Marième, quels souvenirs vous sont immédiatement venus à l’esprit lorsque vous avez posé vos valises à Caen ?
Beaucoup de bons souvenirs. J’ai passé deux saisons à Mondeville (de 2015 à 2017) et c’est ici que j’ai fait mes premiers pas en Ligue féminine. J’ai toujours joué dans de bons groupes, j’ai beaucoup aimé mon coach… Il n’y a que du positif qui ressort de Mondeville.
L’entraîneur que vous mentionnez est Romain L’Hermitte. Que t’a-t-il apporté ?
Confiance, beaucoup de confiance. Nous avons tous les deux beaucoup travaillé, sur les fondamentaux, sur l’aspect technique. J’ai beaucoup évolué au contact de lui. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup sur le plan humain. Je dois beaucoup à Romain et à l’USO Mondeville. J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer pour ce club.
Est-ce lors de votre deuxième saison à Mondeville (14,4 points, 8,4 rebonds) que vous avez pris pleinement conscience de votre potentiel ?
Oui. C’est lors de cette saison que j’ai reçu ma première convocation en équipe de France. C’est clairement là que j’ai commencé à marquer les esprits et que tout a commencé pour moi.
Depuis votre départ de Mondeville, vous avez disputé deux Euros, deux Mondiaux et les Jeux Olympiques. Comment jugez-vous votre trajectoire ?
Elle est folle. Je me souviens encore de ma réaction lorsque j’ai reçu ma première convocation à Mondeville. J’étais sous le choc, je n’y croyais pas vraiment. Je n’ai pas osé y aspirer si vite. Derrière, tout s’est passé étape par étape. Quand je regarde en arrière, je suis fier du chemin parcouru. Si quelqu’un m’avait dit tout cela à l’époque, je ne l’aurais pas vraiment cru.
Plus de trois mois après la finale des Jeux perdue d’un point face aux Etats-Unis (66-67), parleriez-vous d’une immense performance ou d’une grande déception ?
C’est surtout une énorme performance. Le terme de désillusion n’est pas celui que j’aurais choisi. C’est évident que c’est une grosse déception car quand on est si proches, on y croit. J’y ai sincèrement cru jusqu’au bout. Quand vous voyez dans le regard de vos adversaires qu’ils ne sont pas sereins, cela vous donne de la force. Malheureusement, nous avons manqué certains détails. C’est du sport, mais ça reste une belle performance.
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Avez-vous mis du temps à digérer ces Jeux ?
Les choses arrivent tellement vite à ce niveau. Je suis rapidement passé à la saison suivante mais quand même, j’y repense parfois. Dans ces moments-là, je me dis que c’est bien d’avoir gagné la médaille d’argent mais qu’on était à un point de la médaille d’or et que ça aurait été un exploit incroyable.
Depuis votre départ de Mondeville, vous êtes également devenue maman de la petite Jaya (née en décembre 2020). Comment a-t-elle vécu ces Jeux ?
En étant au premier rang (rires). Même si elle est jeune et ne comprend pas encore l’ampleur des Jeux olympiques, c’était important pour moi qu’elle soit là. Sa présence m’apporte beaucoup de fierté et de force.
« Nous devrions normaliser le fait qu’une athlète puisse devenir mère », disiez-vous en 2022.
Quand je vois le nombre d’athlètes qui deviennent mamans au cours de leur carrière et que j’entends leurs retours, il n’y a plus de questions à se poser. Cela devrait ouvrir les esprits. Vous pouvez tomber enceinte et revenir en pleine possession de vos moyens et même plus forte. Ma grossesse n’était pas planifiée mais ça va. Je ne regrette rien du tout.
Comment le fait d’être maman vous a-t-il rendu plus fort en tant que basketteur ?
Sur l’aspect psychologique. Maintenant, je suis basketteuse mais aussi maman et ça me permet de relativiser beaucoup de choses. Ce n’est pas parce que je fais un mauvais match que c’est la fin du monde. Ma fille est devenue ma priorité, elle me donne beaucoup de force et m’aide à basculer. Lorsque je marche sur un étage, j’ai besoin de savoir où se trouve ma fille. Une fois que je l’ai repéré, je suis prêt à partir.
Vous jouez depuis février pour Fenerbahçe, double tenant du titre de l’Euroligue. Qu’avez-vous découvert là-bas ?
C’est le très haut niveau, le mieux qu’on puisse faire. Quand je me suis retrouvée dans la salle entourée d’Emma Meesseman, Napheesa Collier et Kayla McBride, je me suis dit “wow, ok, bienvenue au Fener !” » Là encore, j’ai ressenti beaucoup de fierté. Nous évoluons dans des conditions incroyables. La logistique n’a rien à voir avec ce qui existe en France. Je ne suis pas à plaindre (rires).
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Qu’est-ce que ça fait de retrouver ses amis « argent », trois mois après les Jeux ?
C’est spécial, c’est sympa. Ce que nous avons vécu est unique et fort, c’est quelque chose qui nous liera pour toujours. Nous avions un groupe spécial au sein duquel quelque chose s’était passé.
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