Dans son délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du procureur en prononçant la peine la plus lourde, 15 ans d’emprisonnement avec période de sûreté aux deux tiers et un mandat de dépôt, contre un Irakien de 26 ans, Mirkhan Rasul. Soupçonné d’avoir contrôlé l’ensemble du réseau de sa cellule pénitentiaire en France, il a également été condamné à une interdiction définitive de territoire français et à une amende de 200 000 euros.
Vêtu d’un gilet matelassé noir et arborant une barbe foncée, il écoutait calmement le prononcé de sa sentence derrière une boîte vitrée. Déjà condamné à deux reprises pour aide au séjour irrégulier, il a été expulsé de l’audience au troisième jour du procès en octobre après avoir menacé les interprètes.
« Marchands de mort »
Les 17 autres prévenus, dont une femme, ont été condamnés à des peines allant d’un à douze ans d’emprisonnement et à une amende pouvant aller jusqu’à 150 000 euros. Tous ont été condamnés à une interdiction définitive du territoire. Des mandats d’arrêt ont été émis contre neuf de ces prévenus, reconnus coupables par contumace.
Le tribunal a également ordonné la confiscation de biens : plusieurs milliers d’euros en espèces, une berline allemande, la restitution de papiers d’identité néerlandais, britanniques, irakiens ou canadiens. Ce procès s’est tenu entre fin septembre et début octobre, devant la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille.
Au début de ses réquisitions, la procureure a décrit une « affaire tentaculaire » aux ramifications internationales. “Les prévenus ne sont pas des volontaires aidant leurs voisins mais des marchands de mort”, a accusé le procureur, décrivant des pirogues chargées de passagers “jusqu’à 15 fois leur capacité théorique”.
2024 : année la plus meurtrière
Plus de 50 perquisitions ont permis la saisie de 1 200 gilets de sauvetage, de près de 150 bateaux pneumatiques et de 50 moteurs de bateaux, lors d’opérations menées conjointement par la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. United, coordonné par les agences Europol et Eurojust.
Depuis 2018, le phénomène des traversées illégales de la Manche sur de petites embarcations ne cesse de croître, avec un nombre toujours plus grand de migrants en pirogue. Naufrages et bousculades mortelles ont fait de 2024 l’année la plus meurtrière depuis le début de ce phénomène, avec au moins 60 morts à ce jour lors de tentatives de traversée.
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