Tout le monde dans son cercle d’amis a fait de même. « Sur notre groupe WhatsApp, nous partageons nos photos avec notre petit badge remis lors du vote. » Si le groupe d’amis partage facilement avis et photos, ils ne correspondent pas à leur choix électoral. « Les sondages donnent des résultats très serrés. Tout le monde attend de savoir ce qui va se passer car nous avons deux candidats avec des visions complètement différentes. Cela crée des divisions même entre amis. » Malgré ces dissensions, pas question de laisser la politique gâcher les relations amicales : « Notre amitié va au-delà de la politique. Si j’ai un problème demain, j’appellerai mes amis, ce ne sera pas Trump ou Kamala. »
Comme Cindy Montgénie, Olivier Lucenay a déjà voté. Ayant vécu 11 ans aux Etats-Unis, il a obtenu la nationalité américaine il y a deux ans. Ce premier vote, dans le New Jersey où il réside désormais, a donc une valeur symbolique. “ J’ai travaillé dur pour avoir cette double nationalité. Voter est un privilège que j’ai enfin. » Egalement chef d’entreprise, il se montre prudent lorsqu’il s’agit de parler politique. « La politique et le Covid sont deux sujets à éviter. Ce n’est pas bon pour les affaires. ? Globalement, j’ai remarqué que contrairement à la France, où l’on aime débattre de politique, aux Etats-Unis, c’est plutôt mal vu d’en discuter. ».
Cependant, dans le gymnase qu’il possède, la politique revient. « Une salle de sport, c’est comme un salon de coiffure, les gens parlent. J’ai l’impression, quand on parle de questions sociales, que les chefs d’entreprise se concentrent davantage sur Trump et le Parti républicain, tandis que les salariés se concentrent davantage sur Kamala Harris et les démocrates. »
A New York, où il vient de rentrer après une tournée française avec la compagnie Alvin Ailey, Yannick Lebrun a profité de la dernière journée de « vote anticipé », dimanche dernier. Franco-américain depuis 2020, il vote pour la première fois à l’élection présidentielle. « J’ai déjà voté pour les élections locales, mais là, c’est autre chose. C’est historique ! L’Amérique entière retient son souffle. Il y a deux visions opposées et pour la première fois une femme noire pourrait devenir présidente des Etats-Unis. »
Comme les autres Guyanais interrogés, Yannick Lebrun ne souhaite pas dire pour qui il a voté. « L’ambiance est calme dans les rues. Les gens ne parlent pas ouvertement de politique. Mais ceux qui s’expriment veulent du changement. Il y a aussi beaucoup d’indécis… » Dans son entourage, aucun militant. Mais Yannick Lebrun connaît des gens qui ont assisté à des réunions. « Aujourd’hui, je ressens surtout le stress de l’attente. Il y a aussi un petit souci : La crainte est que si Kamala Harris gagne, les partisans de Trump réagiront comme le 6 janvier 2021 ». Pour éviter de revivre ce moment où les partisans de Donald Trump ont envahi le Capitole, certaines administrations et entreprises se préparent déjà à assurer leur sécurité.
Mardi, jour des élections, les yeux du monde entier seront tournés vers l’Oncle Sam. Sur place, Cindy Montgénie, comme les autres, ne manquera pas une miette de ce qui va se passer. « Je vais suivre l’élection à la télé, seule chez moi. J’espère que ce ne sera pas comme 2020 où on a attendu trois semaines pour avoir les résultats ! »
Contrairement à la France où le président est élu au suffrage universel direct, les États-Unis choisissent leur président au suffrage universel indirect. Alors, demain, en réalité, c’est pour le collège électoral, le fameux « grands électeurs » que les citoyens voteront. Ensuite, ces 538 élus choisiront le futur président qui devra recueillir au moins 270 voix. Cela signifie qu’aux États-Unis, un président peut perdre les élections même s’il a remporté la majorité du vote populaire. C’est ce qui est arrivé à Hillary Clinton en 2016 contre Donald Trump ou à Al Gore en 2000 contre George W. Bush.
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