Un « Penseur » à la Rodin vieux de plusieurs millénaires, la coiffe d’un guerrier vêtu tout d’or, les chandeliers timurides, et les manteaux de brocart portés autrefois par les éminences du khanat kazakh… Voici quelques-unes des pièces de l’exposition « Kazakhstan. Trésors de la grande steppe » qui s’ouvre mercredi 6 novembre au Musée des arts asiatiques Guimet, à Paris. Inauguré ce mardi en présence d’Emmanuel Macron et de son homologue Kassym-Jomart Tokaïev, désireux de mettre en valeur le renforcement des liens entre la France et le Kazakhstan, il confirme l’attractivité des musées parisiens pour les pays d’Asie centrale en quête de notoriété et de prestige.
Cette manifestation culturelle s’inscrit en effet dans la série des « expositions nationales » consacrées ces dernières années par les musées de la capitale à ces pays issus de l’éclatement de l’Union soviétique en 1991 et qui restent encore souvent méconnus du public européen. . La première, inaugurée à l’automne 2021, également au musée Guimet, mettait en lumière le Tadjikistan, petit pays montagneux frontalier de la Chine et de l’Afghanistan, réputé pour être le plus pauvre de la région. Mais c’est surtout le « double » de l’Ouzbékistan qui a frappé les visiteurs français, avec l’inauguration simultanée le 23 novembre 2022 au Louvre et à l’Institut du monde arabe de deux expositions mettant en avant le patrimoine de la Route de la Soie. Couronnés de succès, ils suscitent dans les mois qui suivent un regain d’intérêt pour l’Ouzbékistan de la part des touristes français.
Pays le plus grand et le plus riche d’Asie centrale, le Kazakhstan ne pouvait pas rester en retrait après le succès de son rival régional. Fin novembre 2022, à l’issue de la visite en France du président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, le communiqué commun publié ne manquait pas d’évoquer l’organisation prochaine d’une “Exposition nationale de la République du Kazakhstan à Paris ». « Les Kazakhs enviaient le succès de l’exposition ouzbèke et ne voulaient pas rester à l’écart. » confie un bon connaisseur de la région.
L’atout séduction de la diplomatie française
Les travaux sont en cours. Elle s’accélère avec la visite d’Emmanuel Macron au Kazakhstan en novembre 2023. “Je peux vous assurer que c’était un sujet assez prioritaire pour Astana, déclare une Source proche du dossier. Lors de cette visite, les Kazakhs ont reçu un intérêt positif de la part de la délégation culturelle, qui comprenait notamment l’écrivain Amin Maalouf et l’archéologue Frantz Grenet. » Reste à savoir où organiser l’exposition. Autrefois envisagé au Louvre, il atterrit finalement au musée Guimet.
Éléments ornementaux de la coiffe de l’Homme d’Or Découverts à Yssk (région d’Almaty), IVe-IIIe siècle avant JC, or Musée national de la République du Kazakhstan / Guimet/Observatoire
Atout de séduction de la diplomatie française, le prestige de l’offre muséale parisienne offre un cadre de choix pour mettre en valeur la force des liens unissant Paris aux capitales d’Asie centrale. Le renforcement des relations entre Paris et Astana est décrit comme ” spectaculaire “ à l’Élysée, et se déroule dans le contexte de la guerre en Ukraine – qui sera « au menu des entretiens » entre Kassym-Jomart Tokaïev et Emmanuel Macron. Voisin de la Russie, avec laquelle il partage des milliers de kilomètres de frontière, le Kazakhstan tient particulièrement à cultiver sa diplomatie « multi-vecteurs », qui consiste à s’offrir des marges de manœuvre face à son grand voisin du nord en multipliant les points de contact. soutien à l’étranger.
L’ambition est perçue favorablement à Paris, d’autant que le Kazakhstan est un partenaire important de la France dans le domaine énergétique. Exportateur de pétrole, Astana est également l’un des principaux fournisseurs de combustible nucléaire des centrales électriques françaises. La France souhaite également proposer son expertise dans le nucléaire, au moment où le Kazakhstan vient de voter début octobre par référendum en faveur de la relance d’un secteur civil.
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