Depuis le début de l’année, les ventes de voitures électriques (VE) représentent 17% du marché, en relative stagnation depuis l’année dernière (16% sur les 10 premiers mois de 2023).
Et pour décarboner son économie et notre pays, le gouvernement veut exploiter pleinement ce levier de la voiture électrique, entre autres, comme les transports en commun ou le covoiturage. Ainsi, il a présenté des projections mondiales à l’horizon 2030 et 2050, qui se matérialiseront par une Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) et une Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Pas une première fois d’ailleurs puisque ces deux « plans » ont déjà été annoncés à deux reprises dans le passé, et pour mémoire, jamais concrétisés.
Dans le domaine des transports, la priorité majeure du gouvernement est l’électrification du parc automobile et le développement des transports publics.
Objectif 66% de nouveaux VE en 2030
Pour le premier axe, les objectifs sont clairs et écrits noir sur blanc. L’objectif est d’atteindre 66 % de part de VE dans les ventes de voitures neuves en 2030, avant d’atteindre 100 % en 2035.nous savons déjà que c’est l’objectif que s’est fixé l’Europe. Et on évoque une part de 15 % de VE dans le parc total de véhicules, toujours en 2030. Mais c’est actuellement le projet de loi de finances 2025, en discussion au Parlement, qui doit définir les aides pour atteindre cet objectif. On sait seulement qu’elles seront réduites de plus de moitié, a priori (700 millions d’euros d’aide contre 1,5 milliard).
L’objectif est de réduire les émissions de CO2 du secteur des transports. La SNBC prévoit un niveau d’émission de 90 MtCO2eq pour 2030, contre 131 en 2022.
De notre point de vue, l’objectif est ambitieux, très ambitieux. Si l’on se base sur la trajectoire de part de marché des VE entre 2023 et 2024, il faudrait non pas 6 ans pour l’atteindre, mais presque 50 ans, à raison de 1% de part de marché en plus par an ! Une tendance stagnante pas forcément représentative de ce qui va se passer dans le futur, certes… Mais même en considérant que l’offre s’adapte enfin à la demande, en termes de prix, d’autonomie, de vitesse de recharge, il est très peu probable que dans moins de 6 ans, 2 /3 des ventes seront électriques, d’autant que la tendance est à l’éclaircissement du portefeuille d’aide ! Et on sait ce qui s’est passé en Allemagne, lorsque le bonus écologique aux achats a été purement et simplement supprimé en janvier 2024 : les ventes se sont effondrées de -32% sur les huit premiers mois de l’année !
Pourtant, pour le ministre des Transports François Durovray, l’électrification est une opportunité : «Par rapport aux périodes précédentes, nous croyons dans la capacité de la science, dans la capacité de nos industries à réaliser ce qui n’était pas possible dans le passé. Les modèles sont désormais pratiquement sur les étagères et c’est à nous, le gouvernement lui-même, de permettre à ces constructeurs de développer le marché des véhicules électriques. De la nouvelle électrique pour les flottes privées, pour les flottes d’entreprises, mais aussi pour les véhicules collectifs avec des enjeux majeurs et au-delà de l’électrification des véhicules, l’enjeu de l’électrification des infrastructures. Et à cet égard, le ministère que j’ai l’honneur de diriger aura pour défi d’électrifier le réseau routier national.« .
Électrification oui, et renforcement des transports partagés
Pour le deuxième axe, le gouvernement parle de massification, en encourageant le covoiturage et les transports en commun. La création de lignes d’autocars par exemple.
“Les transports représentent désormais 30 % des émissions de gaz à effet de serre du pays, un chiffre qui n’a pas diminué. Les émissions ont même augmenté au cours des 30 dernières années. La part routière de ces émissions représente 94%», a concédé François Durovray. Il a également cité le chiffre de 1 000 milliards de kilomètres parcourus par an par les Français, dont 82 % en voiture, 12 % en transports en commun et 3 % à pied.
Le ministre a également cité trois manières d’atteindre ce résultat : « développer, construire et électrifier ». Il a notamment pris comme exemple le covoiturage et les bus : «J’ai l’habitude de dire que la meilleure mobilité est celle qu’on n’est pas obligé de faire», et il veut inverser la tendance passée en matière d’urbanisme qui «a entraîné une augmentation des besoins de mobilité, notamment en éloignant les lieux de travail des lieux de résidence« .
Concernant le covoiturage, il a enfoncé une porte ouverte : «Il n’aura échappé à personne qu’un véhicule qui passe d’un à deux passagers réduit automatiquement de moitié les émissions de gaz à effet de serre produites.“Il présentera début 2025 un plan national de développement des voitures express.”Un bus avec 30 personnes, c’est beaucoup moins de voitures sur la route.» Il souhaite également doubler la part du rail.
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