Ils sont restés unis. Dans la grande salle d’audience du tribunal judiciaire de Saint-Brieuc, tous deux siègent côte à côte, près de leurs enfants. Pendant les pauses, on les voit se tenir par le bras en attendant leurs avocats. La liaison qu’elle a entretenue pendant sept mois avec un autre agriculteur retraité de la région de Loudéac n’a pas eu raison de leur mariage. Les coups de feu que cet amoureux aurait volontairement tirés sur son mari, en juillet et août 2021, non plus. Ce mardi 5 novembre 2024, la mère de famille a pris son courage à deux mains pour venir livrer son récit devant la cour d’assises des Côtes-d’Armor.
Il est devenu de plus en plus insistant et j’ai préféré arrêter. Faire ça, ce n’était pas moi. Mais il a commencé à m’appeler encore et encore
Devant le jury, le septuagénaire reprend le fil de l’histoire. 2020, le Covid, le manque de lien social et familial puis « l’ennui qui s’installe ». C’est dans ce contexte qu’est née son histoire avec Gilbert Ruelland. Elle le connaît au cours de danse bretonne au Cambout : c’est là qu’il l’a séduite. « Le dernier jour avant le confinement, il m’a donné son numéro », raconte l’ex-agriculteur. D’échange en échange, l’amitié change de direction et les rencontres se poursuivront jusqu’en mars 2021. « Il m’a demandé où et quand j’allais faire mes courses, il est devenu de plus en plus insistant et j’ai préféré arrêter, raconte-t-elle. Faire ça, ce n’était pas moi. Mais il a commencé à m’appeler encore et encore. »
“C’est juste une égratignure”
Puis sont arrivées les menaces. « Il a dit qu’il viendrait chez moi et qu’il dirait tout à mon mari », poursuit-elle. Alors j’ai continué à le voir, il m’a emmené dans son hangar. » Tout s’arrête lorsque son mari se fait tirer dessus pour la première fois, en juillet 2021. « J’explique que je ne veux plus le voir, que je suis malheureuse pour mon homme et que j’ai assez de problèmes comme ça », poursuit-elle. Il rétorque que “ce n’est qu’une égratignure”. Elle lui fait alors part de ses soupçons à son égard. “Je ne suis pas un chasseur et je n’ai pas d’arme !” », répond l’amant. En août, le mari a de nouveau été abattu. Et plus le temps passe, plus l’amant se pose des questions sur l’enquête.
L’épouse explique avoir caché sa relation aux enquêteurs par « honte ». « Je n’ai pas vu le lien avec ce qui était arrivé à mon mari », a-t-elle déclaré. C’est en analysant sa ligne téléphonique que les militaires comprendront qui est Gilbert Ruelland et ses motivations, avant de le confondre grâce à son ADN. Il sera incarcéré en février 2022. C’est là que l’histoire va éclater. Elle apprendra qu’elle n’était pas la seule maîtresse ; son mari, qu’il a été trompé et que cet adultère a sans doute entraîné les deux balles qui lui ont traversé le corps. «Il voulait tuer mon mari pour me récupérer», raconte son épouse à la barre. Avant de présenter ses excuses à lui et à toute leur famille.
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