Ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à la destruction d’un barrage centenaire. C’est la décision que l’État a prise après découverte de fuites au barrage du Lac Blanc en Maurienne dans le massif des Sybelles sur la commune de Saint-Sorlin-d’Arves. Des travaux d’urgence ont dû être effectués avant l’arrivée de la neige dans les montagnes.
Une brèche dans la digue pour évacuer l’eau
Tout a commencé avec la découverte cet été de fuites au fond de ce lac artificiel. Gilbert Derrier, membre de la commission de l’eau de la communauté de communes Cœur de Maurienne Arvan, déclare : «dans le cadre d’une opération de maintenance, nous avons dû changer la vanne de vidange du Lac Blanc. Pour ce faire, il a fallu baisser le niveau du lac et en baissant le niveau, on s’est rendu compte qu’il y avait ce qu’on appelle des fontis. Il s’agit d’affaissements sur la face amont du barrage. Ces fontis sont révélateurs d’une infiltration d’eau.
Il faut donc réagir rapidement. Parce que si le barrage cédait, c’est un demi-million de m3 (500 000 m3) ce qui pourrait menacer les zones situées en contrebas. L’Etat propose donc de creuser une brèche dans la digue pour drainer les eaux. “L’Administration s’est rendue sur place et a constaté que ce type d’événement était susceptible de fragiliser le barrage. Et pour des raisons de sécurité, pour éviter la rupture du barrage et le déferlement d’une vague, la seule solution qui a été étudiée et qui a été adoptée pour maintenir le niveau du lac bas a été de créer une brèche avec un canal pour empêcher l’eau de monter sur le remblai du barrage et provoquant l’effondrement du barrage.
Eviter à tout prix que le lac ne se remplisse
Nicolas Revol, chargé de mission environnement à la communauté de communes Cœur de Maurienne Arvan, explique que vu le délai, il n’y avait malheureusement pas d’autres solutions : «Nous sommes à 2400 mètres d’altitude. Et forcément, la neige va bientôt arriver. Nous avons été obligés de créer cette brèche« .
Les excavateurs sont à pied d’œuvre depuis début octobre. Luc Saillet suit le chantier du bureau d’études Hydrostadium : «Il n’arrive pas tous les jours de devoir briser un barrage. C’est assez atypique. La particularité c’est que nous sommes en altitude, donc la neige peut arriver vite, surtout à ce moment-là. Ici, on a un peu de chance, on va pouvoir profiter de belles journées début novembre, donc le calendrier se détend un peu. C’est très instructif de voir ça. D’autant plus qu’il s’agit d’un barrage qui date d’il y a 100 ans. Donc avec l’abaissement du lac, on voit aussi les vestiges de ce qui se faisait à l’époque« .
Nous perdons une réserve d’eau d’environ 500 000 m3
Le Lac Blanc se vide et Gilbert Duriez ne reconnaît plus ce site au pied du Pic de l’Etendard, très apprécié été comme hiver pour le ski. Il a perdu de sa beauté et surtout, il faut désormais décider de perdre un approvisionnement en eau. « En effaçant la digue du lac, on perd un volume d’environ 500 000 mètres cubes, ce qui est considérable. Et à l’heure où l’on parle de réchauffement climatique, de raréfaction de la ressource en eau, il est très dommageable de perdre cette ressource”regrets Gilbert Duriez.
Jusqu’à présent, le lac Blanc servait de « réservoir » au lac Bramant, situé une trentaine de mètres plus bas. Cela nourrit dans l’eau potable et la neige artificielle les communes alentours des Sybelles, comme Saint-Sorlin-d’Arves, la Toussuire, ou encore Fontcouverte, soit 40 000 lits touristiques.
La brèche creusée dans la digue du barrage du Lac Blanc devrait être prochainement complétée. La première quinzaine de novembre si le temps tient, les techniciens prédisent.
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