A l’occasion de la Toussaint, tour d’horizon des dix morts illustres inhumés dans les cimetières de Gironde
Le week-end de la Toussaint est traditionnellement l’occasion de rendre hommage aux tombes des défunts. Celles de ses parents ou amis, mais éventuellement aussi celles de personnalités notables. Beaucoup d’entre eux reposent dans les cimetières de Gironde.
Clément V (Uzeste)
Il est le seul pape girondin. Bertrand de Got, né en 1264 à Villandraut, dirigea l’Église catholique sous le nom de Clément V de 1305 à 1314. Un pontificat marqué par ses tentatives pour éviter la guerre de Cent Ans, par l’abrogation de l’ordre du Temple et par son installation près d’Avignon, loin des pressions du roi Philippe le Bel et des intrigues romaines.
Selon l’historien Jean-Pierre Poussou, son élection reflète avant tout le « christianisme triomphant en terre girondine », comme en témoigne également le portail royal de la cathédrale Saint-André, à Bordeaux, construit à la même époque. Mort près d’Avignon, Clément V a été enterré dans la collégiale d’Uzeste, dans le Sud-Gironde. Il a laissé son nom au Château Pape Clément, à Pessac.
Jacques-Yves Cousteau (Saint-André-de-Cubzac)
Sorti en 1956, « Le Monde silencieux », de Jacques-Yves Cousteau, est le seul documentaire à avoir reçu la Palme d’or à Cannes (avec « Fahrenheit 9/11 » de Michael Moore), avant de remporter un Oscar au cinéma. États-Unis. C’est dire l’impact de cet explorateur océanographique né en 1910 à Saint-André-de-Cubzac, et pionnier dans la défense de l’environnement.
Entre les années 1960 et 1990, ses documentaires télévisés sensibilisent plusieurs générations aux beautés des espaces sous-marins et à la nécessité de les préserver. Notamment grâce à un scaphandre autonome qu’il avait breveté en 1945. Si c’est à Notre-Dame de Paris qu’ont eu lieu ses funérailles, en 1997, Jacques-Yves Cousteau est inhumé dans le caveau familial à Saint-André-de- Cubzac
Maurice Druon (Les Artigues-de-Lussac)
Le nom de Maurice Druon ne parle peut-être pas à toutes les générations, mais presque tous les écoliers français ont entendu ou chanté « Le Chant des Partisans ». Le texte a été rédigé en 1943 par cet écrivain, historien et homme politique français (1918-2009). Et cette chanson est vite devenue l’hymne de la Résistance.
Maurice Druon est également connu pour sa saga historique « Les Rois Maudits », publiée à partir de 1955, adaptée à la télévision en 1973, et qui a inspiré la série fantastique « A Game of Thrones ». A sa mort, les honneurs militaires lui furent rendus dans la cour de l’Hôtel des Invalides, à Paris, mais c’est dans l’abbaye Notre-Dame de la Faise, à Artigues-de-Lussac, qu’il fut enterré.
Edmond Dujardin (Arcachon)
Il est moins connu que ses jeux. Edmond Dujardin commercialise « Le Cochon qui rit » ou les adaptations en plateau de séries comme « Le Jeu des 1 000 francs ». Né à Tourcoing en 1905, cet imprimeur a une idée géniale en imaginant « 1 000 bornes » en 1954. Les ventes atteignent 10 millions d’exemplaires, avec une distribution dans 11 pays.
Asthmatique, Edmond Dujardin s’installe à Arcachon en 1947 où il décède en 1964. Son entreprise s’installe à La Teste-de-Buch puis à Cestas. En 2023, son chiffre d’affaires était de 26 millions d’euros. Un succès qui réjouit peut-être l’imprimeur depuis sa tombe au cimetière d’Arcachon.
Max Linder (Saint-Loubès)
Un tempérament suicidaire pour un acteur et réalisateur qui fut l’une des plus grandes stars comiques du cinéma muet, influençant même Charlie Chaplin : Max Linder est sans doute le Girondin dont la carrière cinématographique a eu le plus d’envergure. Entre 1910 et 1914, il tourne une centaine de courts métrages, obtenant un succès mondial.
La Première Guerre mondiale brise cet élan. Mobilisé, gazé, Max Linder a vu sa santé se dégrader. Ses tentatives de reconquête du marché américain ne rencontrent pas le succès escompté. Il se suicide à Paris en 1925, à l’âge de 41 ans, et est enterré dans sa ville natale de Saint-Loubès. Le collège de la ville porte son nom, tout comme le principal lycée de Libourne.
Michel de Montaigne (Bordeaux)
La localisation de la tombe du philosophe, auteur des « Essais », a longtemps été une énigme. Jusqu’à ce que le directeur du Musée d’Aquitaine fasse placer une caméra filaire dans le sous-sol du lieu et qu’apparaisse un cercueil là où les Allemands avaient commencé à construire un bunker pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était en 2019. En 2023, le corps est clairement identifié comme étant celui de Michel de Montaigne.
Pas question pour autant de venir lui rendre hommage. Cette crypte n’est pas accessible au public, même si une étude de faisabilité a été lancée à ce sujet. En attendant, les visiteurs peuvent encore voir le cénotaphe (le cercueil sans corps à l’intérieur) exposé dans les salles du musée dédiées au XVIe siècle.e et 17e siècles.
Omar Sahnoun (Saint-Jean-d’Illac)
Tous les fans de football ne se souviennent pas d’Omar Sahnoun. Pour autant, ce milieu de terrain qui peut aussi jouer défenseur central reste considéré comme « un Zidane avant l’heure » par rien de moins que Michel Platini. Celui qui joua une saison aux Girondins de Bordeaux (1979-80) était promis à une brillante carrière mais il souffrait de problèmes cardiaques.
Une première alerte lui avait notamment fait renoncer à la Coupe du monde 1978. Le deuxième accident, survenu le 21 avril 1980 lors d’un entraînement, fut mortel. Ses obsèques ont été célébrées au cimetière de Saint-Jean-d’Illac. Le cercueil était porté par six joueurs, au premier rang desquels Alain Giresse et Bernard Lacombe.
Mort Shuman (Bordeaux)
« Papa-Tango-Charly » ou « Sorrow », chanson phare du film « À nous les petites Anglaises » dans les années 70 : tels sont les principaux succès français de Mort Shuman. Mais ce chanteur, auteur et compositeur né à Brooklyn de parents juifs polonais a surtout eu une carrière internationale, écrivant pour Elvis Presley ou adaptant « Amsterdam » de Jacques Brel pour Scott Walker et David Bowie.
Il meurt en 1991 à l’âge de 52 ans d’un cancer du foie et est enterré dans la banlieue de Londres. Sa dépouille a ensuite été transférée en France dans un caveau du cimetière des Pins Francs, à Bordeaux-Caudéran. C’est là que vivaient sa femme et sa belle-famille.
Henri de Toulouse-Lautrec (Verdelais)
Une petite taille (1,52 mètres) pour un grand peintre et dessinateur, issu d’une grande lignée. Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) appartenait à l’une des plus anciennes familles nobles de France, mais ce sont ses talents artistiques qui lui valent une reconnaissance encore intacte en 2024 : plus de 6 000 tableaux, lithographies ou dessins. carrefour de l’impressionnisme et de l’Art nouveau, comprenant de nombreux portraits féminins.
Alcoolique, syphilitique, affaibli par une maladie génétique, il meurt à seulement 36 ans au château de Malromé, où sa mère l’avait rapatrié après une crise d’apoplexie. Il est enterré à quelques kilomètres de là, au cimetière du Verdelais.
Flora Tristan (Bordeaux)
Journaliste, femme de lettres, militante, Flora Tristan (1803-1844) est une personnalité typique des bouleversements qui ont marqué la première moitié du XIXe siècle.e siècle. Orpheline de père, longtemps victime de violences conjugales, elle s’émancipe grâce à la lecture (Rousseau, Madame de Staël, etc.) avant de publier elle-même des textes dans lesquels elle prône l’émancipation de la classe ouvrière, l’internationalisme et l’égalité des sexes.
Engagée dans un tour de France destiné à promouvoir ses idées, elle meurt de la fièvre typhoïde alors qu’elle est à Bordeaux. Elle est enterrée au cimetière de la Chartreuse. Une plaque à sa mémoire sera ensuite posée rue des Bahutiers.
Related News :