Alain Dominique Perrin, président fondateur de la Fondation Cartier, et l’architecte Jean Nouvel ont présenté le 18 octobre ce projet architectural ambitieux alliant ancrage historique et dispositif technologique puissant, 8 500 m2 accessibles au public dont 6 500 m2 d’exposition, un auditorium de 120 places, une librairie, un grand centre pédagogique et un restaurant gastronomique. La Fondation Cartier se positionne ainsi comme un acteur majeur de la rénovation urbaine du premier arrondissement de Paris, et renforce l’offre culturelle foisonnante à proximité immédiate du Musée du Louvre et du Musée des Arts Décoratifs, et à deux pas de la Bourse. Collection de Commerce-Pinault.
40 ans d’engagement en faveur de la création contemporaine
Depuis sa naissance, la Fondation Cartier met un point d’honneur à « programmer l’inattendu », une ligne rendue possible par la liberté de création accordée, depuis 1984, aux artistes accueillis en résidence à Jouy-en-Josas durant la première décennie de son histoire. De 1984 à 1994 au domaine Montcel, dans un château entouré d’un immense parc, de folles aventures artistiques s’entremêlent, avec les débuts d’artistes désormais reconnus (Chéri Samba, Jean-Michel Othoniel, Cai Guo-Qiang,…), des moments épiques partagés (le défi d’exposer des Ferrari sur une scénographie d’Andrée Putman ou la reformation surprise de Velvet Undergroud le temps d’une soirée) et des incursions revendiquées dans tous les domaines de l’art.
Jean-Pierre Raynaud, Le Pot d’Or, 1985. Commande pour le parc © Jean-Pierre Raynaud / ADAGP, Paris, 2024 Photographe © Hugues Colson
Ce pas de côté assumé fait d’emblée de la Fondation Cartier un véritable OVNI dans le paysage culturel français, d’autant qu’elle est la première fondation d’entreprise dédiée à l’art contemporain (aux sources mêmes de la loi « Léotard »). » sur le mécénat du 27 juillet 1987) et qu’elle prône sa stricte séparation du développement commercial de la Maison Cartier.
Vue de l’exposition Les années 60 1960-1969, La décennie triomphante, 1986 Photographe © Jean-Michel Tardy
Le « dépaysement » de l’ère Raspail
En 1994, la Fondation s’installe boulevard Raspail dans un bâtiment de verre et d’acier conçu par Jean Nouvel, grand nom de l’architecture contemporaine internationale, pour un nouveau geste fort et une décision audacieuse : celle de concevoir un espace ouvert et transparent permettant des possibilités infinies. Traduction architecturale de la philosophie de la Fondation Cartier, ses 1 200 mètres carrés sont quasiment dépourvus de murs et de cimaises, modulables et ouverts sur le jardin environnant. Une oasis toute en reflets, au cœur du 14e arrondissement qui a depuis redoublé d’inventions aux côtés d’artistes mais aussi de mathématiciens, botanistes et philosophes, pour créer des expositions extraordinaires et décalées entraînant le public dans un « dépaysement » constant. ».
The Cartier Foundation building located on Boulevard Raspail in Paris, designed by Jean Nouvel and inaugurated in 1994 © Jean Nouvel, Emmanuel Cattani & Associés / ADAGP, Paris, 2024
Un travail de profondeur rendu possible par les années de complicité et de fidélité nouées avec tous ceux qui rejoignent l’histoire de la Fondation Cartier, et ses plus de 300 expositions présentées en France et à l’international à ce jour : le réalisateur David Lynch, la chanteuse Patti Smith, la la photographe Claudia Andujar, les artistes indiens Yanomamis, le penseur Paul Virilio, le réalisateur et photographe Raymond Depardon, le designer Alessandro Mendini, les artistes Ron Mueck, Matthew Barney, Fabrice Hyber,… dont certains portraits recouvrent les baies vitrées des futurs espaces. sur la Place du Palais-Royal.
Vue de l’exposition Ron Mueck, 2013 © Ron Mueck © Jean Nouvel / ADAGP, Paris, 2024 Photographe © Axel Dahl
Au Palais-Royal, une « machine » protéiforme
Jusqu’au 16 mars 2025, c’est à Olga de Amaral, 92 ans, star de la scène artistique colombienne et de l’art textile (Fiber Art), de mettre fin en beauté à l’ère Raspail avec sa plus grande rétrospective jamais organisée en Europe. À la fin de l’année prochaine, lors de l’inauguration du nouveau bâtiment, la Fondation Cartier offrira un miroir à son histoire, et ce faisant à la création contemporaine, à travers une large sélection d’œuvres (entre 600 et 1000) parmi les 4500 ce qui est inclus dans sa collection éclectique constituée au fil de sa programmation.
Vue du chantier des futurs espaces de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, place du Palais-Royal, Paris Vue du -1 depuis le rez-de-chaussée. Juillet 2024 Photo © Martin Argyroglo
Plus qu’ailleurs, la scénographie de cette présentation unique sera très attendue, Jean Nouvel ayant créé une gigantesque scène pour les arts contemporains : un dispositif technologique titanesque composé de cinq plateformes réparties sur 150 mètres de long (1200 m2), depuis la place du Palais- Royal rue Marengo, soit l’intégralité de cet îlot haussmannien construit en 1855. Mobiles, ces plateaux peuvent être placés dans onze positions verticales différentes pour de multiples configurations et perspectives possibles, selon leur disposition dans l’espace (alignement total ou partiel, géométries variables) .
Vue du chantier des futurs espaces de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Place du Palais-Royal, Paris Quai 1 en construction. Décembre 2023 Photo © Martin Argyroglo
« C’est un peu comme un super-théâtre, où l’on soulève des sols très lourdsexplains Jean Nouvel. Cette innovation n’est pas seulement fonctionnelle ou scénographique. Pour moi, c’est architectural, dans le sens où ça devient dynamique. L’innovation est d’avoir toutes les altitudes possibles, tous ces éclairages à intensité variable, jusqu’à l’obscurité totale, selon le degré de fermeture des verrières et des vitres latérales. La Fondation Cartier sera probablement l’institution qui proposera le plus de différenciation de ses espaces, le plus de manières d’exposer et le plus de points de vue. La puissance des plates-formes permettra d’accueillir des œuvres très lourdes, de les accrocher d’une manière totalement inédite… C’est pouvoir faire ici ce qu’on ne pourrait pas faire ailleurs, en changeant le système d’affichage. »
Vue des futurs espaces de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Place du Palais-Royal, Paris. Rendu du quai 1 donnant sur la rue de Rivoli. © Jean Nouvel / ADAGP, Paris, 2024
Réinventer l’exposition au 21e siècle
Dans son approche contextualiste, Jean Nouvel a non seulement projeté dans ce bâtiment sa vision de l’espace d’exposition, mais aussi son ancrage dans la ville. Au rez-de-chaussée, la façade sera vitrée sur toute la longueur de la rue de Rivoli et de la rue Saint-Honoré, afin que le regard puisse traverser l’espace d’une rue à l’autre ; et sur les verrières zénithales, des arbres, telle une forêt perchée, seront installés.
Le bâtiment qui abritera la Fondation Cartier pour l’art contemporain à partir de 2025, situé place du Palais-Royal à Paris, dont l’architecture intérieure est signée Jean Nouvel. Photo © Luc Boegly
« Cette transparence ancrera le sentiment d’appartenance au cœur de Paris. La Fondation Cartier créera ainsi un territoire de l’art, qui pourra être exploré de l’intérieur ou de l’extérieur, dans un jeu d’osmose et de choc perpétuel. », affirme Jean Nouvel. Ce lieu protéiforme doit sans cesse créer la surprise, et ambitionne de révolutionner l’approche même de l’art, que ce soit dans la conception des projets artistiques, dans la démarche curatoriale ou dans l’expérience de visite. Une audace qui serait la signature de la Fondation Cartier.
Fondation Cartier, un nouveau lieu d’art contemporain
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