“Je persiste et signe, nous devons, Etat et autorités locales, lutter contre les incivilités et la délinquance, mais aussi organiser des actions préventives destinées à tous, sans oublier les opérations répressives, ô combien essentielles elles aussi. Frédéric Demule, maire de la ville de Nesle, commune de 2 308 habitants, a signé mardi 22 octobre le premier contrat de sécurité du district de Péronne, avec l’État (représenté par Laurence Lecoustre, sous-préfète de Péronne) et la gendarmerie ( avec le chef d’escadron Geoffroy Blin).
Premier contrat de sécurité dans le quartier
Ce contrat de sécurité vient renforcer les dispositifs existants sur la commune de Nesle comme la convention « Petites Villes de Demain » signée le 1est Février 2021 et précédemment, en mars 2020, la convention de coordination permettant une collaboration entre la gendarmerie et la police municipale.
Le premier magistrat de la petite commune de l’est de la Somme n’a pas hésité et reste convaincu de l’enjeu majeur que représente la sécurité et la tranquillité de ses habitants et au-delà. Rencontre.
Pourquoi avoir signé ce premier contrat de sécurité dans le quartier ?
Frédéric Demule: A l’arrivée du nouveau commandant de la compagnie Péronne, nous nous sommes rencontrés et avons discuté des différents enjeux de la ville de Nesle, dont le dispositif « Petites Villes de Demain ». Le commandant m’a alors dit qu’il allait travailler sur la question de la sécurité. Je dois être honnête : j’appelle le commandant au moins 5 fois par semaine. Nous recevons chaque semaine des actes de délinquance : Nesle est une ville tranquille. Les taux de délinquance à Nesle sont inférieurs à ceux des villes de mêmes couches de population. Mais il existe des fléaux : la drogue, la vitesse, la délinquance routière et les violences intrafamiliales. Tout cela nous a amené à formaliser les choses en signant ce contrat de sécurité afin de poser un diagnostic sur papier et, derrière, de trouver des solutions pour répondre à ces problématiques.
«Je demande plus de contrôles sur la commune»
Comment cela se traduira-t-il dans la pratique sur le terrain ?
Nous devons réaliser le premier diagnostic d’ici la fin de l’année. Il y aura plus de prévention, notamment sur les violences intra-familiales à travers le collège, peut-être chez les femmes qui accouchent, on s’appuiera aussi sur les associations… C’est aussi profiter des moments existants pour faire de la prévention. Nous avons de grandes entreprises, pourquoi ne pas agir en leur sein. L’idée est d’avoir un effet boule de neige. Pour le volet stupéfiants, cela signifie faire davantage de travail auprès de nos jeunes du primaire et du collégial. Concernant le thème de la délinquance routière, je demande qu’il y ait davantage de contrôles dans ma commune.
Cette convention peut-elle évoluer ?
Oui, cela peut évoluer naturellement. Aujourd’hui, une gendarmerie de filles (comme Nesle) est ouverte deux demi-journées par semaine. En 2023, j’ai obtenu le maintien du nombre de gendarmes (soit 8) avec 10 communes et 3000 habitants en moins. En début de mandat, j’ai obtenu une troisième demi-journée d’ouverture et dans le cadre de ce contrat de sécurité, j’ai obtenu une quatrième demi-journée (enfin, ouverture le lundi de 8h à 12h, le mercredi de 8h à 12h et de 14h à 18h et le samedi de 8h à 12h, ndlr), et sera de permanence à la mairie de Nesle le jour du marché. Il y a aussi le fait de vouloir anticiper le chantier et l’arrivée du canal Seine Nord. Il y aura plus de travailleurs et le chantier risque d’entraîner des conséquences négatives comme des vols et autres. En matière de sécurité, on ne peut pas préparer demain avec les mêmes effectifs et les mêmes actions qu’aujourd’hui. Le contrat de sécurisation intervient donc également en prévision du canal Seine Nord Europe.
Pas encore de deuxième policier municipal
Ce contrat évoque un partenariat plus important avec la police municipale. Comment cela va-t-il se passer ?
Il existait déjà un accord de coordination signé par mon prédécesseur, signé en mars 2020. Il y a donc des opérations communes. Par exemple : contrôles conjoints durant l’été, contrôles de vitesse (cet été, il y a eu 8 ou 9 opérations)…
Le policier municipal est-il armé ? Envisagez-vous d’embaucher un deuxième agent ?
Non, pas pour l’instant, mais une réflexion devrait surgir pour les années à venir avec le chantier du canal Seine Nord Europe.
N’y a-t-il pas un risque de devenir « Big Brother » (référence tirée de 1984 par George Orwell’s.), entre ce contrat et la multiplication des caméras ?
Il y a une forte demande de la population. Les deux sujets qui reviennent le plus lors de mes visites sont la demande de logement et le sentiment d’insécurité. Ce sentiment vient des chaînes d’information et des incivilités du quotidien : le chien qui n’arrête pas d’aboyer, le jeune qui passe à vélo sur le trottoir… cela représente la délinquance de nos aînés. Les caméras sont dissuasives.
Douze caméras de vidéosurveillance supplémentaires
Vous passerez de 54 à 66 caméras. Cela semble beaucoup pour une ville de 2 308 habitants. Non?
Je suis attaché à la tranquillité de mes concitoyens. Ce n’est toujours pas suffisant à mon goût. Il y aura des caméras supplémentaires d’ici deux ans, en plus des 66, notamment au niveau du centre de solidarité et des parkings. La sécurité avant tout ! Ils sont répartis aux entrées de Nesle, dans toute la ville dans les lieux publics, la place, les carrefours… Le 12 sera en centre-ville (rue Gambetta, rue du Couvent) et sur différents carrefours stratégiques… Cela a été fait en concertation avec la gendarmerie.
Quel est le coût de la vidéoprotection ?
Nous envisageons une maintenance d’environ 3 800 euros pour les 66 caméras par an. Les douze caméras supplémentaires représentent environ 58 000 euros d’investissement TTC. Nous disposons d’un outil de qualité.
Pour vous, cela serait-il utile et nécessaire ?
C’est utile et nécessaire et, honnêtement, ça rapporte. On l’a vu avec l’attaque au couteau : 30 minutes plus tard, on avait tous les éléments. L’attaque à l’arme blanche a eu lieu à 22h20. A 23 heures, tous les éléments étaient en possession de la gendarmerie et on voyait tout très clairement sur les trois caméras qui ont filmé la scène. En moins de 4 jours, l’auteur a été arrêté. Les caméras ne sont utilisées qu’à la demande de la gendarmerie et/ou en cas de plainte des riverains. Seules trois personnes sont autorisées à les surveiller. C’est une véritable accélération pour résoudre l’affaire. Quand il y a des vols, de la délinquance et des grandes opérations de gendarmerie, ils servent. Tout est enregistré pendant 30 jours.
Faites-vous de la verbalisation vidéo ?
Non, nous n’avons pas la permission.
Vous avez beaucoup de demandes de la gendarmerie pour visionner les enregistrements ?
Au moins une fois par semaine, mais dans la majorité des cas, c’est pour des petites choses comme une voiture qui s’est écrasée… Quand le policier fait des contrôles et donne une amende pour mauvais stationnement par exemple, je demande de sortir l’image pour garder une preuve au cas où la personne viendrait se plaindre. Autre exemple, les caméras nous ont permis de retrouver cet été des jeunes qui avaient des panneaux routiers tordus, des jeunes qui cassaient des arbres sur les remparts… Pareil pour un homme qui avait foncé dans un poteau appartenant à la commune : nous l’avons retrouvé avec les caméras.
“Nous faisons beaucoup pour eux”
Évidemment, on constate beaucoup de petite délinquance chez les jeunes. Pourquoi à votre avis ?
Eux-mêmes ne savent pas pourquoi ils le font. C’est la même chose dans chaque ville. La ville de Nesle en fait assez pour les jeunes : nous avons un pump track, nous avons aménagé des espaces de jeux, des équipements sportifs, nous menons des actions avec l’espace de vie sociale, nous proposons des tickets de sport, il y a encore trois associations qui ont été créé… Il n’y a plus rien qui intéresse les jeunes à part leur téléphone. Et pourtant, nous avons fait beaucoup pour eux.
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