Revenu. Quelle que soit la couleur syndicale, tout le monde est d’accord sur ce point : tant que les agriculteurs ne vivent pas décemment de leur production, le feu ne s’éteindra pas. C’est dans un contexte social électrique que la Modef, ainsi que la Confédération paysanne, ont choisi tour à tour (1) de présenter une liste lors des prochaines élections de la Chambre d’agriculture, qui se tiendront fin janvier 2025. « Nous sommes en train de constituer une équipe plus jeune. Je cède petit à petit… », raconte Raymond Girardi. « Nous ferons tout pour être présents. Surtout dans cette situation de grand mécontentement. »
Climat noir
Le patron régional de la Modef ne compte pas rester les bras croisés dans les semaines à venir. « Bien sûr, les élections approchent. Nous ne nous mobilisons pas parce qu’il y a ce délai. La situation est pire cet automne qu’en janvier et février. C’est une catastrophe pour toutes les productions. Tout est en crise. Bien sûr, il y a eu des progrès sur le GNR, il y a peut-être eu des efforts sur les normes, mais ce qui échoue, ce sont les prix. La détresse et le manque de revenus nous exploseront au visage. »
Agriculteurs : pourquoi la coupe est pleine et la colère ne peut plus être contenue
Ils ont étalé pendant des semaines leur exaspération et leurs revendications du début de l’année, puis ils sont retournés aux champs, chargés de promesses. Dix mois plus tard, les aléas climatiques et sanitaires ont encore aggravé le désarroi et la dissolution de juin a balayé les promesses. Les agriculteurs retournent au combat
Même si la couleur syndicale n’est pas la même, Raymond Girardi répondra à l’appel à manifester du CR 47, le 19 novembre, devant la préfecture du Lot-et-Garonnaise. « La balle est dans le camp du gouvernement. Sans mesures rapides et fortes, cette situation risque de dégénérer. Les agriculteurs n’ont plus rien à perdre. Selon moi, tous les ingrédients sont réunis pour que cela conduise à la violence. Le climat est très sombre. »
« Rien n’a fonctionné cette année », affirme l’agriculteur. Et la triple astreinte n’est pas loin : « Les factures baissent : cotisations MSA, paiement des intrants, foncier… » Encore quinze jours de travaux, comme prévu par la Coordination rurale du Lot-et-Garonne [il faut finir les récoltes, et les semis d’automne, NDLR] et ensuite, « les agriculteurs seront libres de manifester ».
Libre-échange
La Confédération paysanne s’intéresse de près aux conclusions de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur avant de décider des suites à donner. «Ils seront caractéristiques des conditions économiques accordées à l’agriculteur. Et globalement, la racine du problème est justement la rémunération. Macron, qui s’y opposait, est en train de renoncer à son influence. Nous craignons que la France rende les armes», s’inquiète le porte-parole du syndicat, Emmanuel Aze. Un nouvel accord de libre-échange qui serait, selon ce dernier, « catastrophique, notamment pour l’élevage ». [l’accord permettrait notamment d’importer encore plus de viande bovine, NDLR]. »
Dans ce contexte, la Confédération souhaite peser sur la politique agricole locale et présentera une liste pour les élections. « Nous avons dessiné les contours de cette nouvelle liste, dirigée par Marion Debats ou moi. Nous n’avons pas encore décidé”, explique Emmanuel Aze, qui ne s’empêchera pas non plus d’aller manifester le 19 novembre, “dans l’intérêt de tous les agriculteurs”. « Nous voulons éviter le sectarisme et les logiques identitaires qui divisent les agriculteurs. »
(1) La FDSEA 47 hésite début novembre à constituer une liste
Apéritifs en pleine campagne du CR 47
Dans le cadre des élections à la Chambre d’agriculture, qui se tiendront fin janvier 2025, la Coordination rurale organise plusieurs « apéritifs de campagne ». La première aura lieu ce mercredi 6 novembre, à partir de 19 heures, au restaurant L’Express à Saint-Vite. Elle sera animée par le président sortant, Serge Bousquet-Cassagne.
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