« Les conditions de travail sont déplorables pour les agents mais aussi pour les usagers. Sur les 130 sites du département, plusieurs ne sont pas connectés à internet, parfois il n’y a pas d’ordinateurs et certains locaux sont insalubres. déplore Haoussi Boinahedja, délégué syndical CGT. Depuis lundi 28 octobre, près d’un millier d’agents du conseil départemental de Mayotte ont lancé un mouvement de grève “illimité”.
Ils demandent « mesures visant à garantir des conditions optimales de santé, d’hygiène et de sécurité dans les locaux », « outils de travail fonctionnels » ainsi que « la construction d’une cité administrative, à Coconi, au centre de l’île », pour raccourcir les déplacements des agents éloignés de Mamoudzou, qui passent “près de six heures de route chaque jour, à cause des embouteillages.”
Les grévistes contestent également la délibération qui vise à supprimer les jours fériés des fêtes mahoraises afin que les agents atteignent le quota légal de 1.607 heures travaillées annuellement. « Nous sommes obligés de travailler pendant les fêtes musulmanes mais pas le 1er novembre par exemple. A Mayotte, la grande majorité de la population (95% musulmane, NDLR) n’a pas besoin d’un 1er novembre férié. Le Département ne prend pas en compte les spécificités locales et culturelles du territoire », estime Haussi Boinahedja.
Lire aussi : « La consommation continue d’augmenter » : Mayotte va encore manquer d’eau cette année
« Le mouvement va monter jusqu’à un crescendo »
Selon Maymounati Moussa Ahamadi, conseiller départemental, c’est cette délibération qui a mis le feu aux poudres. Pour se faire entendre, les agents grévistes ont décidé de perturber les rotations de la barge, qui relie la Grande-Terre à la Petite-Terre, notamment en bloquant la billetterie pour rendre les trajets gratuits. « Le mouvement va monter en crescendo, assure le représentant syndical. Les négociations sont au point mort. A partir de la semaine prochaine, l’économie sera vraiment impactée, il n’y aura plus de passages, sauf urgence”, menace le délégué syndical.
Depuis près d’une semaine, tous les services du Département sont également impactés. « Les centres de protection maternelle et infantile sont quasiment incapables de fonctionner car la plupart des agents sont en grève. » Des centres qui accueillent les mères et les enfants de 0 à 6 ans dans une zone qui compte plus de 10 000 naissances par an. “Tous les services impliqués dans l’hygiène et la sécurité sont également perturbés.” énumère Haoussi Boinahedja.
« Apporter une vision pour le territoire »
Pour les élus, il s’agit donc « Il est important de remettre les agents au travail. Nous avons besoin d’une administration efficace. Je comprends le mouvement, il faut écouter les agents mais les réponses ne peuvent pas être apportées immédiatement, il faut les étaler dans le temps », souligne Maymounati Moussa Ahamadi. Pour apaiser les tensions, le conseiller départemental estime également nécessaire de mettre en place « une planification de projet pour donner de la visibilité et du sens ».
« Dans le cadre des projets de loi de Mayotte, nous avons rédigé 120 propositions. Parmi eux, 90 ne nécessitent pas de modification législative. Nous pouvons d’ores et déjà mettre en place les actions les plus accessibles pour rassurer les agents et la population mahoraise, qui perdent espoir. précise le rapporteur de la loi de Mayotte. Selon elle, certaines mesures économiques pourraient être accélérées, pour élargir l’offre de formation par exemple ou favoriser l’insertion des 60% de jeunes de moins de 20 ans qui composent la population mahoraise. « Il faut développer l’économie locale mais surtout donner une vision », souligne-t-elle.
Related News :