Conservateur au Père-Lachaise, Benoît Gallot parcourt ses chemins pour photographier une vie insoupçonnée mais diversifiée. Ses découvertes et photos sont rassemblées dans un livre, « La vie secrète d’un cimetière ».
Chère Lydie Galipo
Publié le 3 novembre 2024 à 10h50
Benoît Gallot est sans doute le Parisien qui peut se targuer d’avoir les voisins les plus calmes de la capitale. Conservateur au cimetière du Père-Lachaise, il réside dans l’enceinte même de la plus célèbre nécropole du monde. Si vivre sur un site dédié au reste des morts est surprenant, peu savent qu’il s’agit en réalité d’un lieu de vie foisonnant. Surtout la vie animale, que Benoît Gallot photographie une fois le portail du cimetière refermé derrière les derniers visiteurs. On lui doit aussi les célèbres photos des renards du Père-Lachaise qui ont agité Paris en 2020. Benoît Gallot a réuni ses photos, son expérience et ses connaissances dans son premier livre, La vie secrète d’un cimetière.
Tout a bien commencé avec les fameuses canines rouges, mais pas celles qu’on soupçonne. En 2011, alors conservateur du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine, Benoît Gallot s’engage avec ses équipes pour suivre le projet « zéro produit phytosanitaire » de la Mairie de Paris. Cette mesure test vise alors à éliminer progressivement les pesticides des espaces fréquentés par le public. En quelques années, la faune et la flore reprennent leurs droits entre les tombes : « On a vraiment vu le cimetière se transformer et se verdir. »
C’est alors qu’il remarque les oiseaux. Initié par un passionné d’ornithologie, il utilise sa patience pour les capturer avec son objectif. Puis il photographie des chats, des insectes, jusqu’à la surprise, en 2017 : une portée de renardeaux gambadant joyeusement entre les pierres tombales. Son compte Instagram, @la_vie_au_cimetiere, est né immédiatement. L’objectif est simple : faire découvrir le cimetière autrement aux Parisiens, “qu’ils viennent avec moins de réticence”.
L’année suivante, Benoît Gallot rejoint le Père-Lachaise, avec sa femme et ses enfants. Pour ce fils de marbrier, les stèles du jardin ne sont pas une nouveauté. Ni pour ses enfants, qui vivaient auparavant à Ivry et connaissent leur cadre de vie exceptionnel. ” Un jour, mon fils a invité un ami. Ils jouaient dans sa chambre et virent un renard par la fenêtre. Il était assez fieril confie. Nous avons quand même eu la chance de disposer de 43 hectares en plein Paris lors du premier confinement. » Le conservateur y a alors eu une rencontre qui a bouleversé le regard sur la nécropole parisienne.
Alors que le Père-Lachaise est fermé à la visite, l’histoire se répète : en se promenant, Benoît Gallot croise un renardeau. Une première rencontre inattendue et touchante, qu’il cherche à reproduire. Armé de son appareil photo, en dehors de ses heures de travail, il parcourt les allées pavées du cimetière, à la recherche du terrier. Ses efforts ont porté leurs fruits au-delà de ses espérances. Les photos des renardeaux adoucissent la capitale et mettent la machine médiatique en marche. Le conservateur réactive son compte Instagram puis photographie des chats, des corbeaux et des mésanges, mais aussi des perruches et des martres. Cette faune diversifiée et insoupçonnée change le comportement des visiteurs : ils lèvent enfin la tête pour observer les oiseaux et chercher les chats et les renards. Mais la vraie réussite pour Benoît Gallot, ce sont les familles qui sont en paix sachant que leurs proches décédés reposent dans un environnement plein de vie.
A lire
La vie secrète d’un cimetièreBenoît Gallot, ed. Les Arènes, 240 p., €21.90.
A lire aussi :
On YouTube, naughty stories from Père-Lachaise
Article publié le 1est novembre 2022
Related News :