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“Je m’excuse auprès de la famille de Samuel Paty (…) qui n’aurait jamais dû mourir”, déclare le père de la collégienne

« Je m’excuse auprès de toute la famille de M. Paty…

– Je vous interromps tout de suite, on n’a pas besoin de vos excuses, on a besoin de vos explications, interrompt Virginie Leroy, l’avocate des parents de Samuel Paty et de sa sœur Gaëlle.

– Je réitère, je m’excuse auprès de M. Paty, paix à son âme ».

Parmi les interrogatoires de personnalités des huit accusés, l’audience qui a eu lieu ce mercredi matin était sans doute la plus attendue. Brahim Chnina, 52 ans, est le père de l’écolière dont le mensonge a été le point de départ de la spirale qui a conduit à in fine à l’assassinat du professeur d’histoire et de géographie. L’homme est accusé d’avoir, sur cette base fallacieuse des déclarations de sa fille, développé et diffusé des vidéos, en compagnie du prédicateur Abdelhakim Sefrioui, ce qui a fait de Samuel Paty une cible.

“Je suis gentil”

Un an après les faits, interrogé par l’enquêteur de personnalité, il se présente très diminué, sous médicaments, fondant en larmes à plusieurs reprises. Son avocat, Frank Berton, avait alors lu ses déclarations au tribunal : « Je suis gentil, j’ai toujours fait du bien, je suis là pour quelque chose de si sérieux (…). J’ai toujours voulu quitter cette vie avec une bonne fin, qu’on parle du bien de moi, c’est une erreuret. »

Cheveux courts et clairsemés, fine barbe blanche, visiblement affaiblie, l’accusé a déclaré au tribunal : « Cela m’a fait mal de voir la famille de M. Paty. Je m’excuse auprès de ce pauvre professeur qui n’aurait jamais dû mourir dans ces circonstances. »

Arrivé en en provenance du Maroc à l’âge de dix ans avec sa famille, Brahim Chnina est aujourd’hui père de six filles. Un drame central occupera sa vie : la maladie rare de son frère Rachid, de 12 ans son cadet. Jusqu’à sa mort en 2012, dont il ne se remettra jamais, il s’y consacrera énormément. Le quinquagénaire avait depuis trouvé sa vocation, en s’investissant auprès des personnes handicapées, par son métier ou par l’association qu’il a créée.

Aucune de ses filles, sauf une, n’est voilée

Brahim Chnina est présenté comme un musulman modéré, qui observe le Ramadan, ne boit pas d’alcool et va de temps en temps à la mosquée. Son absence de radicalisation est corroborée par son entourage professionnel et amical. Son avocat montre au tribunal des photos de famille : aucune de ses filles, sauf une, par choix, n’est voilée.

Alors quand une de ses sœurs, reconnue handicapée, part en Syrie après avoir été « endoctriné sur Internet », selon ses mots, il est le premier à alerter les services de police. La partie civile souligne qu’elle était donc consciente des dangers d’Internet pour commettre un acte terroriste.

Vous dites que vous êtes une personne polie, avec un langage respectueux et respectable. Trouvez-vous que vous avez été respectueux, patient et poli envers Samuel Paty ?

Un avocat de la famille de Samuel Paty

Maître Francis Szpiner, qui représente l’ex-compagne et fils de Samuel Paty, reprend Brahim Chnina lorsqu’il se déclare dans cette affaire » victime du terrorisme. » « Comprenez-vous que cela puisse paraître choquant à la famille de Samuel Paty ? », interroge-t-il. Un collègue du même banc interpelle l’accusé détenu depuis quatre ans : « Vous dites que vous êtes une personne polie, avec un langage respectueux et respectable. Trouvez-vous que vous avez été respectueux, patient et poli envers Samuel Paty ? » Dans le montage vidéo publié sur Facebook qui lui est reproché, Brahim Chnina interpelle Samuel Paty « voyou ».

Devant le tribunal, le père a indiqué qu’il était très respectueux envers les enseignants. Il explique même que si une de ses filles revenait avec une punition, il serait d’accord avec le professeur. Quand sa fille, puis en 4erevenu du collège en lui racontant des mensonges, il aurait tellement mieux fait d’appliquer les principes qu’il prétend défendre aujourd’hui.

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