Après une semaine de pause, le procès de Dominique Pelicot et de ses 50 coaccusés reprend lundi 4 novembre devant le tribunal correctionnel du Vaucluse. Parmi les sept prévenus dont les dossiers seront détaillés cette semaine se trouve un homme dont l’adolescence a été marquée par un criminel, aujourd’hui condamné à la prison à vie, qui utilisait déjà la soumission chimique.
INFO MIDI LIBRE. « Comment ces traumatismes de l’enfance vous amènent-ils à avoir des références plus confuses en matière de sexualité ? C’est une question qu’on se pose inévitablement.» Avocat de plusieurs prévenus dans le procès Mazan, qui reprend lundi 4 novembre devant le tribunal correctionnel du Vaucluse, le bâtonnier Emile-Henri Biscarat, du barreau de Carpentras, évoquera en détail cette semaine le passé de l’un d’eux, dont le cas sera étudié avec six autres jusqu’à vendredi.
Parmi les 50 coaccusés de Dominique Pelicot, qui a reconnu avoir drogué pendant dix ans sa femme Gisèle pour la violer et la livrer inconsciente à des inconnus, plusieurs disent avoir été victimes de violences sexuelles dans leur enfance. Ludovick B., magasinier de 41 ans, affirme avoir été la proie, adolescent, d’un criminel sexuel qui pratiquait déjà la soumission chimique il y a plus de vingt ans.
Gisèle Pelicot abusée dans les Yvelines à Noël 2019
Accro au cannabis, fan de « une sexualité débordante »ce qui l’a amené à avoir des relations sexuelles plusieurs fois par jour avec ses compagnes, à multiplier les infidélités conjugales et le recours aux prostituées, Ludovick B. est venu abuser de Gisèle Pelicot non pas à Mazan, mais dans les Yvelines, dans la villa de Caroline. La fille des Pélicots avait prêté sa maison à ses parents pour les vacances de Noël 2019, sans se douter de ce qui allait s’y passer.
Démasqué par les vidéos tournées ce soir-là par Dominique Pelicot, incarcéré depuis dix mois, Ludovick B. révélera lors de l’enquête qu’il a été victime lorsqu’il avait 12 ans d’un criminel jugé à deux reprises aux assises des Yvelines.
Un capitaine des pompiers à la caserne de Trappes
Fabrice Motch, 58 ans, était alors capitaine des pompiers volontaires, et encadrait des adolescents rêvant de devenir pompiers à l’école départementale de la caserne de Trappes. Le 15 septembre 2007, alerté par un garçon d’une douzaine d’années, qui s’était enfermé dans les toilettes de la caserne, la police arrive vers 22 heures et l’arrête, appareil photo numérique à la main, dans une pièce où dort un adolescent inconscient. .
Dans le dispositif, on retrouve des photos et des films de garçons, maltraités par le policier. Trois d’entre eux racontent qu’ils avaient passé des tests physiques éprouvants dans la matinée et que le capitaine leur avait donné des pilules destinées à éviter les douleurs : du Rohypnol et du Stilnox, un médicament dont Dominique Pelicot est également soupçonné. pour l’avoir utilisé sur Gisèle.
Sept étudiants et les enfants de sa compagne
Réveillé par les caresses, l’un des garçons parvient à donner l’alerte avant que les choses n’aillent plus loin. Après la saisie d’images pédopornographiques à son domicile, Frédéric Motch a reconnu avoir abusé de sept élèves pompiers, mais aussi des deux enfants de sa compagne, entre 2001 et 2007.
Ludovick B. était l’ami d’un des fils de ce dernier et dormit plusieurs fois chez eux. Il affirme aujourd’hui avoir été violé par le pompier, qui l’a également forcé, entre 9 et 12 ans, à avoir des relations, en sa présence, avec son jeune ami.
Une procédure sous enquête à Versailles
« Une procédure est actuellement instruite à Versailles, Fabrice Motch a été entendu, et j’espère que nous irons un jour devant le tribunal correctionnel du Vaucluse, où mon client sera cette fois-ci une victime, et non un accusé. » souligne Me Biscarat. “Il dit lui-même qu’il ne comprend pas comment il peut se retrouver dans la position du violeur, après avoir subi cela.”
Devant le juge d’instruction, Ludovick B. a également expliqué que Dominique Pelicot “son l’avait effrayé parce que sa stature lui rappelait celle de l’homme qui l’avait agressé sexuellement.
Condamné à 15 ans, puis à perpétuité
Il faut dire que Fabrice Motch a de quoi inquiéter : condamné en mai 2010 à 15 ans de prison pour les viols subis par les jeunes pompiers et les enfants de sa compagne, il a écopé de la réclusion à perpétuité en septembre 2017, toujours devant la cour d’assises des Yvelines. , pour meurtre.
Lors de l’enquête sur les viols, sa propre sœur a révélé qu’il avait tué en 1996 un mécanicien, Philippe Pico, avec l’aide de son frère Lionel et de sa maîtresse, Yannick Lannou, alors marié à ce mécanicien.
“Découpé dans la cuisine, comme dans le Père Noël, c’est une poubelle”
Cette dernière va droguer son mari avant que Fabrice Motch ne le tue à coups de couteau : là encore la soumission chimique, associée à un crime. “On le découpe dans la cuisine, comme dans Le Père Noël c’est une poubelle” s’expliquera au procès Lionel Motch, condamné à 17 ans de prison, tandis que Yannick Lannou écope de 25 ans. De 1996 jusqu’à cet aveu en 2008, personne ne s’est inquiété de la disparition de Philippe Pico.
Deux ans après ce procès, dont il avait certainement connaissance, Ludovick B. s’en est à son tour porté à l’encontre de Gisèle Pelicot. Coïncidence, influence, déterminisme ou excuse facile : l’enchaînement de tous ces crimes, où apparaît la soumission chimique, mérite en tout cas d’être analysé.
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