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L’intelligence artificielle au coeur de la campagne décryptée sur 5

États-Unis : une élection sous AInouvel opus de la série documentaire La fabrique du mensonge, diffusé ce dimanche 3 novembre à 21h10 sur 5 ,  s’intéresse à l’intelligence artificielle générative, qui permet de créer une multitude de contenus à faible coût et dans des délais très courts. Et qui constitue une menace supplémentaire pour une élection présidentielle américaine déjà très mouvementée. Entretien avec la réalisatrice Elsa Guiol.

Comment avez-vous choisi le thème ?

A La fabrique du mensongenous avions déjà réalisé deux épisodes autour des élections américaines. On a donc vu arriver des outils d’intelligence artificielle générative, capables de créer de nouveaux contenus à partir de données préexistantes. Mais quand nous avons vu l’ampleur qu’ils commençaient à prendre dans la campagne, il nous a semblé important d’en parler sans tarder. Nous savons depuis longtemps que l’IA peut être un outil de désinformation très puissant. Les États-Unis ne sont pas le premier pays à l’utiliser à des fins politiques, mais la menace continue de croître. Aujourd’hui, le moindre événement donne lieu à un flot d’images générées par l’IA sur les réseaux sociaux, ce qui est assez inquiétant.

Comment s’est déroulée votre enquête ?

J’ai passé environ un mois, un mois et demi à confirmer l’angle, à trouver des personnages… C’était assez compliqué, en tant que média étranger, de joindre des témoins aux Etats-Unis. Mais j’y suis parvenu. J’y suis ensuite resté une quinzaine de jours. J’ai aussi tourné quelques séquences à Paris. Commence alors la phase de montage qui dure deux mois. Comme il y a eu beaucoup de rebondissements durant l’été, nous avons fait beaucoup de petits ajouts. Mais à un moment donné, il a fallu y mettre un terme. Nous avons donc décidé de terminer par la séquence sur Elon Musk, qui utilise Twitter, dont il est propriétaire, pour publier les deep fakes (NDLR, ces manipulations numériques de plus en plus réalistes) sur la candidate démocrate Kamala Harris.

Vos différents témoins ont-ils volontiers accepté de prendre la parole ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les représentants de « l’armée numérique » de Donald Trump n’ont pas été bien difficiles à convaincre. Ils se sont même montrés assez disponibles et transparents. Il faut dire que je ne me suis pas non plus adressé aux grands noms de son administration. Et qu’il n’y a rien d’illégal dans ces pratiques aujourd’hui. C’est aussi le danger.

Qu’est-ce qui vous a le plus intéressé lors de votre enquête ?

La facilité avec laquelle ces fausses images se créent ! Vous n’avez pas besoin d’être un professionnel de l’informatique pour faire dire quoi que ce soit à quelqu’un. Nous pouvons tous y accéder en quelques clics. En vidéo, le logiciel n’est toujours pas très performant, mais en audio, le résultat est fascinant. Dans le cadre du documentaire, il a été demandé à quelqu’un de réaliser un son de la chanteuse Taylor Swift avec un logiciel accessible à tous. Le rendu est tellement similaire qu’il devient très difficile de démêler le vrai du faux. J’aurais pu moi-même tomber dans le piège. J’invite donc chacun à redoubler de vigilance, à se méfier et à faire très attention à ce qu’il partage sur les réseaux sociaux. Il faut aussi apprendre à nos enfants à remettre en question les contenus qui circulent. Autant les jeunes générations maîtrisent bien mieux que nous les usages de ces technologies, autant elles n’en connaissent pas toujours les dangers.

France 521h10.

 
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