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Face à la multiplication des catastrophes naturelles, l’Aude peut-elle devenir un « désert de l’assurance » ?

Changement climatique, multiplication des événements climatiques extrêmes, hausse des indemnisations : tels sont les trois éléments qui poussent les acteurs de l’indemnisation des catastrophes naturelles à tirer la sonnette d’alarme. Alors que se pose la question de la pérennité du régime Cat Nat créé en 1982, la crainte de voir certaines compagnies d’assurance déserter les zones à sinistres trop élevés est réelle. Avec des cas de refus déjà enregistrés dans l’Aude.

Cat Nat, un régime en danger

Un régime “essoufflé” : c’est ainsi que la sénatrice Christine Lavarde décrivait le dispositif d’indemnisation des catastrophes naturelles (Cat Nat) en mai 2024. Depuis, l’élu LR des Hauts-de-Seine a déposé une proposition de loi (PPL) destinée à assurer l’équilibre de l’alimentation. Adopté en commission des finances, le texte a également été adopté en séance par la chambre haute. Et l’urgence est réelle. Créé en 1982, le régime

financée par la surtaxe Cat Nat, extension de garantie obligatoire pour tous les contrats d’assurance dommages (multirisque habitation, tous risques automobile, locaux professionnels), est destinée à couvrir les risques naturels jugés non assurables par le seul secteur privé : inondations, tremblements de terre, cyclones et risque de retrait-gonflement des argiles (RGA). Au cœur du réacteur, la caisse centrale de réassurance, l’assureur des assureurs.
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Avec l’Observatoire de l’assurabilité, détecter « les phénomènes de sélection, de désengagement ou de départ des assureurs de certaines zones »Un CCR qui, dans un rapport d’octobre 2023, tire la sonnette d’alarme, pointant du doigt les effets du changement climatique. Avec la multiplication des événements extrêmes, entre sécheresses et inondations, les coûts d’indemnisation s’envolent. La cotisation annuelle Cat Nat avait permis de récolter 2 milliards d’euros en 2023 pour 111 millions de biens assurés : et pour le 7 e

fois en 8 ans depuis 2016, le coût lié au Cat Nat de l’année était supérieur aux primes perçues. Ainsi, le niveau des réserves de Cat Nat, estimé à 3 milliards d’euros fin 2021, se situait autour de 500 à 600 millions d’euros fin 2023.

Des assurances qui s’envolentLe 1 estEn janvier 2025, la majoration Cat Nat passera de 12 % à 20 % pour l’habitation et de 6 à 9 % pour l’auto : l’équivalent d’une majoration moyenne de 17 € pour un particulier pour l’assurance habitation, estime Assureurs. Un 1 estmesure prise pour renforcer les fonds du régime. Urgence, car sur les six premiers mois de 2024, le coût des pertes climatiques a augmenté de 20 % par rapport au 1 est

semestre 2023. Et le rapport du CCR décrit un avenir sombre, avec une hausse des sinistres de 40 % d’ici 2050, et 43 milliards d’euros à payer pour les seuls sinistres sécheresse entre 2020 et 2050 : tout simplement plus du triple du précédent. décennie (13,8 milliards sur 1989-2019). L’assurance se porte pourtant indéniablement bien : en 2023, l’ensemble des cotisations collectées (personnes, biens et responsabilité confondues) ont rapporté 252,8 milliards d’euros à la profession, avec en contrepartie des prestations estimées à 224,9 milliards. Un delta confortable de près de 30 milliards d’euros.
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Mais pas pour Cat Nat, qui représentait 0,8% des cotisations perçues mais 1,6% des prestations versées, avec 2 milliards de cotisations (+7,2%), mais 3,6 milliards de prestations (+38,3%). Un constat qui, outre l’augmentation de la surtaxe Cat Nat, a conduit les assureurs à préparer le terrain pour des augmentations globales des contrats, invoquant bien sûr le changement climatique, mais aussi l’augmentation du coût des réparations automobiles et l’envolée des coûts. matières premières pour la construction. Depuis septembre, les entreprises et cabinets spécialisés diffusent la douloureuse perspective d’une hausse des primes d’assurance automobile (4 à 6%), habitation (10 à 15%) et santé (5,5 à 8%) en 2025. pourra moduler en fonction des zones, et des risques Cat Nat qui les concernent. Lorsqu’ils ne choisissent pas de s’engager moins, voire de se retirer, des territoires à haut risque.

Un cas d’école à Carcassonne Le sujet, évoqué à Carcassonne le 29 septembre au conseil municipal, devrait également trouver place dans le prochain Journal de la Ville, avec le texte soumis par l’élue d’opposition Tamara Rivel. Son titre : « Quelle assurance pour les nouveaux habitants des quartiers inondables ? Une question posée à partir d’un cas d’école. Celui du refus formulé par une compagnie d’assurer une maison d’habitation, rue Achille-Mir, un axe touché par les inondations de 2018 et 2020. Motif avancé : des directives nationales exigeant la délivrance de seulement trois nouveaux contrats par an, en favorisant l’économie. secteur. Avec les bons conseils prodigués à un assuré assuré depuis 40 ans pour d’autres biens« Faites le tour des compagnies d’assurance et des banques pour voir si elles acceptent de vous couvrir »

. Tout simplement inacceptable pour l’élu qui, plan de prévention des risques inondation (PPRI) en main, rappelle le “logements concernés” à Carcassonne, citant les quartiers de Laprade (289 maisons) ou les secteurs de la Barbacane, de l’Ile, et des quais de l’Aude avant de poser une question : « Que deviendront ces quartiers si les nouveaux habitants ne peuvent s’y installer faute d’assurance ? Adjoint en charge de l’environnement, Arnaud Albarel confirme l’inquiétude, rappelant qu’en 2018, la Ville a dû longtemps batailler et contacter le préfet sur la question, obtenant durement la reconnaissance Cat Nat pour les éboulements de Grazailles. Mais l’élu sait bien que, depuis 2018, le problème s’est aggravé :

« Au minimum, les assureurs augmenteront leurs tarifs. Et on peut effectivement craindre qu’ils se retirent de certaines zones.»


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Quand le gouvernement Barnier « fait les poches » d’un Fonds Barnier si précieux pour l’Aude Une situation connue de l’État, dans un département où, depuis 1982, plus de 4 000 reconnaissances de catastrophe naturelle ont été accordées pour inondations ou RGA. Secrétaire générale de la préfecture, Lucie Roesch a précisé le 28 octobre que« Nous avons en effet bien identifié cette difficulté, à la fois à travers la commune de Carcassonne, mais également à travers les témoignages de particuliers faisant état de difficultés à s’assurer. Du côté de la préfecture, c’est une situation que nous avons signalée au ministère à plusieurs reprises ces dernières années, sans avancée concrète à ce jour à notre connaissance »

. Spécifier avoir“difficile d’identifier précisément le nombre d’individus concernés et leur localisation” le secrétaire général rappelle que, si l’Etat est là pour accompagner les individus et les collectivités en matière de prévention,« localement, elle n’a pas le pouvoir d’obliger les assureurs à assurer les particuliers » . Car un seul recours existe pour les particuliers privés d’assurance : s’adresser à la centrale des tarifications (BCT), un organisme peu connu, qui, a insisté le sénateur Lavarde, exige de prouver le refus lié à l’importance du risque Cat Nat. Un biais que l’élue LR veut contourner dans son PPL en intégrant un« présomption de refus en raison de l’exposition aux catastrophes naturelles, qui serait limitée aux zones les plus exposées » verser«permettre de rendre effectif le droit d’assurer ses biens»

. À suivre. En 2022, la BCT a été saisie pour six dossiers liés à des catastrophes naturelles, et 274 pour des ruptures de contrats automobiles… A suivre, en attendant aussi les enseignements de l’observatoire d’assurabilité confié par l’Etat au CCR.

Le retrait-gonflement des argiles, le coup de grâce ?

Depuis 1982, à l’échelle nationale, pour le régime Cat Nat, les inondations ont représenté 49 % des sinistres (hors automobile), la sécheresse 42 %. Sur les 10 dernières années, la tendance s’est largement inversée : 31% pour les inondations, 54% pour la sécheresse. Selon le ministère de la Transition écologique, 10,4 millions de maisons individuelles sont situées dans des zones d’exposition « moyenne ou forte » au phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA), avec une charge annuelle estimée en 2022 entre 2,4 et 2,9 milliards d’euros, plus plus d’un milliard entre 2017 et 2020 et 445 millions d’euros en moyenne depuis 1982.

Le CCR estime, dans son scénario « optimiste », que le système ne dégagera plus suffisamment de réserves pour couvrir les sinistres d’ici 2040, en raison notamment du coût du RGA. Et selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), une sécheresse comparable à celle de 2003 devrait survenir une année sur trois entre 2020 et 2050, une année sur deux entre 2050 et 2080, et deux années sur trois entre 2050 et 2080. 2080 et 2100. Tout sauf rassurant. Particulièrement pour l’Aude : selon le dossier départemental des risques majeurs (DDRM) publié par la préfecture fin 2023, 428 communes sont concernées par un aléa faible, moyen ou élevé pour le RGA. Et alors que, jusqu’à récemment, seulement 50 % des communes sollicitant la reconnaissance Cat Nat RGA étaient entendues par l’État, cette part devrait augmenter avec les récents assouplissements apportés, entre une ordonnance de 2023 et un décret d’avril 2024.

Le régime des catastrophes naturelles (Cat Nat) a été institué par la loi du 13 juillet 1982. Les compagnies d’assurance proposent et gèrent des contrats d’assurance, et elles sont réassurées auprès de la caisse centrale de réassurance (CCR), qui bénéficie elle-même d’une garantie totale de l’État. En contrepartie de cette garantie, la CCR verse à l’État environ 100 millions d’euros par an. La garantie de l’État n’a été activée qu’une seule fois, en 2000, en raison de la tempête de 1999.
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