News Day FR

un chercheur de Caen nous dit si on peut encore en manger

Par

Maxence Gorregues

Publié le

4 novembre 2024 à 18h45

Voir mon actualité
Follow Liberté Caen

Avec des pâtes, ou dans un sandwich ou à servir dans une tarte, le thon est un composant majeur du régime alimentaire de nombreuses personnes. Coup de tonnerre mardi 29 octobre 2024 lorsque les ONG Bloom et Foodwatch ont publié le des constatations alarmantes d’une enquête. Thon en conserve serait contaminé par du mercure, au-delà de la réglementation recommandée.

Une étude sur 148 boîtes de thon

L’étude montre que les 148 boîtes de thon analysées contiennent du mercure, et que 57% des 148 échantillons prélevés dans cinq pays européens, dont la , dépasser les seuils de mercure ensemble pour poisson classique. Faut-il continuer à en consommer ? Le thon est-il le seul concerné ?

Enseignant-chercheur en toxicologie à l’Université de Caen, François Sichellivre son éclairage sur le sujet, et revient sur les risques liés à la consommation de thon contaminé au mercure, pour Liberté Caen.

Pourquoi le thon en conserve est-il plus touché par la pollution au mercure que le thon frais ?

Thon les conserves retient plus de polluantscomme le mercure, car il est déshydraté et est parfois stocké longtemps. Dans le poisson frais, les composants volatils s’échappent plus facilement, notamment lors de la cuisson.

Qu’en est-il des autres poissons vendus en conserve, comme les sardines par exemple ?

Tous les poissons sont affectés par les polluants. Mais il est logique d’en trouver en plus grande quantité chez les grands prédateurs, comme le thon. Pour se nourrir, le thon consomme de nombreux poissons plus petits que lui, qui contiennent eux-mêmes des résidus de mercure.

Au cours de son existence, le thon ingère donc une plus grande quantité que les poissons plus petits comme les sardines.

Qu’est-ce qui cause la présence de mercure dans leur corps ?

Essentiellement pour la décontamination, notamment liée à l’industrie électronique. Le mercure métallique est également largement utilisé dans l’orpaillage illégal. Il est utilisé pour amalgamer l’or. Il est ensuite rejeté dans l’environnement et concentré en méthylmercure. En résumé,La présence dans les poissons provient d’une pollution liée à l’activité humaine.

Des personnes plus exposées que d’autres

Pouvez-vous nous rappeler les effets nocifs du mercure sur la santé ?

Le mercure est un puissant neurotoxique, particulièrement dangereux en cas de consommation répétée. Les principaux risques sont les paresthésies neurologiques (picotements), avec des troubles des fonctions visuelles et motrices. Les effets toxiques du mercure sont exacerbés chez les populations vulnérables, en particulier parmi les fœtusLE les nourrissons et le jeunes enfants. Une exposition précoce peut entraîner des retards cognitifs et développementaux.

Quels conseils donnez-vous à vos proches lorsqu’ils vous posent la question : faut-il arrêter de manger du thon en conserve ?

L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, a publié des recommandations citant deux portions de poisson par semaine et par personneun gras et un maigre, en fonction des différents contaminants nichés dans le poisson. Cela peut être appliqué à la crise actuelle.

Si l’on consomme une boîte de thon par semaine, on peut considérer qu’il s’agit d’une portion de poisson, d’environ 200g. Mais il serait peut-être prudent de manger un peu moins.

Le message à faire passer : il doit être évité par les femmes enceintes, les enfants et les femmes allaitantes.

En tant que chercheur, qu’espérez-vous des autorités ?

Cette étude, qui semble sérieuse, même si l’échantillonnage est limité, pose la question de la limite maximale de résidus de mercure spécifique au thon, actuellement fixée à 1 mg/kg. Elle est trois fois supérieure à celle des autres poissons (0,3 mg/kg). Pour quoi ? D’autant que le thon fait partie des poissons les plus consommés.

Une norme aussi élevée pour le thon ne prend pas suffisamment en compte les risques toxicologiques, d’autant plus que, je le rappelle, le mercure s’accumule de manière significative chez les grands prédateurs comme le thon. Cette spécificité devrait être supprimée au profit d’une LMR (Mercury Residue Limit) déterminée sur la base d’éléments toxicologiques comme c’est habituellement la règle. La réglementation actuelle s’applique au poisson frais et non au poisson en conserve. Or, c’est le poisson qui finit dans l’assiette du consommateur qu’il faut prendre en comptepas celui qui est pêché.

Que vous inspirent globalement ces révélations ?

Nous déversons de plus en plus de polluants dans notre environnement. Bien qu’il soit interdit depuis 2020, on retrouve par exemple des traces de chlorothalonil, un pesticide, dans l’eau. Plus nous déversons de produits chimiques dans l’environnement, plus le risque pour la santé est grand. Nous sommes dans une situation compliquée, avec d’un côté la santé publique et de l’autre les impératifs économiques. Le cas le plus évident est celui de l’eau. Il faudra réviser cela et posez-vous la question : les réglementations qui sont là pour nous protéger peuvent-elles encore autoriser des dérogations ?

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :