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“Les patients fuient vers d’autres établissements”

Le Centre Hospitalier Ariège Couserans (CHAC) dessert une population de plus de 30 000 habitants. La Chambre régionale Occitanie s’est penchée sur sa santé financière.

La Chambre régionale a procédé à un audit approfondi des comptes et de la gestion du Centre Hospitalier Ariège Couserans (CHAC) pour les exercices 2017 et suivants. Ce contrôle portait sur différents aspects, parmi lesquels l’offre de soins, l’activité, la gouvernance, la stratégie, la fiabilité des comptes et la situation financière de l’établissement.

Offre de soins inadéquate

L’ACCS, situé dans une région rurale isolée, dessert une population de plus de 30 000 résidents, dont la majorité sont vieillissants. L’établissement propose des services variés tels que la psychiatrie, la médecine, la chirurgie, l’obstétrique, la gériatrie et les soins de réadaptation. Elle fait cependant face à des taux de recours aux soins hospitaliers parmi les plus faibles de la région Occitanie. Malgré l’absence de concurrence directe, les patients fuient vers d’autres établissements, ce qui entraîne une sous-activité coûteuse.

L’hôpital a tenté de maintenir une large gamme de soins, mais cela semble incompatible avec une nécessaire réorientation stratégique pour répondre aux besoins spécifiques de la population. Les taux d’occupation des lits restent modestes, inférieurs aux normes nationales, et les installations, notamment les salles d’opération, sont sous-utilisées. En 2022, l’ACCS a enregistré en moyenne un peu plus d’une naissance par mois, soit une baisse significative par rapport à 2022, où 160 naissances avaient eu lieu. En chirurgie, les deux blocs opératoires actifs n’ont enregistré qu’un taux d’occupation de 76 %, bien en deçà des 85 % recommandés.

De plus, l’établissement ne semble pas avoir développé d’opportunités dans des domaines clés comme la gériatrie et la psychiatrie, pourtant vitaux pour ses patients. La psychiatrie, bien que principale activité de l’ACCS, n’est pas suffisamment intégrée à la stratégie globale de l’établissement.

Une situation financière préoccupante

La stratégie actuelle de l’ACCS semble non seulement non viable, mais également critique sur le plan financier. L’établissement est confronté à un manque de fonds de roulement, ne permettant pas de payer ses dettes fiscales et sociales dans les délais impartis. Le chiffre d’affaires, déjà faible en raison d’une activité insuffisante, est également impacté par la qualité du codage des procédures et de la facturation.

Ces quatre dernières années, la psychiatrie a généré plus de 10,5 millions d’euros d’excédents, finançant des activités déficitaires, notamment l’hospitalisation générale et l’obstétrique. Malgré le soutien accru de l’Agence régionale de santé (ARS), le déficit apparent a dépassé les 20 millions d’euros en 2022. Ce chiffre pourrait cependant être sous-estimé en raison d’une dépréciation incorrecte des actifs et d’un manque de provisions.

Nécessité d’une réflexion stratégique

Face à cette situation, il est impératif que l’ACCS repense son modèle stratégique en fonction des besoins réels de sa population. L’option d’un groupement hospitalier régional aurait pu permettre une meilleure structuration de l’offre de soins, mais elle n’a pas été réalisée. Les modalités de gouvernance actuelles n’ont pas favorisé cette réflexion, l’établissement étant déstructuré depuis plusieurs années. Une éventuelle fusion entre le CHAC et le CHIVA pourrait constituer une solution viable, permettant de créer un établissement hospitalier départemental unique. Cette fusion, accompagnée d’une collaboration avec d’autres établissements comme ceux d’Ax-les-Thermes et de Tarascon-sur-Ariège, pourrait permettre de structurer une offre de soins plus adaptée aux besoins des habitants de la région.

Le Centre Hospitalier Ariège Couserans se trouve à un tournant crucial. Les défis auxquels il est confronté, tant en termes de soins de santé que de situation financière, nécessitent une action immédiate et réfléchie. Un repositionnement stratégique et une éventuelle fusion avec d’autres établissements pourraient offrir une solution pour garantir la pérennité de l’hôpital et améliorer la qualité des soins offerts à la population.

 
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