gassin, près de Saint-Tropez, aura l’avantage d’avoir un accès direct à la mer pour tester les appareils.

Le seul point faible de la France sur le segment des drones navals, et il est significatif, est la faiblesse des investissements réalisés jusqu’à présent par le ministère des Armées sur le sujet. Jusqu’à présent, seulement une vingtaine de millions d’euros ont été prévus pour le « contrôle des fonds marins » (drones et robots sous-marins). Quant au « fonds marins profonds » du plan France 2030, il prévoit un investissement de 280 millions d’euros sur dix ans. Probablement insuffisant pour jouer les premiers rôles.

 
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