l’essentiel
SÉRIE (1/12). Dans le cadre de notre série Trésors d’Archives, qui retrace les grands moments de l’histoire du Tarn, retour sur la grande crue de 1930 qui dévasta le bassin du Tarn, faisant près de 250 morts dans le Sud.
Nous sommes en 1930. Durant deux jours, les 2 et 3 mars, le bassin du Tarn subit des crues d’une rare intensité qui font sortir de leur lit plusieurs de ses principales rivières : le Tarn, mais aussi l’Agout, le Thoré et l’Arnette. Cet épisode, qualifié de « crue du siècle » par les spécialistes, a également ravagé les départements de l’Aude, du Lot-et-Garonne et surtout du Tarn-et-Garonne, faisant 250 morts dans le sud de la France.
Dans le Tarn, des torrents se déversent sur Labastide-Rouairoux, Mazamet, Castres, Lavaur, Saint-Sulpice, Gaillac et Rabastens. La conséquence d’un hiver très pluvieux qui a saturé les sols et recouvert de neige les Monts de Lacaune et la Montagne Noire. Leur fonte a alimenté les cours d’eau.
Une véritable catastrophe climatique
C’est dans ce contexte que survient la catastrophe climatique. Début mars, des précipitations importantes sont tombées sur le Sud. Dimanche 2 mars, le niveau de l’eau monte dangereusement. A Albi, le Tarn touche le point culminant des arches du Pont Vieux. Le 3 novembre à 21 heures, elle culmine à 9,10 m, égalant presque les crues de 1766 et 1808.
Un peu plus en aval, à Gaillac, on frôle également les records avec une pointe à 13,9 m. Le jardin de l’évêché de l’abbaye Saint-Michel est entièrement inondé. A Rabastens, le Tarn culmine à 18 mètres. Du jamais vu auparavant ! A Castres, l’eau passe sur les deux ponts. L’Agout dépasse les 7 mètres et la ville est complètement inondée. Le Travet déborde, inondant la place de l’Albinque et de nombreux commerces environnants. Les habitants tentent tant bien que mal de sauver tout ce qu’ils peuvent et montent à l’étage pour se protéger de l’inondation. Deux personnes ont été retrouvées mortes, coincées par les eaux.
Tout le Tarn est sous les eaux
En amont, sur le Mazamétain, l’Arnette est en colère et inonde et détruit les fabriques de laine qui font la richesse de la ville. A Lavaur, l’Agout déborde et inonde le quartier de l’Usine à Gaz. Son niveau s’élève jusqu’à la hauteur inédite de 14 mètres, soit 6 de plus que les crues les plus extraordinaires. Des usines et une cinquantaine de maisons ont été rayées de la carte.
A Saint-Sulpice-la-Pointe, là où se rejoignent l’Agout et le Tarn, les habitants sont réveillés par le tocsin. La ville est complètement sous l’eau. Le niveau se situe à 20 mètres au-dessus de son niveau d’étiage (niveau le plus bas). Au pont suspendu, le courant submerge la chaussée avant d’emporter le tablier du pont. Seuls les quatre piliers fondateurs y resteront. Là aussi, de nombreuses maisons ont été détruites.
Quel que soit l’endroit du Tarn où la crue a causé de gros dégâts, c’est avant tout la surprise qui domine. Durant ce week-end, les employés chargés du télégraphe n’étaient pas en service. Mais cela n’aurait pas beaucoup changé. A cette époque, les alertes météo et les vigilances jaune, orange et rouge n’existaient pas. Les habitants n’ont découvert les catastrophes qu’au dernier moment, lorsqu’elles se sont produites.
Ce fut le cas en 1930 dans le Tarn, mais aussi et surtout dans le Tarn-et-Garonne, département le plus touché par cet épisode. Moissac, complètement sous les eaux, comptera 131 morts. A Montauban, 29 corps seront retrouvés. Une terrible inondation qui restera comme l’une des pires de l’histoire et qui donnera lieu à une journée de deuil national le 9 mars.
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