La commune de Lacoste, nichée au cœur du massif forestier du Luberon, a gagné sa réputation de village le plus américanisé du Vaucluse. Étudiants, artistes et touristes d’outre-Atlantique fréquentent toute l’année cette petite ville pittoresque qui s’est bâtie une réputation internationale de haut lieu artistique sous le patronage de son plus fidèle résident Pierre Cardin et la présence de l’école d’art américaine. SCAD.
Et si d’habitude, la culture, les paysages bucoliques ou encore la gastronomie locale nourrissent les débats de ce microcosme du pays de l’Oncle Sam, depuis quelques jours, il s’agit bien du futur suffrage universel indirect pour la présidence des Etats-Unis. qui anime tous les échanges. Car si la date des élections est fixée au 5 novembre, l’avenir du pays s’écrit déjà en Provence.
Au moment où nous publions cet article, l’élection présidentielle est déjà lancée dans le village, depuis la mi-octobre, grâce au vote par correspondance adopté par 47 Etats de la fédération sur les 50 reconnus. Ce système permet aux électeurs d’envoyer leur bulletin de vote par courrier ou de se rendre tôt au bureau de vote.
A voté
« Une personne mandatée depuis les Etats-Unis tenait un bureau de vote, il y a quelques jours, au cœur du village, pour nous inciter à voter. Ces élections sont plus contestées que jamais et cruciales tant les enjeux sont importants », témoigne Melissa Richardson, peintre et designer originaire de l’État de Géorgie, actuellement en résidence dans l’un des ateliers du village. Un constat partagé par Dylan
originaire de Caroline du Sud et étudiant à l’école d’art : « Cela pourrait bien être l’une des élections les plus serrées de l’histoire américaine. Le climat politique est particulièrement tendu, avec des événements marquants comme une tentative d’assassinat contre Donald Trump, une désinformation massive, l’implication de stars et de grands patrons américains ou encore un changement climatique flagrant avec des ouragans frappant plusieurs États. De grandes questions concernant l’emploi, l’environnement ou la géopolitique sont sur la table. et les positions des candidats sur ces sujets divergent beaucoup ces derniers jours, c’est d’ailleurs notre principal sujet de conversation entre étudiants.
A l’inverse, pour les touristes de passage comme James
et Ashley
Couple de retraités du Texas, cette parenthèse en France se veut un exutoire, voire une évasion de tout le battage politique et médiatique qui anime leur pays autour de ce vote. « Ce voyage nous fait le plus grand bien car aux USA les débats se sont intensifiés et on ne parle que de ça. Cela ne nous empêche cependant pas de suivre ces élections de loin. Nos priorités sont l’économie et les droits des femmes et sur ce dernier point nous sommes encore en retard par rapport aux autres pays”, témoignent les vacanciers. « On a voté avant de partir et on pensait venir en France pour s’évader, mais finalement, même ici, les élections nous suivent », poursuit, plus loin, cet autre couple de la côte ouest, fraîchement arrivé en France. le pays de Cardin.
Un profond scepticisme
Enfin, si le vote des expatriés américains, au nombre de 3 000 000, a toute son importance dans ce scrutin (en 2000 George W. Bush avait par exemple remporté le vote de quelques centaines de voix sur Al Gore grâce notamment à son soutien des expatriés de l’État de Floride), tout le monde ne jouera pas forcément le jeu pour cette élection. » De manière générale, on note chez nous un profond scepticisme à l’égard du système politique. Pour Donald Trump, la question de la frontière est son sujet numéro un. Quant à Kamala Harris, c’est le pouvoir d’achat. Mais dans tout ça, la culture n’a pas sa place. Pire, les subventions pour soutenir les artistes seront supprimées, au nom de l’économie, quel que soit le candidat élu. C’est pour cela que cette année je n’ai pas voté. s’insurge Simon, cet étudiant en école d’art originaire d’Alabama. « De nombreuses promesses électorales ne sont jamais tenues. Aujourd’hui, tout n’est que communication et moins concret. Finalement, c’est comme la France», constate un autre artiste géorgien, basé à Lacoste et qui a lui aussi choisi de ne pas se rendre aux urnes pour cette raison. Les prénoms ont été volontairement modifiés, à la demande des interviewés, au fur et à mesure des enjeux. les enjeux de ces élections sont tellement Source de division.
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