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la est-elle à l’abri d’une telle catastrophe ?

Romain Rouillard / Photo credit: Pablo Miranzo / ANADOLU / Anadolu via AFP
19h30, le 1er novembre 2024

Depuis trois jours, l’Espagne panse ses plaies et pleure ses morts. La région de Valence a été le théâtre d’inondations dévastatrices et meurtrières qui ont coûté la vie à 205 personnes, selon un bilan encore provisoire, mais déjà glaçant. Aussi terrifiants sont ces montagnes de voitures entassées, ces sols couverts de boue et ces images de l’apocalypse qui véhiculent le désespoir et le chaos.

L’ampleur de la catastrophe a choqué bien au-delà des frontières espagnoles où il faut remonter à 1973 – lorsque les inondations ont causé la mort de 300 personnes – pour retrouver la moindre trace d’une telle catastrophe. Il faut dire que la région de Valencia est particulièrement sujette aux dégâts en cas de phénomène météorologique extrême. Les sols y sont extrêmement secs et artificiels – conséquences de l’étalement urbain – et la ville de Valence, peuplée de quelque 800 000 habitants, est située au fond d’une vallée. Vulnérabilité supplémentaire au risque de ruissellement des eaux.

« Autour de Nice, cela pourrait tout à fait être imaginable »

Autant de caractéristiques que la troisième ville d’Espagne partage avec plusieurs communes françaises. Sur le pourtour méditerranéen, le volume limité des précipitations lié à une urbanisation galopante pose une question majeure : la peut-elle un jour subir ce que Valence a subi cette semaine ?

Pour François Gemenne, climatologue et co-auteur de la sixième partie du rapport du GIEC, la France est loin d’être à l’abri. « Autour de Nice par exemple ou dans d’autres villes environnantes, cela pourrait tout à fait être imaginable. Il existe de nombreuses zones très bétonnées où un phénomène de ruissellement est possible ». D’autant que cette goutte froide, à l’origine de ces torrents de pluie, s’est déplacée vers l’Espagne depuis… la France.

Les inondations qui ont plongé l’Ardèche dans le chaos il y a 15 jours ont été provoquées par le même phénomène météorologique qui sévissait alors dans la région de Valence. Des phénomènes susceptibles de se produire plus fréquemment et plus intensément en raison du réchauffement climatique.

Pourtant, en France, malgré les dégâts matériels colossaux, aucun décès n’a été enregistré. Miraculeux, mais pas forcément inexplicable. « A Valence, les gens n’étaient pas correctement prévenus », souligne François Gemenne. Si l’agence météorologique nationale avait effectivement lancé une alerte rouge lundi, le système d’alerte – sous forme de message accompagné d’une sonnerie stridente sur les téléphones – n’a été déployé que mardi à 20 heures alors que la montée des eaux submergeait déjà des quartiers entiers. . En conséquence, de nombreux habitants se trouvaient à l’extérieur et se sont retrouvés coincés lorsque la situation est devenue incontrôlable.

Un système de prévision plus efficace en France ?

Lors du dernier épisode similaire en France, le travail de prévention s’est révélé bien plus efficace. Le système de vigilance graduée allant du jaune au rouge est généralement bien respecté et permet, dans la majorité des cas, d’éviter une telle catastrophe humaine. « En cas de vigilance rouge, tout est géré au niveau ministériel et les consignes sont strictes », indique Patrick Marlière, prévisionniste à Agate-Météo.

« Il existe également des systèmes de pré-alerte. Les communes ont par exemple la possibilité d’être alertées en cas d’impact de foudre dans un rayon de 20 km. […] Lorsque des événements majeurs sont en vue, les assureurs peuvent contacter en amont les personnes concernées », ajoute-t-il. Autant de mesures qui, jusqu’à présent, ont épargné la France.

Mais rien n’est infaillible, tempère François Gemenne. « Il peut y avoir des échecs. Certaines personnes n’ont pas été prévenues lors des inondations en Ardèche. Des dysfonctionnements qui ne sont donc « pas à exclure » et dont l’ampleur peut s’avérer inattendue.

 
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