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vingt-cinq ans de mystère dans les Landes

Qu’a-t-il bien pu arriver à Pascale Biegun ? Née en 1964 dans le nord de la , cette blonde d’une trentaine d’années est venue s’installer dans les Landes avec son ami Rafaël Cuadros pour « changer d’air ». Le mercredi 3 novembre 1999, la jeune femme quitte son travail, au Centre d’Aide au Travail (CAT) de Moustey, vers 19h10. C’est la dernière fois que cette aide-soignante sera vue.

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Raphaël, son compagnon, tire la sonnette d’alarme

Très inquiet de ne pas avoir de nouvelles de Pascale, c’est son compagnon, Raphaël, un commercial poussé par son métier à sillonner les routes du Sud-Ouest, qui a tiré la sonnette d’alarme. Ce mercredi, il est en Corrèze, et, depuis son hôtel, il ne parvient pas à joindre la jeune femme par téléphone. De retour dans les Landes le lendemain, il contacte la gendarmerie de Pissos pour lancer des recherches et porter plainte pour enlèvement. La voiture de Pascale, une Renault 25, a été retrouvée sur la route de Sore le même jour.

Aucune trace de pas ou de lutte ne sera constatée autour du véhicule, verrouillé et garé latéralement sur une bande herbeuse. De chaque côté, des pins à perte de vue… Le levier de vitesses est enclenché en première, ce qui, selon ses proches, n’était pas son habitude : elle laissait toujours la voiture au point mort.


« Toujours porté disparu », article publié le 21 novembre 1999.

Archives du Sud-Ouest

Zone d’ombre

Le 10 novembre, le procureur adjoint de Mont-de-Marsan ouvre une enquête contre X pour « enlèvement ». En recoupant différents témoignages, les enquêteurs sont parvenus à reconstituer l’emploi du temps de la jeune femme, qui ne se rendait pas au travail ce jour-là. Une zone grise demeure. La voiture a été aperçue par plusieurs témoins dans la soirée du 3 novembre et dans la journée du 4, où elle a été retrouvée. Mais de 19h50 à 20h30, jour de la disparition, personne ne sait ce qui a pu se passer. Son sac à main, avec sa carte bancaire et tous ses papiers, est resté dans l’hôtel particulier où elle habite à Pissos, une belle résidence isolée entourée de pins, au lieu-dit Richet, près de la route de Sore où nous avons retrouvé sa voiture.

Une personne « heureuse et équilibrée, sans incident »

Les hypothèses de suicide et de fugue sont rapidement écartées. L’enquête de personnalité menée dès le début de l’affaire dresse le portrait d’une personne équilibrée, « qui n’avait pas l’esprit brouillé par des difficultés psychologiques, et aucun nuage ne pesait sur sa vie sentimentale », selon les termes utilisés à l’époque dans nos chroniques par notre collègue Pierre-Emmanuel Réault.


Des battues ont été organisées dès les premiers jours en forêt, non loin de l’endroit où se trouvait la Renault 25 de la jeune femme sur la route départementale 43.

Archives du Sud-Ouest / David le Déodié

L’enquête est alors confiée à la Section de recherches de Pau, qui collabore avec ses collègues de Mont-de-Marsan et la brigade territoriale de Pissos. Les prélèvements ADN effectués dans la voiture n’ont rien donné, pas plus que les moyens importants mis en œuvre : fouilles dans les bois environnants avec des équipes de chiens, exploration par six plongeurs policiers venus de Saint-Jean-de-Luz et d’Arcachon de la Leyre, la rivière qui serpente à travers ce territoire peu peuplé, survol du massif forestier par un Mirage IV équipé d’un système de reconnaissance militaire… Tout le secteur qui va de Pissos à Moustey en passant par Sore est ratissé et ratissé : en vain.


Pascale Biegun était une passionnée de moto.

RD

Est-ce une agression ? Que faisait la voiture de la jeune femme sur cette route alors qu’elle n’y avait probablement rien à faire ? A-t-elle quitté la maison après avoir reçu un appel téléphonique ou sous la contrainte ? Le véhicule a-t-il ensuite été déplacé pour brouiller les traces ? Aurait-elle pu tomber dans un piège sur cette route relativement fréquentée ? Les enquêteurs, qui se sont également penchés en vain sur la communauté motocycliste landaise à laquelle appartenait le couple, ont soulevé toutes ces questions, sans jamais parvenir à une piste sérieuse.

Fourniret, Allègre, Wolker Eckert : la piste des tueurs en série

Quelques mois plus tard, en février 2000, un homme sortant de l’hôpital psychiatrique de Mont-de-Marsan reconnaît avoir tué la blonde de trente ans à coups de hache. Les vérifications effectuées ne permettent pas d’accorder du crédit à ces propos qui semblent incohérents. La piste des délinquants sexuels présumés vivant dans les Landes est également activée, mais elle se trouve une nouvelle fois dans une impasse. Une ordonnance de licenciement sera prononcée en octobre 2009.

Il y a enfin cette affaire similaire, la disparition tout aussi étrange et inexpliquée de Sylvie Debrieu, le 1er novembre 1999. Cette quadragénaire, également décrite comme « une très belle femme blonde », vivait à Pessac près de Bordeaux. Elle travaillait dans l’entreprise de son mari où elle jouait un rôle important. Elle a disparu deux jours avant Pascale Biegun, dans les mêmes circonstances, après avoir quitté le domicile familial. Sa voiture, une Peugeot 406 gris foncé, a été retrouvée à côté de la gare Saint-Jean à Bordeaux, verrouillée avec son sac à main à l’intérieur. Alors, un tueur en série ?

En 2008, une commission rogatoire délivrée au SRPJ de Reims n’a pas non plus permis de faire un lien entre la disparition de Pascale et l’éventuelle présence dans la région de Michel Fourniret. L’« ogre des Ardennes », décédé depuis en 2021, avait été arrêté en 2003. Pas plus que celle de Patrice Allègre ou du tueur en série allemand Wolker Eckert, soupçonnés à l’époque d’un meurtre dans la région bordelaise. Une ordonnance de licenciement sera prononcée en octobre 2009.

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Mort de Michel Fourniret : l’incroyable parcours macabre d’un tueur en série

CHRONOLOGIE – Décédé ce lundi 10 mai 2021 à l’âge de 79 ans, « l’ogre des Ardennes » a été condamné à deux reprises à la réclusion à perpétuité pour les meurtres de huit jeunes femmes et adolescentes. Poursuivi pour quatre autres crimes, dont la disparition d’Estelle Mouzin, il est soupçonné d’être impliqué dans une vingtaine d’affaires non résolues, dont la disparition de Marion Wagon.

Le 12 octobre 2011, le parquet de Mont-de-Marsan demandera la réouverture d’une enquête pour enlèvement sur la base de nouveaux éléments. “Il s’agit de la dénonciation d’une femme résidant hors département, accusant son mari d’être l’auteur des faits”, avait alors expliqué Jean-Philippe Récappé, procureur de la République. Après enquête, cette piste ne se concrétisera pas non plus.

 
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