QQu’arrive-t-il à la feuille de salade décorative qui reste, à la bouchée de hamburger, aux trois frites laissées dans l’assiette d’un restaurant ? Jusqu’au 31 décembre 2023, ces « biodéchets » (1) finissaient indistinctement dans la poubelle dite ultime, ces déchets non recyclables destinés à l’incinération. Depuis le 1est Janvier 2024, les collectivités chargées de la collecte et du traitement des déchets sont tenues de mettre en place une collecte différenciée de ces biodéchets. Pour les particuliers. Les professionnels doivent assumer leur responsabilité dans ce domaine.
Parmi notamment les quelque 350 restaurants recensés en Pays Royannais, chacun a sa solution. En l’absence de contrôles, pour l’instant, la plupart des établissements maintiennent leurs habitudes : des déchets « verts », ni vus ni connus. Certains ont recours à « quelqu’un qui vient » pour récupérer leurs biodéchets. Sans traçabilité. Julien Martin peut attester du traitement conforme des biodéchets qu’il collecte.
Implanté depuis 2023 comme « acteur local de la prévention et de la gestion des biodéchets et du gaspillage alimentaire », Étaulais propose depuis le 1est Août, la suite logique de sa propre reconversion professionnelle : l’enlèvement et le traitement des biodéchets des professionnels.
Matériel de récupération
Julien Martin consacre une journée par semaine à la collecte directe de ces biodéchets. Son débouché : un composteur, qu’il a installé sur le terrain exploité à Chay par Luciana Fondacci, maraîchère spécialisée dans les mini-légumes. Dans quelques mois, la maraîchère bénéficiera du compost pour enrichir le sol de sa vaste parcelle. Un arrangement gagnant-gagnant.
J’ai fabriqué le composteur moi-même, avec des palettes récupérées
En effectuant un virage professionnel dans le domaine de la gestion des déchets, Julien Martin a souhaité « donner du sens » à son engagement citoyen, d’abord dans la réduction de la production de déchets ménagers. Du « Sens », celui qui s’est formé pour devenir « maître composteur » le donne à toutes les étapes de son activité. « Les seaux que je mets à disposition de mes clients pour stocker leurs biodéchets me sont offerts par un restaurateur, ce sont des seaux d’emballage de sauce tomate. J’ai également fabriqué le composteur moi-même, avec des palettes récupérées. » Il effectue sa tournée de collecte en véhicule électrique.
Un service à moindre coût
Des restaurants et hôtels de Saujon et Royan, un magasin bio à Vaux-sur-Mer, et depuis plusieurs jours un Ehpad de La Tremblade ont déjà fait appel au service proposé par Julien Martin et sa petite entreprise Géosmine et Cie (2). L’activité est naissante, la collecte est encore loin de la tonne de biodéchets que la législation l’autoriserait à collecter et à traiter. Julien Martin prospecte donc inlassablement les professionnels. « Les réponses que j’entends le plus souvent, de la part des restaurateurs notamment, c’est qu’ils n’ont pas la place pour stocker leurs biodéchets, qu’ils n’ont pas le temps, que ça coûte. » Le maître composteur fait preuve de pédagogie, déjoue ces prétextes.
Le coût de cette nouvelle obligation de tri séparé, notamment, est un faux problème, selon Julien Martin. Il facture 25 euros par mois pour sa prestation, pour l’enlèvement hebdomadaire de deux seaux d’une capacité de 11 litres. «Je n’en ai pas encore vu», sourit l’intéressé. Heureusement, dans les prochaines semaines, il complétera son activité en assurant la collecte dans toute la Charente-Maritime pour le compte d’une entreprise bordelaise avec laquelle la communauté urbaine Royan Atlantique l’a mis en relation.
Pour BicyCompost, Julien Martin collectera spécifiquement les biodéchets des Ehpad du département. Tout en développant son activité en Pays Royannais. « Je prépare déjà la fabrication d’un deuxième composteur », toujours avec des matériaux recyclés, pour rester cohérent. Ce spécialiste du compost peut être confiant. L’obligation de traiter séparément les biodéchets est mise en œuvre avec une certaine latitude, mais les professionnels sont déjà tenus de s’y conformer. Et pour prouver qu’ils le font, en cas de contrôle.
(1) L’article L. 541-1-1 du code de l’environnement définit les biodéchets comme « les déchets biodégradables non dangereux provenant des jardins ou des parcs, les déchets alimentaires ou de cuisine des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de détail, ainsi que des déchets comparables provenant des usines de transformation des aliments.
(2) Géosmine et Cie, 22, rue des Niels, 17750 Étaules. Such. 07 48 11 25 43. E-mail: [email protected].
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